Pascal COLLET
Nous lisons un texte dans le livre de la Genèse, au chapitre quatre, les versets 6 à neuf.
L’utilisation par le Nouveau Testament de l’expression frères ou soeurs ne répond pas à une mode conviviale ou humaniste, mais indique les nouvelles relations dans la famille du Père céleste. Ayant fait choix de Jésus comme notre Sauveur et Seigneur personnel, nous sommes ajoutés à l’église des rachetés qui deviennent par là même nos frères et soeurs en Christ. C’est une grande et belle réalité, qui nous est rappelée par exemple dans le texte de l’épître aux Colossiens, au chapitre trois,et au verset 11. Paul voulait-il indiquer par là qu’il n’y avait réellement pas de juifs ou de Grecs, d’esclaves ou d’homme libres dans cette assemblée comme dans les autres ? Non bien sûr ! Mais il y avait une réalité qui transcendait toutes les différences raciales, culturelles, sexuelles ou autres : c’était la personne de Jésus. Bien que cela ne fasse pas parti de mon thème de ce matin, j’en profite pour dire que nous avons certainement tort de faire le contraire de ce que le Saint Esprit faisait dans les assemblées de cette époque : il rassemblait les juifs et les non juifs, les Grecs et les barbares, les hommes libres et les esclaves. Quant aujourd’hui, nous mettons en place des églises ethniques, nous répondons à une certaine demande, celle qui consiste à partager les nouvelles du pays, ou du village, ou de la famille, mais qu’en est-il du témoignage de l’unité de l’Esprit dans une église composée de personnes venant de tous horizons, mais nés de nouveau ? Paul n’aurait pas envisagé de faire une église de barbares, puis à côté une église de grecs etc.
« Suis-je le gardien de mon frère ? ». C’est la réponse d’un homme, Caïn, qui a été dominé par le péché ; qui nous est aussi présenté par l’apôtre Jean comme étant du malin. À ces deux caractéristiques, on pourrait encore ajouter celle de l’individualisme si prenant aujourd’hui : il conduit à oublier, négliger, dévaluer le prochain parce que nous sommes centrés sur nous-mêmes et donc davantage préoccupés par nos avantages, nos droits, nos problèmes… que par le prochain. Il ressort de la lecture du Nouveau Testament une ligne spirituelle qui est celle du souci de l’autre, l’autre étant d’abord le Seigneur Jésus, puis, le prochain.
Nous allons maintenant brièvement vérifier à quelle famille spirituelle nous appartenons. Celle illustrée par Caïn, ou celle du Nouveau Testament.
Lisons un court texte dans l’épître aux Romains, au chapitre 12, le verset 10.
On pourrait appartenir à une église et ne pas, ou ne plus aimer vraiment ! Il suffirait pour cela que nous ayons quelques dispositions religieuses, ou que la force de l’habitude soit le gouvernail de nos vies. La vie d’une église locale ne s’entend pas sans un amour les uns pour les autres puisé à la meilleure source qui soit, c’est-à-dire au calvaire.
Lisons un autre texte dans la première épître aux Corinthiens, au chapitre 12, le verset 25. Avoir soin de l’autre, c’est une forme de souci : le souci d’édifier ; la vigilance pour ne pas être une pierre d’achoppement pour notre prochain (Rom 14/13). C’est adapter à chacun sa part dans son développement spirituel personnel; c’est veiller au bien du prochain quitte à sacrifier le sien. « Que personne ne cherche son propre intérêt, mais que chacun cherche celui d’autrui ». (1 Cor 10/24). Voilà un verset, parmi d’autres, lié au calvaire, et qui nous ouvre des perspectives auxquelles nous ne pensons pas dans une lecture rapide ! C’est autre chose évidemment que l’attitude que l’on rencontre quelquefois, consistant à justifier nos absences ou notre trop peu d’engagement en faisant reposer cela sur les autres.
Lisons encore un texte qui se trouve dans la première épître de Pierre, au chapitre quatre, le verset 10. Se mettre au service de l’autre, ce n’est pas chercher à briller ou à se mettre en avant, mais plutôt désirer contribuer même modestement, à la bonne marche de l’ensemble. Quel talent, quelle capacité, quel don avez-vous mis au service du prochain ?
Lisons un dernier texte qui se trouve dans l’épître aux Galates, au chapitre six, et au verset deux. Lisons aussi dans la foulée le verset cinq. Nous sommes encouragés à porter les fardeaux du prochain, et non à porter sa charge, c’est-à-dire ses engagements, sa responsabilité. Cette distinction n’est pas toujours claire dans nos coeurs. Si nous pensons devoir porter la charge du prochain, nous lui faisons plus de mal que de bien car nous l’affaiblissons. Il s’agit donc en réalité d’une invitation à porter le fardeau du prochain, et c’est vraiment la fraternité spirituelle qui permet cela. Ce partage du fardeau nous conduira inévitablement à accomplir un autre texte des écritures : « priez les uns pour les autres ».
Il s’agit ce matin de vérifier très brièvement à quelle famille spirituelle nous appartenons. Qui aimez-vous ? Pour qui priez vous ? De qui avez-vous soin ? Quel est votre contribution au service des autres ?
Il est possible que cette courte prédication se présente à quelqu’un comme une demande insupportable : cette personne pense en elle-même qu’elle a bien assez de ses problèmes.
Il est aussi possible que ces quelques textes, qui ne font pas le tour de la question, propose une conception de l’église qui est clairement celle du nouveau testament, mais qui ne correspond pas à la vôtre. Vous venez le dimanche matin vous saluez poliment les personnes qui sont à côté de vous, puis vous repartez chez vous. Et là, ce matin, vous réalisez que votre pratique ne correspond pas à celle du Nouveau Testament. Qu’allez-vous faire ? Rappelez-vous que c’est l’obéissance à la Parole de Dieu qui fonde la vie chrétienne.
Il est enfin possible de percevoir ces quelques versets comme un appel de Dieu, appel auquel on répond toujours par la foi, et qui représente un immanquablement une bénédiction, même si nous n’en n’avons pas toujours conscience au moment où nous répondons à cet appel. C’est ce qu’il nous faut faire maintenant, pour quitter la famille spirituelle de Caïn, et intégrer dans les faits celle du Nouveau Testament.