Saül, petit à ses yeux.

Pascal COLLET
7 août 2011

Saül, petit à ses yeux.

Nous lisons dans le premier livre de Samuel, au chapitre 15 et au verset 17. Petit à ses yeux! Nous avons là un court résumé de ce que Dieu a connu des dispositions vraies du coeur de Saül à ses débuts.Nous y voyons plus qu’un trait de caractère : une qualité spirituelle vue de Dieu et liée à l’onction de Saül. Nous n’oublions pas que l’une des manières d’agir de Dieu consiste en ce qu’Il fait grâce aux humbles.Voyons quelques traits pratiques de cette « petitesse » de Saül, en retournant d’abord au temps de sa rencontre avec le prophète Samuel, chapitre neuf, verset 21.

S’agit-il de se rabaisser ? Non, car le « moi » est aussi au centre de celui qui se rabaisse comme il est au centre de celui qui s’élève. Saül  savait  simplement qui il était, et par là-même été abasourdi d’entendre de la bouche du prophète l’annonce qu’il venait d’entendre. Il ignorait que c’est une manière d’agir de Dieu, révélée par l’apôtre Paul des siècles plus tard, de choisir les choses folles  du monde, les choses faible,s les choses viles, celles qu’on méprise. Pourquoi Dieu agit-il ainsi ? À fin dit le texte que personne ne se glorifie devant Dieu. « Étonnante grâce » ! Comme le traduit si bien le titre de ce cantique, nous comme Saül, nous nous sentons  indignes de la faveur de Dieu. Elle nous apparaît comme totalement imméritée, et c’est ainsi que nous devons continuer à être émerveillés par la grande grâce de Dieu en Jésus, pour célébrer la gloire de cette grâce dont il  nous a favorisée dans le bien-aimé. L’humilité de Saül est d’autant plus remarquable qu’il avait un avantage qui aurait pu le rendre orgueilleux : chapitre neuf, verset deux. C’était un Apollon de son temps. Êtes-vous beau ? Intelligent ? Hautement diplômé ? Avez-vous un talent particulier ? Avez-vous connu une réelle réussite ? Ce n’est pas un péché ! Vous pouvez bien vivre avec, mais toutefois : attention ! Vous pourriez en tirer quelque orgueil, et nous savons que l’orgueil déplaît à Dieu,et qu’il précède la chute.

Allons maintenant au chapitre 10, et lisons les versets 15 et 16. Ce silence de modestie cachant l’onction privée nous fait penser à la réaction de Marie, la mère de Jésus ( Luc 2/19), et à celle de l’apôtre Paul ( 2 Cor 12/6). Pourquoi taire ce qui est ? Le texte de l’apôtre Paul nous montre bien  quelle différence il y a entre  l’authentique serviteur de Dieu et l’ambitieux ; les « apôtres par excellence » du temps de Paul prenaient plaisir à se recommander eux-memes. Paul aurait pu le faire : il avait du répondant, mais il s’en abstenait. La tentation est réelle d’en » mettre plein la vue », ou de se mettre en avant, y compris en rapport avec ce que l’on pense être une vocation de Dieu, ou un talent qu’il nous aurait donné. Le plus important est-il ce que l’on proclame, ou ce que l’on est ? Si Dieu nous fait une grâce particulière, elle se verra en nous ou par nous, sans qu’il soit besoin de la mettre en avant, et c’est cela qui est utile pour l’oeuvre de Dieu, et important.

Passons sur l’épisode célèbre mentionné au chapitre 10 et verset 22, pour conclure au chapitre 10 et aux versets 26 et 27. L’investiture publique vient d’être accomplie, et au milieu des acclamations, un groupe d’hommes dont on ne sait rien sinon qu’ils étaient pervers, témoigne du mépris à l’égard de Saül. Le mépris est pire que l’incompréhension, la contrariété, la divergence ; c’est de la méchanceté, du dénigrement. L’attitude de Saül n’en est que plus remarquable : il n’y prit pas garde. Pourquoi ces choses, et quelquefois bien moins que le mépris, nous affectent-elles tant ? Notre réponse spontanée serait de dire : « c’est injuste ». Et alors ? C’était injuste pour Saül ; c’était injuste pour Jésus, celui qui nous a sauvé et qui constitue le coeur du programme de Dieu, puisque Dieu nous transforme en son image. Si nous voulons que le programme divin s’opère dans nos vies, nous devons savoir que nous rencontrerons quelque injustice, quelque déception, quelque contrariété, quelque méchanceté même, et qu’ au travers de ces choses, le travail divin mettra en évidence le fruit du Saint Esprit en nous, et chemin faisant nous amènera à ressembler de plus en plus à Jésus. Je repose la question : pourquoi ce genre de choses nous affecte-t-il tant ? N’est-ce pas par ce que nous avons trop d’importance à nos propres yeux ? Et c’est ainsi que tout ce qui touche à notre personne est démultiplié, développé, commenté et quelquefois même partagé provoquant du trouble chez notre prochain. Nous sommes affectés, en colère, susceptibles parce que nous avons encore trop d’importance à nos propres yeux. Mais, que Jésus croisse en nous et que nous diminuions, et voilà que comme Saül, nous n’y prenons plus garde.

Quand allons-nous « grandir et diminuer » ? Grandir dans la maturité spirituelle reposant sur le fait que Christ est la personne la plus importante, et non pas à nous-mêmes. Diminuer par l’oeuvre de la croix.

Il y a certes des circonstances ou par fidélité aux écritures, et par souci de l’église, il faut savoir tenir tête aux opposants, aux hommes pervers, mais pour ce qui concerne le « moi », apprenons à » n’y prendre pas garde ». Je note pour conclure la grande différence entre les dispositions premières du roi Saül et ce qui sera ensuite, tel que mentionné par exemple au chapitre 18, et aux versets huit et neuf. Veillons attentivement sur nos âmes, auxquelles par ailleurs, l’humilité, beauté de la sainteté fait tant de bien.