Pascal COLLET
Nous lisons dans le livre du prophète Osée, au chapitre 11, les versets un à trois.
Cette parole nous ramène à Israël lors de la sortie d’Égypte ; le peuple est comparé à un enfant malade, infecté par l’esclavage et l’idolâtrie d’Égypte, et dont Dieu s’occupe (le mot désigne le traitement d’un médecin), mais ce peuple ne le comprend pas. Il n’y voit pas clair, même en rapport avec une guérison qui est ici une guérison morale et spirituelle. Ne serions-nous pas également menacés de ne pas voir un bienfait de Dieu, derrière certes une parole tranchée, ou une expérience douloureuse, ou un apprentissage difficile ?
Partons du principe que Dieu nous connaît mieux que nous-mêmes. Cela signifie aussi que Dieu connait des besoins que nous ne connaissons pas concernant notre personne.Dieu est effectivement plus grand que notre coeur; combien de fois n’agissons-nous pas toutefois comme si c’était notre coeur qui était la valeur suprême ? Or, pour nous prémunir de grands dangers quant à l’avenir, pour notre perfectionnement, pour la réalisation de Son grand dessein qui est de nous rendre semblable à l’image de Son Fils, Dieu agit. Et quelquefois, ce qui est mauvais est si enraciné en nous qu’Il doit agir comme indiqué au Psaume 66/10, en nous faisant passer dans l’un de Ses creusets, car seule la fournaise peut séparer l’argent de ses impuretés.
Parlons d’abord de quelqu’un dont les yeux étaient ouverts, et lisons dans la deuxième épître aux Corinthiens, au chapitre 12, les versets sept à neuf. Ce traitement divin nous semble redoutable : une écharde dans la chair, un ange de Satan pour le souffleter. Mais le péril était plus redoutable encore : l’orgueil. Nous notons l’effort de Dieu pour empêcher cet orgueil au verset sept : « pour que je sois pas enflé d’orgueil… et m’empêcher de m’enorgueillir ». Cette écharde fut douloureuse à Paul mais au moins en connaissait-t-il la raison. Paul voyait que Dieu le préservait d’un redoutable piège.
Mentionnons maintenant quelques oeuvres « étranges » de Dieu, en rapport avec une guérison morale et spirituelle. Retournons dans le livre du prophète Osée, au chapitre deux, et aux versets 16,19, 21. Conduire Son épouse infidèle au désert afin de regagner Son affection. Tel était l’oeuvre de guérison de Dieu. Cette oeuvre comprenait donc le désert, lieu inhospitalier au possible mais nécessaire pour qu’à nouveau l’épouse infidèle soit attentive à la voix divine parlant à son coeur.
Allons maintenant dans le livre du prophète Jonas, au chapitre premier, le verset quatre, puis au chapitre deux, le verset premier. Dieu fait souffler un vent impétueux ; Il fait venir un grand poisson pour engloutir Jonas, puis ordonne au poisson de le vomir sur la terre, quand l’oeuvre divine de guérison est achevée. Comment guérir un prophète désobéissant ? Cette guérison s’opérera par une expérience douloureuse. Il faudra trois jours et trois nuits à Jonas dans le ventre du grand poisson pour qu’il rentre en lui-même et se tourne à nouveau vers Dieu, ce qui ressort de sa prière du chapitre deux. Il vaut la peine de voir quand Dieu cherche à nous guérir.
Allons enfin au Psaume 105, les versets 17 à 19. Ici, la guérison est préventive : Dieu envoie un homme, et cet homme est vendu comme esclave puis injustement emprisonné. Quelle oeuvre étrange ! Le verset 19 nous dit littéralement que la parole de Dieu a purifié Joseph au creuset. Dieu était donc à l’oeuvre, préventivement, pour rendre le coeur de cet homme capable de gouverner, avec un coeur noble, pur et sans que le pouvoir ne lui fasse perdre la tête comme c’est hélas trop fréquent.
Cette guérison de Dieu, Sa manière d’agir pour nous guérir est donc souvent liée à une forme de souffrance. Mais ne pourrions-nous pas faire nôtre ces paroles d’Ezéchias : « mes souffrances sont devenues mon salut » ? Attention : il n’est absolument pas question ici d’expier nos péchés par des souffrances. Un seul a réalisé cela, celui qui est lui-même la victime expiatoire pour nos péchés, et pour ceux du monde entier (1 Jean 2/2): Jésus. Ces souffrances n’ont rien de méritoire non plus ; il s’agit d’une souffrance qui nous guérit, mais pour que cette guérison ait lieu, encore faut-il voir clairement Dieu à l’oeuvre. Or quelquefois, la souffrance nous obnubile ; nous sommes concentrés sur « l’autre » que nous jugeons responsable de nos souffrances. N’avons-nous pas besoin d’un oeil neuf qui verra, comprendra que ce qui nous arrive est une oeuvre de Dieu, et qu’elle n’est pas là par hasard, mais qu’elle appartient à Son dessein de guérison. Comment Dieu nous guérira-t-il de l’orgueil ? De l’indépendance ? De la manie de juger ? Du refus de nous convertir ? Quel creuset emploiera-t-Il ?
Je conclus par ces paroles de David, au Psaume 13 : « Donne à mes yeux la clarté, afin que je ne m’endorme pas du sommeil de la mort, afin que mon ennemi ne dise pas : je l’ai vaincu ! ».