Un conflit: comment faire ?

Pascal COLLET
14 juin 2015

Un conflit: comment faire ?

Nous lisons dans la première épître aux Thessaloniciens, au chapitre deux,  le verset 12. Quelle est la manière de vivre  digne de Dieu ? Faisons-en une application aux relations fraternelles, et plus précisément aux conflits dans le cadre de ces relations. Le texte que nous allons lire maintenant expose la face sombre de chrétiens qui n’ont pas su ou voulu trouver la manière de vivre digne de Dieu dans leur conflit. Ce texte se trouve dans la première épître aux Corinthiens, au chapitre six, le verset premier. Nous avons là un différend, un conflit, une querelle qui ne concerne pas la doctrine de Dieu. Les protagonistes en sont donc arrivés à aller au tribunal dans un procès public. À l’opposé de ce texte, et bien qu’il appartienne à l’ancienne alliance, nous lisons le récit qui se trouve dans le livre de Job, au chapitre 42, les versets sept à 10. Ici le conflit fut constitué par des jugements hâtifs donc faux (la souffrance de Job était pour ses amis un châtiment).

Ajoutons la lecture d’un autre texte, qui se trouve dans l’Évangile selon Matthieu, au chapitre cinq, les versets 21 à 24. Nous allons revenir sur ce texte dans quelques instants, mais auparavant il est nécessaire que nous disions quelque chose qui pourrait nous amener à raréfier les différents . Notre cœur bat pour qui ? Quelle est la personne qui compte le plus ? Nous connaissons la réponse, en théorie… Samuel disait à Saül : « lorsque tu étais petit à tes yeux… » À ce moment-là, étant petit à ses yeux, il avait un certain comportement qu’il n’aura plus par la suite. Il ne s’agit pas de se dénigrer, mais plutôt de rejoindre cette loi spirituelle de la vraie croissance indiquée de la façon suivante : il faut que Jésus croisse et que je diminue. Ce programme vise donc à la destitution du moi. Que se passe-t-il quand Jésus grandit en nous et que nous diminuions ? Nous ne sommes plus atteints de la même façon par des faits, des attitudes, des paroles qui autrefois, quand nous comptions beaucoup pour nous-mêmes nous auraient mis en colère ou nous auraient tourmenté. La chose la plus importante pour nous maintenant n’est pas : comment défendre mes intérêts, mais plutôt : comment glorifier Christ dans cette situation ? La disposition à quereller montre bien qui est la personne qui compte le plus… Ainsi donc, transformés en l’image de Jésus, nous raréfions les occasions de conflits. Ceci doit être dit car c’est aussi un angle d’action de la Parole de Dieu.

Maintenant, le conflit existe. Le différend s’est fait jour. Que faire pour marcher d’une manière qui soit digne de Dieu dans cette situation ?

La première chose est à pratiquer  chaque jour, mais d’autant plus quand nous sommes dans la situation que nous venons d’évoquer : il  s’agit selon les paroles mêmes de Jésus de prier notre Père qui est la dans le lieu secret. Mais prier comment ? Avec quelles dispositions ? Dans quel but ? S’agirait-il de convaincre Dieu de l’injustice que nous venons de subir ? De l’encourager à amasser des charbons ardents sur la tête du présumé responsable ? Nous avons un beau texte qui rejoint la prière dans le lieu secret en nous indiquant dans quelles dispositions  nous devons pratiquer. Lisons dans la première épître de Pierre, au chapitre deux, les versets 20 à 23. Notre rapport avec la souffrance injuste doit ressembler au rapport que Jésus a eu avec la souffrance injuste Ce texte nous rappelle d’abord comment Jésus ne réagissait pas. Puis il nous indique dans quel esprit nous pouvons prier dans le lieu secret, à la fin du verset 23 : nous en remettre à celui qui juge justement. Il ne s’agit donc pas seulement de lui remettre l’injustice, mais c’est nous-mêmes que nous remettons, nôtre âme, nos tentations, les sollicitations de notre chair. Nous avons besoin de nous en remettre à Dieu dans la prière pour y voir clair surtout quand le tumulte est dans le cœur ; pour trouver la paix du cœur même au sein de ce tumulte ; pour connaître la direction divine c’est-à-dire sa volonté : dans telle situation, que faut-il faire pour bien faire ? Bien des victoires sont remportées là. Pierre en cite quelques-unes aux versets huit et neuf du chapitre trois de sa première épître. Quand nous prions ainsi, le ciel s’ouvre et les choses d’en haut remplacent celles d’en bas. C’est là le premier repère dans le conflit.

Le second est indiqué dans le texte de Matthieu que nous avons lu il y a quelques instants. Pourquoi un frère aurait-il quelque chose contre moi ? Tout simplement parce que je l’ai offensé, ce qui correspond clairement au verset 25. Jésus nous dit quelque chose que nous préférerions éviter : « va… »  Va rencontrer celui à qui tu as fait tort ; fais-le dans la vérité, pour que les faits soient clairement établis ; fais le dans l’humilité, dans le désir de faire dans ce conflit la volonté de Dieu: il ne s’agira donc pas d’une » rencontre combat » ;nous n’allons pas pour mordre et dévorer ; ayant  remis notre âme à Dieu auparavant, la sagesse d’en haut nous a été communiquée ( Jac 3/17) et nous allons avec ses dispositions.

Et si le frère offensé ne veut pas ? Eh bien il y aura forcément une frustration : il faut qu’au conflit réponde la résolution du conflit, qu’au différent réponde la réconciliation. Quand cela n’est pas possible sans être de notre fait, nous pouvons être frustrés sans toutefois culpabiliser si la paix voulue ne dépend pas de nous.

Voilà les deux repères clairs et bibliques permettant de se comporter d’une manière digne dans les conflits. Maintenant, la chair propose une autre manière de faire : pas de vrais rendez-vous dans le lieu secret, de telle sorte que le différend couve comme la braise sous la cendre. Ceci va nourrir des soupçons ; il n’y aura pas de vérification des faits ; « l’enquête va être menée à charge » ; la langue va exprimer le tumulte du cœur ; l’inimitié va s’installer dans le temps, et il faut rappeler que le temps qui passe ne rend pas blanc ce qui est noir. La seule chose que puisse faire le temps qui passe c’est de rendre moins vive la souffrance première. C’est tout. Il n’y a pas de solution dans le temps qui passe.

Si nous suivons cette direction de la chair, que va-t-il se passer ? Le Saint Esprit va être attristé avec toutes les conséquences dans la vie spirituelle ; l’unité du Saint Esprit ne va pas être conservée par le lien de la paix (Ep 4/3) ; le diable aura avantage sur nous ( 2 Cor 2/11) ; nous allons tourner le dos à la sagesse d’en haut, et manifester le zéle amer et l’esprit de dispute qui sont des éléments incontournables d’une sagesse terrestre, charnelle, diabolique ( Jac 3/14-15) ; des âmes vont être rendues mauvaises par les propos que nous allons tenir touchant à ce conflit, ou, si je dis différemment en empruntant l’expression de l’épître aux Hébreux : la racine d’amertume va pousser des rejetons et plusieurs vont en être infectés ( Heb 12/15) ; et si nous continuons à prendre la seule scène dans cet état, nous risquons de tomber malade et de ne pas guérir ( 1 Cor 11/30), non pas que toutes les maladies aient cette origine, bien évidemment.

Je suis tenté de dire pour conclure que les différents sont ici-bas quasi incontournables même si notre évolution en Jésus-Christ nous y rendra moins sensibles. Par contre, la chose essentielle est de savoir comment nous voulons les aborder. Gardez dans votre cœur les deux repères donnés : vous verrez par expérience qu’ils sont efficaces. Et puis bien sûr, parce que la chair voudra que nous évitions ses repères là, il faut que nous soyons convaincus de devoir marcher dans le chemin de la croix, car c’est la croix que nous opposons aux sollicitations de la chair pour vivre la victoire de Jésus-Christ par le Saint Esprit.

l y a une manière digne de Dieu de vivre nos conflits.