Pascal COLLET
Nous lisons dans le deuxième livre de Samuel, au chapitre cinq, les versets 17 à 25.
Nous avons ici deux stratégies complètement différentes appliquées pourtant au même adversaire, et ce, de la part de Dieu. C’est Lui en effet qui indique le « comment faire ». À combien plus forte raison devant des adversaires différents cette fois-ci, qu’il faut d’abord reconnaître. Parmi les adversaires du chrétien, arrêtons-nous ce matin sur la chair, et faisons une seconde lecture dans l’épître aux Romains, au chapitre sept, le verset 14. Ce constat,, « je suis charnel », eet celui de tout être humain reconnaissant qu’il a une nature mauvaise. C’est par nature que nous sommes tous des enfants de colère. Cette nature, nous l’appelons quelques fois dans nos milieux chrétiens la vieille nature, probablement pour signifier qu’il en est une autre, nouvelle, divine, à laquelle nous avons été rendu participants. Toutefois, cette vieille nature va tenter de regagner le terrain perdu, et quelquefois elle semble y parvenir. Lisons dans la première épître aux Corinthiens, au chapitre trois, le verset trois. « Vous êtes charnels » ! C’est un constat que Paul faisait à partir de ce qu’il voyait ou entendait des Corinthiens. Pas de doute à avoir : leur comportement ne pouvait pas être inspiré par la nature divine ; il l’était donc par la vieille nature, la chair. Nous en avons une description incomplète mais cependant suffisante pour pouvoir nous situer exactement, dans l’épître aux Galates, au chapitre cinq, les versets 19 à 21.
Et là, soit par inadvertance, soit par ignorance, ou aussi par volonté de brouiller les pistes, un vocabulaire inexact peut nous tromper. J’ai entendu parler d’un esprit d’endormissement qui aurait expliqué pourquoi des chrétiens s’endormaient pendant une prédication. La Bible est muette sur cet esprit, et l’invocation du don de discerner les esprits ne nous semble pas suffisante pour en inventer ! La somnolence a ses raisons, quelquefois pratiques, sans qu’il soit besoin d’y voir l’oeuvre d’un esprit mauvais. J’ai aussi entendu parler d’un esprit de gloutonnerie. Or, le texte lu à l’instant est clair : les excès de table sont des oeuvres produites par la vieille nature, et non par un mauvais esprit. J’ai encore entendu parler d’un esprit de colère, et là encore, le texte biblique lu nous indique que les querelles, les animosités, les disputes sont des oeuvres de la chair. Les esprits mauvais sont une réalité suffisamment effrayante pour qu’ils ne soient pas besoins d’en rajouter jusqu’à en être quelquefois obnubilé.
Il y a bien des esprits méchants qui sont à l’oeuvre. Pourtant, après examen approfondi, il me semble que la Bible rend davantage témoignage à la méchanceté humaine, qu’à la méchanceté des esprits méchants. Par Jérémie le prophète, Dieu nous rappelle qu’Il connaît le coeur humain, et que ce coeur est méchant (17/9). Le livre des Proverbes décrit le méchant, sans qu’il soit besoin de soupçonner l’oeuvre de quelque esprit. Le coeur humain peut être un abîme de méchanceté. Le roi Hérode Agrippa premier est mentionné dans le livre des Actes en son chapitre 12 comme maltraitant des membres de l’église, faisant mourir par l’épée Jacques frère de Jean, et faisant arrêter Pierre. Pour quelle raison ? « Voyant que cela était agréable aux juifs ». Voilà le coeur humain, non pas dans toute sa splendeur, mais plutôt dans toute sa laideur et son inconsistance : pour soigner sa côte de popularité parmi le peuple juif, ce roi s’en prend à l’église. Voilà la méchanceté du coeur de l’homme.
Lorsque que dans l’épître aux Ephésiens (4/31), Paul demande que toute amertume, toute animosité, toute colère, toute clameur, toute calomnie, et toute espèce de méchanceté disparaisse du milieu de l’église, il n’envisage pas que ces comportements soient liés à des esprits méchants. Ils sont plutôt l’émanation du vieil homme mentionné quelques versets auparavant, dont les chrétiens sont appelés à se dépouiller afin de revêtir l’homme nouveau.
L’ignorance donc, peut conduire le chrétien sur des fausses pistes. Mais l’ignorance n’est pas seule en cause : n’est-il pas arrangeant en effet de faire de « l’autre » le responsable de notre conduite ? Depuis Éden où l’homme va incriminer la femme qui va elle-même incriminer le serpent, cette stratégie fonctionne couramment. Dire : « c’est l’esprit de colère » revient donc à dire: » ce n’est pas moi ». Rappelez-vous les textes lus il y a quelques instants : « je suis charnel », « vous êtes charnels ». Le recours à quelque esprit nous permet d’éviter ce constat gênant, mais en l ‘évitant, nous manquons aussi la vraie solution divine adaptée à notre adversaire. Beaucoup de chrétiens courent sans cesse après la délivrance, et ils sont à intervalles réguliers « délivrés », et ce de multiples fois. Toutefois, ils ne changent pas ! Il y a donc là une réelle anomalie qui provient souvent du fait que nous n’avons pas voulu poser le bon diagnostic, et avons préféré partir dans des voies de garage.
En ce qui concerne la vieille nature, le « comment faire » de Dieu nous ramène à la croix. Le premier est plus important message de la croix est le suivant : Jésus est mort pour moi. Le second message de la croix est le suivant : je suis mort avec Jésus sur la croix. Lisons les textes suivants :Galates 2/20; 5/24.
L’esprit de la croix est au coeur de ce jugement vrai que nous portons sur notre comportement en confessant les oeuvres mauvaises de la vieille nature. L’esprit de la croix imprègne la confession que nous en faisons, comme le désir exprimé à Dieu de vivre autre chose, comme aussi la proclamation des vérités bibliques dont celle qui nous enseigne que nous ne sommes plus redevables à la chair pour vivre selon elle. C’est un langage spirituellement viril mais aussi un langage de liberté que l’apôtre emploie lorsqu’il nous invite, par le Saint Esprit, à faire mourir les manifestations de la vieille nature (Rom 8/13; Col 3/5-8). La croix !
Dans cette démarche, nous vivons alors la grâce de Dieu, le secours de l’Esprit Saint, et la victoire de la transformation à l’image de Jésus-Christ.