Un jour pour cesser…

nous lisons dans le livre de la genèse, au chapitre deux, les trois premiers versets.

Le mot traduit par « se reposa » signifie littéralement « cessa ». Ce mot a donné le mot sabbat . La pensée n’est donc pas de se reposer suite à une fatigue engendrée par le travail de la création, mais c’est celle de la cessation de l’activité, voulue donc par Dieu dans l’ordre de la création, pour dire que ce n’est pas un phénomène culturel. Plus tard, la loi de Moïse institua le sabbat pour le peuple juif. Des siècles après,  Jésus devra rappeler l’un des sens oublié de l’institution du sabbat, en disant qu’il a été fait pour l’homme et non l’homme pour le sabbat ( Marc 2/27). Pour l’homme, c’est-à-dire pour son bénéfice, pour son bien. Arrive la nouvelle alliance : Christ crucifié passe le sabbat dans le tombeau, et ressuscite le premier jour de la semaine : Jean 20/1; 19. C’est en l’honneur de ce haut fait incomparable que les disciples juifs célèbreront Dieu dès lors pour sa victoire en ce jour ( Act 20/7). Nous avons là un jour nouveau, pour un peuple nouveau appartenant à une création de nouvelle. L’épître aux Colossiens précise bien que tout doit maintenant être évaluée par rapport à Christ : les fêtes, les nouvelles lunes, les sabbats appartiennent à l’ombre des choses, mais la lumière est venue, et maintenant pour nous la réalité est en Christ ( 2/16-17). Et cette réalité qui est en Christ fait que le premier repos, le plus important, c’est celui de la foi selon l’enseignement du chapitre quatre de l’épître aux Hébreux. Il nous faut entrer dans ce repos par la foi et l’obéissance au Christ ressuscité.

Il n’en demeure pas moins que, avant la loi, Dieu a mis à part un jour pour « cesser ». Pendant longtemps, les seuls travailleurs du dimanche étaient pour l’essentiel,ceux qui travaillaient dans les domaines de la sécurité et de la santé (policiers, pompiers, infirmiers, médecin etc.). Depuis quelques jours à l’assemblée nationale, les députés que nous avons élus examinent plusieurs projets de loi dont l’un,portant sur l’autorisation à certaines conditions du travail 12 dimanches par an. On nous parle de croissance alors que nous sommes en crise économique, du commerce qui nourrit la croissance, de la liberté de consommer pour les touristes et les autres tous les jours, et en général, on achève les reportages par le témoignage d’employés volontaires pour travailler le dimanche avec l’argument massue, celui auquel il n’y a plus rien à rajouter : ils seront payés plus chers en travaillant le dimanche.

Une fois n’est pas coutume, il vaut la peine ici et maintenant de partager quelques expériences. Tout d’abord, celle de ce pionnier américain qui comme beaucoup d’autres s’est engagé à la tête d’une caravane dans des régions désertiques en direction de la côte ouest. Étant un chrétien convaincu, il  cessa la marche le dimanche pour laisser paître les chevaux, et se consacrer avec les siens à la lecture de la Bible et à la louange. Une partie de la caravane décida de poursuivre la route afin d’arriver plus vite au but, tout en ironisant sur la façon d’agir des chrétiens. Or il se trouve que ceux-ci, après avoir effectivement pris du retard au début du voyage, et tout en continuant à « cesser » le dimanche, prirent l’avantage au bout de quelques semaines sur ceux qui voulaient pourtant arriver plus vite au but. Au bout du compte, les chrétiens arrivèrent au but deux semaines avant les autres, en excellent état physique tant pour les hommes que pour les bêtes, tandis que les compagnons du départ arrivèrent en ayant perdu des chevaux en cours de route, et littéralement exténués. Dieu serait-il plus sage que l’être humain???

Un patron chrétien américain travaillant dans la restauration a décidé d’honorer Dieu en cessant son travail le dimanche afin d’y servir fidèlement le Seigneur dans son église locale. Dans la restauration, le meilleur jour de la semaine était le dimanche…. Quand ce chrétien décéda en septembre 2014, sa chaîne de restaurants était une des plus importantes des États-Unis avec un chiffre d’affaire annuel supérieure à 5 milliards de dollars !

Quelques expériences pour les étudiants : ils doivent s’entendre dire : « tu ne réussiras pas si tu ne travailles pas le dimanche ». C’est ce qu’avait entendu un jeune homme désireux de reprendre sa scolarité par correspondance après avoir dû l’interrompre très jeune. Cela représentait beaucoup d’efforts pour lui, mais il était résolu de consacrer le dimanche au Seigneur à l’église et au repos. Trois ans plus tard, les étudiants reçurent leur diplôme, et il n’était que deux  à l’avoir avec les félicitations du jury, L’un d’eux étant ce jeune chrétien dont Dieu avait renouvelé les forces et l’intelligence.

Le champion Eric Lidell  était un chrétien écossais engagé. Il préparait  le 100 m, sa distance de prédilection pour les jeux olympiques de Paris en 1924. Son entraîneur vint quelque temps avant le prévenir que les éliminatoires du 100 m auraient lieu le dimanche 6 juillet. Sans hésiter, ce jeune chrétien décida alors de ne pas courir cette distance dont il était l’un des grands favoris. Il eut à faire face à une critique sévère qui alla jusqu’à l’accuser d’un comportement antique patriotique. Passant outre, il s’inscrivit sur deux autres distances dont le 400 m qui n’étaient pourtant pas sa spécialité. Et finalement, contre toute attente il remporta le titre olympique sur cette distance, mais sans jamais avoir cédé sur sa résolution première.

Ce point d’enseignement biblique comme plusieurs autres nous invitent à voir plus loin. C’est du reste de façon très étonnante la leçon qui fut administrée à un cultivateur incroyant écrivant au rédacteur d’un journal non chrétien par ce rédacteur qui n’était pas chrétien non plus. Le cultivateur avait écrit : « j’ai un champ de blé que j’ai labouré le dimanche, je l’ai aussi ensemencé le dimanche, je ne m’en suis occupé que le dimanche, j’en ai fait la récolte le dimanche et c’est aussi un dimanche que j’ai rentré celle-ci dans le grenier. Ce qui est bien, c’est que j’ai plus de blé que la quantité moissonnée par mon voisin pendant le même mois ». Le rédacteur lui renvoya son commentaire : « Dieu ne règle pas nécessairement ses comptes fin octobre ».

Gagner, perdre…Le gain est souvent palpable, immédiat, « calculable » ; les pertes sont d’un autre ordre…

Notre époque est à l’hyper activisme ; beaucoup d’êtres humains courent après le temps, le travail, les loisirs (même les loisirs !), et bien sûr les connexions…Beaucoup sont fatigués, stressés, surbookés épuisés. Lisons pour conclure dans l’Évangile de Luc, au chapitre 10, les versets 38 à 42. Jésus ne dit ici rien contre le travail, la peine, le service. Il n’oppose pas la vie active à la vie contemplative comme si la seconde devait remplacer la première. Mais il rend témoignage à Marie qui a su, qui a voulu « cesser » alors que Marthe s’agitait pour beaucoup de choses. Le dilemme est là : peut-on encore cesser quand il y a beaucoup de choses qui nous sollicitent ? Marie s’est arrêtée en rapport avec Jésus dont elle voulait écouter la parole. Nous pouvons-nous aussi « cesser » en rapport avec la vie véritable, consacrant chaque jour du temps à notre Seigneur et à son Livre, et nous arrêtant le premier jour de la semaine en son honneur. Quel privilège en effet, bien qu’aucune action n’opère magiquement, de se rassembler fraternellement dans la présence vivifiante et reposante du Seigneur, de chanter sous l’inspiration de la grâce,de découvrir les trésors de la Parole de Dieu, d’écouter quelques dons spirituels, d’avoir part à la joie du Saint Esprit qui est aussi notre force.

Ainsi donc, je suis heureux de vous dire que le premier jour de la semaine, le nôtre, n’est pas le jour de « Monsieur tout le monde ».