Pascal COLLET
Nous lisons ce matin dans le livre de Ruth, au chapitre premier, les versets 1,6 et 22, et au chapitre deux le verset premier.
Boaz était donc un riche Béthléemite, parent de Naomi. Sa personnalité est riche : il était pieux, courtois, bon, pré venant, bienveillant et droit. Mais ce qui nous arrête ce matin, c’est que c’est un homme scrupuleux avec la Parole de Dieu. Nous le reconnaissons à l’usage qu’il fait de quelques droits qui étaient codifiés dans la loi : le droit des pauvres, l’accueil de l’étranger, et bien sûr le droit de rachat. À cette époque, bien peu s’en souciait ! La civilisation cananéenne, plus brillante mais plus corrompue avait marqué le peuple d’Israël de son empreinte. La foi avait été « réinventée », et il n’y avait plus guère de place pour ces « vieilles prescriptions »…nous sommes, ne l’oublions pas, au temps des juges. Boaz, scrupuleux avec ces prescriptions divines, nous fait penser à l’arbre du Psaume premier: l’homme qui trouve son plaisir dans la loi de l’Eternel, est comparé à un arbre planté près d’un courant d’eau, qui donne son fruit en sa saison, et dont le feuillage ne se flétrit pas. Notre rapport à la Parole de Dieu, fait d’obéissance a aujourd’hui encore ces effets : l’obéissance ne fait pas de nous des gens névrosés, déprimés, mais de beaux arbres qui donnent envie ! Il faut d’autant plus le souligner, que ni Boaz, ni nous, ne sommes dans un temps où la Parole de Dieu serait mise à l’honneur, et où obéir serait facile ! Soyons encouragés par son exemple.
Allons maintenant au chapitre quatre, et lisons tout d’abord le verset premier. Le second portrait est celui de » un tel » ! C’est ainsi qu’il est connu dans ce récit. Avant d’aller plus loin, rappelons que deux lois sont liées à cette histoire : d’abord celle prévoyant que tout Israélite ayant été contraint de vendre sa propriété, pourrait la racheter ou à défaut l’un de ses proches parents ; ensuite celle prévoyant qu’une veuve restée sans enfants devienne la femme du frère de son défunt mari afin d’enfanter et de perpétuer la famille. Donc, « un tel » est le plus proche parent de Naomi. Reprenons maintenant la lecture, du verset premier au verset six. Le grand étonnement, c’est que le nom de cet homme n’est pas cité. Or, dans la tradition hébraïque, le nom est très important : le nom, c’est la personne. Son nom n’est pas cité : son nom est retranché d’Israël. Pour quelle raison ? « Un tel » voulait bien de la terre, mais pas de Ruth. Car si un fils lui naissait, le champ lui reviendrait, diminuant la propre succession d' »un tel » à ses autres fils. Cette occasion révèle donc son caractère calculateur, un coeur tortueux. C’est vraiment l’anti-Boaz ! Mais ce « un tel » n’est que le représentant d’une grande famille: lisez par exemple dans l’Évangile de Jean au chapitre six et au verset 26, et dans l’épître aux Romains, au chapitre 16 et au verset 18. Entre ceux qui calculent les avantages de la foi, ceux qui se servent du Seigneur au lieu de Le servir, et tous ceux qui veulent bien le suivre mais » pas trop », ça peut faire beaucoup de monde ! À l’inverse, nous nous souvenons avec émotion de Marie, qui prend une livre d’un parfum de nard pur de grand prix pour en oindre les pieds de Jésus. Elle ne demande rien, elle ne s’attend à rien, elle n’est pas poussée par ses besoins, mais elle est remplie d’un amour pur pour Jésus.Ah, grand est le besoin d’une révélation plus complète de Sa personne,d’un grand amour désintéressé.
Enfin, arrêtons-nous quelques instants sur Ruth. Elle a aussi une magnifique et riche personnalité : nous y trouverons de la soumission, de l’initiative, de l’humilité, de la bonté, de la foi, de la modestie, de la diligence, de l’obéissance. Mais la première marque de sa vie est sans aucun doute sa détermination. Relisons au chapitre premier, les versets huit à 10. Naomi a beaucoup insisté auprès de ses deux belles-filles pour qu’elles ne la suivent pas. Cette insistance aura valeur de révélation quant aux dispositions profondes des coeurs: Orpa s’en sépara, pas Ruth. Quel magnifique déclaration de détermination et de loyauté dans les versets 16et 17 !
On peut parler de pression de Naomi ; un peu comme le pasteur fidèle qui souhaite légitimement s’assurer de la réalité d’une conversion ! Au départ, comment reconnaître un élan réel mais reposant sur l’émotion, ou sur le sens du devoir, ou sur une autre raison, d’un engagement de coeur, réfléchi, ferme et définitif ? Cette attitude de Naomi nous rappelle l’attitude de Jésus lui-même quand, après que plusieurs de ses disciples se soient retirés, il dit aux 12 : « et vous, ne voulez-vous pas aussi vous en aller ? » Jésus ne veut pas nous encourager à nous retirer, mais bien sonder nos coeurs afin de les affermir dans une saine détermination. Jésus n’a jamais voulu susciter un enthousiasme facile, Il n’a jamais cédé à la tentation de prêcher un évangile « allégé », non, le Seigneur vaut mieux que ça. Il nous a demandé de faire des disciples, pas seulement des bénéficiaires de la grâce, des consommateurs de celle-ci, ou des drogués au « son et lumière » évangélique. Dans la parabole du semeur, Il met en scène un coeur qui reçoit la parole avec joie, mais qui n’a pas de racines en lui-même, qui manque de persistance, de telle sorte que dès que survient une tribulation à cause de la Parole, ce coeur y trouve une occasion de chute.En règle générale, le monde évangélique occidental souffre cruellement de ces conversions superficielles, et des défections dont elles sont suivies. Nous sommes alors loin de la grande mission donnée par Jésus de faire des disciples!
Nous avons aussi nos tests : déceptions, contrariétés, et bien sûr l’épreuve de la foi. Le disciple n’abandonne pas facilement, il abandonne même pas du tout ! Comme Paul, envers et contre tout, saisi par Jésus-Christ, il court vers le but pour remporter le prix de la vocation céleste de Dieu en Jésus-Christ.
« Jusqu’au bout , je veux te suivre, dans les bons les mauvais jours, à toi pour mourir et vivre, à toi, Jésus pour toujours ».