Pascal COLLET
Nous lisons dans l’Évangile selon Matthieu, au chapitre cinq, les deux premiers versets.
Il est donc question des disciples : au sens large, le mot désigne d’abord ceux qui ont répondu à l’appel de Jésus. Dans un sens plus restreint, il désignait les 12 que Jésus a choisis pour qu’ils soient avec lui, puis pour les envoyer. Nous retrouvons ce mot pour désigner les chrétiens : par exemple dans le livre des Actes des apôtres, au chapitre six, le verset premier.
Un disciple c’est un élève qui reçoit l’enseignement d’un maitre, donc quelqu’un qui apprend. Mais nous ajoutons cependant ce qui pour nous chrétiens constitue le fond de la relation avec le Seigneur, et de notre apprentissage avec lui : notre attachement à sa personne, Lui qui nous a aimé le premier.
Mais apprendre comment ? Nous n’avons pas spécifiquement en vue un savoir encyclopédique, bien qu’il ne serait pas sage de dénigrer la connaissance des textes bibliques et des doctrines bibliques. L’apprentissage tel que nous pouvons le concevoir ressemblerait plutôt à l’une des scènes des Évangiles, quand Marie s’est assise aux pieds de Jésus pour écouter Sa parole (Luc 10/39). C’est dans la dynamique créée par la repentance suivie du baptême, ainsi que dans le mouvement du Saint Esprit que les premiers chrétiens persévéraient dans l’enseignement des apôtres (Act 2/42). Et puis, nous avons cité déjà l’un des traits de la sagesse d’en haut, qui est conciliante, c’est-à-dire docile, pour désigner quelqu’un qui apprend facilement, et qui se laisse corriger.L’un des signes du disciple qui apprend, est donc qu’il est capable de reconnaître qu’il s’est trompé, ou qu’il a mal fait, ou mal dit.
Lisons maintenant un autre texte dans l’épître aux Romains, au chapitre sept, le début du verset 18. « Je le sais ». Cela n’a pas toujours été le cas, pour ne pas dire que c’est d’abord le contraire qui a existé. Lisons dans l’épître aux Philippiens, au chapitre trois, le verset cinq. À ce moment de sa vie, évoquée par cette description, était-il d’accord avec le constat fait dans l’épître aux Romains ? Ces choses étaient pour lui alors des gains, ou comme le dit la transcription parole vivante : des sujets de fierté. À ce moment-là, il avait de lui une bonne opinion, une haute opinion. Toutes les religions produisent ça, y compris la religion humaniste qui dit : l’homme est bon malgré le mal qu’il commet. Le constat de la Bible est inverse : l’homme est mauvais malgré le bien qu’il commet. Il y a là bien plus qu’une nuance ! Nous avons un fidèle résumé du témoignage biblique commun sur l’être humain au chapitre trois de l’épître aux Romains, du verset neuf au verset 18. Or nous avons une réelle difficulté à rejoindre ce témoignage. Dieu s’en fait l’écho par le prophète Jérémie, au chapitre 17, les versets neuf et 10. L’une des raisons pour lesquelles nous peinons à connaître le coeur humain, c’est que notre référence n’est pas la bonne. Nous nous référons souvent aux autres, et forcément, nous en trouvons qui sont pires que nous. Dès lors, nous avons notre sujet de fierté comme Saul de Tarse avait le sien. En dehors de Dieu c’est-à-dire de sa révélation, que sait l’être humain de la nature du mal ? De sa source ? De ses masques ? Imaginons quelques instants ensemble une personne qui se met en colère, un peu à l’image de la parole de Jésus en Matthieu 5/22. Une fois qu’elle a passé sa colère, interrogeons la, et demandons lui ce qu’est le mal pour elle ? Citera-t-elle la colère ? Non, évidemment ! Or, si j’en crois le texte précité, le constat de Dieu est tout à fait différent !
Quand le soleil paraît … on voit une foule de choses qu’on ne voit pas dans l’obscurité ou le clair-obscur. Jésus est la lumière du monde ; celui qui le suit ne marchera pas dans les ténèbres. Les ténèbres peuvent représenter la perdition, mais aussi l’ignorance quant à soi-même. Regardez par exemple la scène relatée par l’Évangile de Jean au chapitre huit, à partir du verset 30. Jésus parle à plusieurs qui viennent de croire en lui. Il les enseigne car ils ont besoin d’apprendre. Or, ils ne manifestent pas cette sagesse conciliante évoquée plus haut : l’enseignement de Jésus les heurte, et les voilà qui se réfèrent à Abraham et à Dieu comme leur père : ce sont donc des gens bien ! Mais pour Jésus, outre qu’ils ont besoin d’être affranchis, la réalité est toute autre. Quand la lumière vient…
Paul dit donc aux Romains qu’il sait que ce qui est bon n’habite pas en lui. Quand l’a-t-il appris ? Suite à sa rencontre avec le Christ ressuscité. Dans l’épître aux Philippiens déjà citée, il écrira que le Christ est la cause de ce bouleversement dans ses schémas de pensée.
Jésus a dit qu’il enverrait le consolateur pour convaincre. Le mot était employé à l’époque avec le sens de : exposer, faire honte, confronter, prouver. Cette oeuvre du Saint Esprit pousse les êtres humains à la repentance qui elle-même nous place à l’école divine. Et alors, nous savons !
« Quelle déprime cette vie chrétienne ! Quel déclassement de la personne humaine ! » Mais c’est tout le contraire : enfin débarrassé de ses ténèbres, le disciple vit par ce qu’il apprend. Ayant appris son état devant Dieu, il peut alors apprendre la réalité et la signification de l’amour et de la bonté de Dieu. Lisons dans l’épître à Tite, au chapitre trois, les cinq premiers versets. Constater le mal en nous nous amène à mieux apprécier la bonté de Dieu, son salut, la croix de Jésus. Quelle reconnaissance ! Quelle joie ! Quel émerveillement ! Quel amour !
Puis, comme Paul, nous apprenons que la vie chrétienne est une vie selon, par le Saint Esprit, telle qu’exposée au chapitre huit de l’épître aux Romains.
Enfin, nous continuons à apprendre ce que Paul a appris et mentionné dans la première épître aux Thessaloniciens, au chapitre cinq, le verset 24. « C’est Lui qui le fera ». Si c’était nous, immanquablement, nous penserions être quelqu’un de bien. Mais puisque c’est le Seigneur, potier divin, qui opère Sa parole dans les coeurs dociles, nous disons qu’Il est formidable, qu’Il est grand, qu’Il promet et qu’Il accomplit, qu’Il nous change.
Un disciple, c’est quelqu’un qui apprend.