Pascal COLLET
Nous lisons dans l’Évangile selon Matthieu, au chapitre six, les versets 19 à 24. Arrêtons-nous particulièrement sur la parole de Jésus au verset 21. Donc le coeur sera toujours là où est ton trésor. C’est une vérité que nous vérifiions à chaque instant. D’où la question : quel est notre trésor ? À quoi nous attacher ? À qui ?
Il y a certes des attachements précieux, encore faut-il les vivre sainement. Ce lien précieux il est vrai, cessera peut-être : la mort interviendra à un moment ou un autre. Et puis, dans les relations humaines, personne n’est à l’abri d’une déception, où de la tentation du compromis comme le sacrificateur Elie avec ses fils.
En réalité, tout c’est-à-dire n’importe quoi peut devenir notre trésor. Une personne pratiquait un sur- investissement dans son travail : elle allait bien au-delà de ce qui lui était demandé de faire, et cela au détriment de sa vie spirituelle. Au bout du compte, ce fut un licenciement difficile à accepter, mais qui fut certainement une leçon dure mais profitable. Jésus nous parle des trésors sur la terre. L’une des caractéristiques des ennemis de la croix, outre qu’ils ont pour dieu leur ventre et qu’ils mettent leur gloire dans ce qui fait leur honte, et qu’ils ne pensent qu’aux choses de la terre, c’est-à-dire qu’ils n’ont à cœur que les choses de la terre. ( Phil 3/19).
Il me revient ce texte du livre des Proverbes, au chapitre 23 et au verset cinq. Il est appliqué aux richesses, mais il peut être appliqué à n’importe quel autre trésor. Voulez-vous bien considérer cet instant précis dans la vie de cet homme où il ne peut plus que regarder son trésor s’en aller comme l’aigle qui prend son vol vers les cieux. Pensez à ce regard dans cet instant précis… et voyez toute la faiblesse de l’homme qui ne peut pas retenir son trésor, et son erreur totale puisqu’il a investi son cœur dans quelque chose qui le quitte.
Mais le trésor peut être nous-mêmes, notre personne. Lisons dans le livre des Actes des apôtres, au chapitre 20, les versets 22 à 24. Ajoutons à cette lecture une parole de Jésus, qui a dit : « celui qui aime sa vie la perdra… » (Jean 12/25). Que ne signifie pas la parole de Paul où il est dit qu’il ne fait pour lui-même aucun cas de sa vie comme si elle lui était précieuse ? Quelques scènes relatées vont nous aider à écarter les fausses pistes. Nous sommes à Damas avec Saul de tarse qui prêche l’Évangile. Il suscite un complot des juifs pour le tuer. Les disciples le font alors sortir de cette ville dans la nuit, par la muraille, dans une corbeille. (Act 9/25). Un peu plus tard, nous voici à Icone. Même cause, même résultat : Paul et Barnabas, menacés d’être tués quittent la ville pour se réfugier à Lystre et à Derbe. ( Act 14/5-6). Encore un peu plus tard, nous sommes à Thessalonique. Une émeute a lieu contre Paul et Silas. Ceux-ci partent de nuit pour Bérée. Et quelque temps plus tard, pour la même raison, Paul quitte Bérée pour Athènes. ( Act 17/10; 14). Paul n’était donc pas une tête folle, et la parole soulignée plus haut ne peut pas nous conduire dans ce sens là. Paul indique la chose suivante : il servait Jésus-Christ malgré tout, et il avait la ferme intention de continuer ainsi. Or, quand notre vie est notre trésor, quand elle nous est précieuse, que se passe-t-il ? Nous sommes paralysés par la crainte des hommes : nous n’osons plus témoigner pour Jésus car nous avons peur de ce qui pourrait nous arriver. Nous recherchons l’absence de combats, d’épreuves, de souffrances pour la foi, d’engagements qui coûtent. Et puis, allons un peu plus loin : sommes-nous contrariés, déçus, offensés même peut-être ? Notre place est vide, notre bouche se ferme, notre service s’arrête. Quel est donc le message adressé de façon non audible mais pourtant bien réelle ? Il est le suivant : ma vie est plus précieuse que mon Seigneur. Mon cœur est à mon trésor, et ma personne est mon trésor. Il faut redire que dans le plan de Dieu, comme dans l’église de Jésus-Christ, notre personne n’est pas la personne la plus importante. Nous avons le privilège de chanter de beaux cantiques, dont celui qui dit : la voix du Seigneur m’appelle, prend ta croix et viens suis moi. La troisième strophe nous dit que pour suivre Jésus, il faut savoir être mal jugé, endurer l’injure, être méprisé du monde. Mais c’est là précisément perdre sa vie pour la retrouver. Aimer sa vie, c’est ne pas accepter ces choses.
Oui perdre sa propre vie, consentir à n’être rien, n’avoir qu’une seule envie : aimer Jésus le seul bien ! Et la dernière strophe nous donne de chanter l’assurance que Jésus donne grâce et gloire pour vivre cette vie-là qui est la vie chrétienne.
Je veux terminer en évoquant le joyau du ciel : Jésus, l’agneau immolé. Ceci va nous aider à éclaircir le genre de foi que nous établissons : Jésus est-il notre trésor ? Au départ pour beaucoup, nous sommes venus entendre l’Évangile à cause d’un besoin. À ce moment-là, Jésus ne comptait pas pour nous, soit que nous ne Le connaissions pas, soit qu’Il n’avait aucune place dans notre cœur. Mais Jésus peut nous rencontrer même dans ces circonstances là. Écoutant l’Évangile, nous avons appris cette nouvelle stupéfiante : Jésus a donné sa vie par amour pour nous. Voilà qui n’est pas banal, et qui est même carrément incompréhensible. Et pourtant, pour plusieurs nous avons répondu à cet appel d’amour, et à partir de la, Jésus est devenu quelqu’un de réel pour nous. Nous avons commencé et continué à marcher avec Lui, et au fur et à mesure de la marche, Il se révèle à nous. Nous avons toujours confiance (foi) en Lui, mais il y a quelque chose qui réhausse cette foi pour la placer au plus haut niveau : Jésus nous devient de plus en plus précieux. Nous le cherchons pour Lui-même, à cause de l’excellence de sa personne. Nous aimons sa présence. Sa cause nous est chère. Nous ne Lui donnons pas ce qui reste, mais nous lui offrons une part de choix. Il est donc devenu notre trésor, alors qu’au départ Il n’était rien pour nous.
Il est donc notre trésor comme Il l’est dans le ciel. Lisons un seul texte qui se trouve dans le livre de l’Apocalypse, au chapitre cinq, les versets 11 et 12. Jésus fait tressaillir le ciel et ceux qui le composent. Quand il est devenu notre trésor, nous sommes à l’unisson du ciel, et nous sommes prêts pour le retour de Jésus. Assurément, c’est là « l’œil simple » ou en bon état dont parle Jésus.
Christ, notre trésor, est assis à la droite de Dieu. Notre cœur va là où est notre trésor, il va donc là où Christ est maintenant, et c’est pourquoi il cherche les choses d’en haut et s’y attache. (Col 3/1-2)).