Pascal COLLET
Nous lisons dans le livre du prophète Esaïe,au chapitre 42, les trois premiers versets.
Le grand serviteur Jésus, n’éteindra donc pas la mèche fumante, ou qui brûle encore, ou selon Matthieu qui reprend ce texte dans son évangile, le lumignon qui fume encore. La flamme a donc été allumée, mais elle s’est éteinte. Il y a eu de la lumière, de la chaleur, mais il n’y en a plus. À quelles situations spirituelles ce texte peut-il nous faire penser ?
Il y a eu de la ferveur d’esprit, mais il n’y en a plus ; il y a eu une sainte passion pour Jésus, mais il n’y en a plus ; il y a eu un réel amour pour les perdus, mais il n’y en a plus ; il y a eu une réelle consécration, mais il n’y en a plus ; il y a eu un rayonnement dans le témoignage lorsque Christ était clairement vu, mais il n’y en a plus ; il y a eu des désirs, une soif des choses de Dieu nous portant vers la Bible, la prière, les rassemblements de l’église entière, mais il n’y en a plus ; il y a eu la vie, il n’y a plus qu’une forme routinière. Lorsque nous disons de quelqu’un qu’il est éteint, nous disons qu’il est sans force, sans éclat, sans expression.
Pourquoi la flamme s’est-elle éteinte ?
Pour répondre à cette question, reportons-nous en pensée au début du livre de l’Apocalypse,, où nous voyons Jésus au milieu des sept chandeliers qui sont les sept églises locales. Il est plus que probable qu’Il y officie comme le grand prêtre qu’il est, cherchant à maintenir ou à rallumer la flamme de Ses églises. Cette situation nous ramène elle-même à quelques textes de l’Ancien Testament qui concernent le chandelier d’or du lieu saint du tabernacle : Lévitique 24/1-4 ; Exode 25/38 ; Nombres 4/9. En rapport avec l’entretien du chandelier, il y avait donc des vases à huile puisqu’il faut bien un combustible. Nous nous souvenons que le nouveau testament nous invite à être rempli du Saint Esprit ( Ep 5/18), ou, si nous le disions pour mieux faire ressortir la continuité de cette demande, à être toujours en train d’être rempli du Saint Esprit. Ceci pour dire que la vie spirituelle ne peut pas se borner à l’expérience du baptême dans l’esprit, ou à quelque visitation si précieuse soit-elle. Il y avait aussi des mouchettes en rapport avec le chandelier d’or. Moucher une chandelle, c’est en raccourcir la mèche pour un meilleur éclairage. Et il y avait enfin des vases à cendres, que nous pourrions peut-être appeler des cendriers. Ceux ci évoquent le besoin de nettoyage, d’évacuation. L’accumulation des cendres pouvait être une cause d’étouffement de la flamme. C’était une tâche à accomplir ! Elle faisait aussi partie de l’entretien des lampes.
La question qui se pose à nous est la suivante : tout ce qui doit être évacué de nos coeurs et de nos vies l’a-t-il été ? Certains faits mauvais peuvent être commis à un moment donné ; certaines paroles mauvaises peuvent être prononcées ; certains choix mauvais peuvent être faits, toujours à un moment donné. Ce n’est déjà pas favorable à la piété et à la vie spirituelle. Mais il y a toutefois une différence entre un moment donné, et une installation dans le temps. Alors, non seulement la communion avec Dieu est atteinte, mais la manière de voir la vie chrétienne devient faussée, car ces choses mauvaises qui n’ont pas été évacuées font maintenant partie de nous. Forcément, elles déforment la saine vision.
Que signifie les mots suivants que l’on trouve dans la Bible : ôter, enlever, rejeter, ou encore, hors d’ici ? Ces mots signifient qu’il y a eu quelque chose de mauvais à un moment donné, mais que cette chose n’est plus parce qu’elle a été enlevée, évacuée… comme les cendres du chandelier devaient l’être.
Lisons maintenant le texte qui se trouve dans le premier livre de Samuel, au chapitre sept, les huit premiers versets. La première chose que nous pouvons mentionner et qui représente une vraie douleur, c’est qu’il est possible de vivre anormalement au plan spirituel pendant longtemps : 20 ans ici. En 20 ans, bien des choses mauvaises se sont accumulées dans la vie du peuple, ce qui explique son état d’extrême faiblesse en ce temps-là. Puis, un besoin a été ressenti, qui a amené la maison d’Israël à pousser des gémissements vers Dieu. Dieu avait alors par le prophète Samuel une réponse, et cette réponse était d’ôter du milieu d’eux ce qui devait l’être. Des choses mauvaises, des attitudes mauvaises s’étaient donc installées, hélas, mais le temps était venu de les évacuer.
Le temps ne rend pas blanc ce qui est noir. Seul, le sang de Jésus a le pouvoir de purifier ceux qui marchent dans la lumière de Dieu. Mais pourquoi alors pouvons-nous nous tromper avec le temps qui passe ? Parce que le temps qui passe atténue les choses : l’animosité diminue avec le temps ; la culpabilité elle-même peut s’estomper au fil du temps. Et voilà que nous pourrions en tirer l’illusion que tout va bien, ou que tout ne va pas si mal. Mais en réalité, pour Dieu, rien n’a été réglé. « Atténué » n’est pas « enlevé ». Notre vision de la marche avec Dieu est que nous avons besoin du pardon de Dieu, de Sa purification, qui correspond à notre confession des choses et à leur abandon. C’est notre vase a cendres à nous…
Que Jésus n’éteigne pas le lumignon qui fume encore est une preuve de sa grande patience envers nous. C’est un fait digne de reconnaissance. Mais nous ne pouvons pas nous contenter de cela : il faut que ce lumignon soit rallumé. Dieu veut que la flamme soit claire et forte. Évacuons de nos coeurs et de nos vies tout ce qui a pu s’accumuler au fil du temps. Nettoyons la place, et allons à Jésus dont il est dit littéralement après les versets lus en introduction qu’il ne sera lui, ni éteint, ni froissé ! Il est maintenant dans le ciel, grand prêtre établi non pas d’après une loi humaine, mais selon la puissance d’une vie impérissable. Évacuons nos cendres, et laissons-nous toucher par Jésus.