Pascal COLLET
Nous lisons dans le livre de la Genèse, au chapitre 13, les versets un à quatre.
Abram revient donc Égypte à Bethel. C’est une démarche inverse à celle entreprise auparavant et qui est relatée dans la deuxième partie du chapitre 12. La famine l’avait amené à se diriger en Égypte, où il mentira et d’où il partira bien humilié. Se rendre en Égypte pour y trouver de l’aide sera réalisé plus tard par Jacob et ses fils, et bien plus tard encore par Joseph et Marie avec l’enfant Jésus. Ce n’est donc pas le pays par lui-même qui est en cause, mais le fait qu’Abram a pris cette décision sans invoquer Dieu qui l’ avait appelé dans ce pays pour le lui donner. Puisque Dieu l’avait appelé ici, ne pouvait-il pas donner un secours ? Mais ce que nous voulons retenir, c’est le retour d’Abram à son lieu de départ. Nous avons bien lu ensemble qu’il a dirigé ses marches jusqu’à Béthel, où était sa tente au commencement…
Ainsi donc Dieu offre à qui le veut l’opportunité de fermer certaines parenthèses mauvaises, ouvertes au préalable sans Son accord ; Il offre l’opportunité de tourner les pages qui doivent l’être, mais pas à la manière des hommes ; Il offre l’opportunité de rebatir sur des ruines, ou de relever ce qui s’était affaissé. D’autres situations peuvent être évoquées, et vont l’être au travers de la lecture de plusieurs textes.
Allons tout d’abord dans le premier livre de Samuel, au chapitre sept, les versets deux et trois. Nous avons ici une situation caractérisée par la négligence, la nonchalance spirituelle. Il n’y a pas de crise aiguë et grave, mais l’installation dans une attitude fausse devant Dieu. L’arche de Dieu, témoignage de Sa présence glorieuse, n’avait donc plus d’importance pour le peuple de Dieu. Quelle étrange situation ! 20 années, et 20 ans, ce n’est pas une petite période, 20 années ont donc passé dans cette situation anormale, et puis, le peuple a commencé à gémir devant Dieu. Le prophète savait ce qui devait être fait à ce moment-là : une grande purification amenant à se séparer de toutes les choses qui s’étaient incrustées chemin faisant dans la vie du peuple d’Israël, marquant ainsi ce qu’on peut probablement appeler un réveil spirituel. Ils sont revenus à Dieu de tout leur coeur et ont mis fin à une longue période de tiédeur, d’indifférence et de négligence.
Allons maintenant dans le livre du prophète Jérémie, élisons d’abord au chapitre trois le verset 12, puis au chapitre quatre, le verset premier. Ici, nous avons toute la force de l’attente de Dieu. Dieu parle à Israël, l’épouse infidèle,comme un mari trompé. L’abandon de Dieu n’a pas été formel : le peuple allait encore au temple pour y célébrer le culte ; les apparences étaient sauves ! Mais Dieu ne se contente pas des apparences. Il veut tout notre amour. Et ce mari trompé suppliait son épouse infidèle de revenir à lui, pour qu’Il lui pardonne et qu’il répare l’infidélité.
Lisons aussi dans le livre du prophète Osée, au chapitre 14, les quatre premiers versets. Israël a chuté, est tombé, mais peut se relever en revenant à Dieu avec des paroles.
Allons maintenant dans un texte qui va nous étonner : il se trouve dans le deuxième livre des Rois, au chapitre 23 et au verset 25. Josias est revenu à Dieu ! Josias ! L’un des meilleurs rois par sa piété et sa crainte de Dieu ! On serait tenté de dire que pour revenir il faut être parti, or Josias n’est jamais parti. Relisez son histoire et vous verrez que dès sa jeunesse il a eu un coeur ardent pour Dieu. Et pourtant le texte lu ne trompe pas : Josias est revenu à Dieu. Comment expliquer cette mention ? Nous pensons qu’elle fait référence à la réaction de Josias à la lecture du livre de la loi retrouvé lors des travaux de réparation du temple. Alors, son coeur sensible a été vivement touché et convaincu de péché. Comme quoi un roi pieux est devenu plus pieux encore !
Enfin, allons dans l’Évangile de Luc, au chapitre 22 et au verset 32. Pierre a connu le reniement, les remords nécessaires mais pas suffisants ; il faut qu’il revienne ensuite.
Ces textes ajoutés à notre première lecture placent donc devant nous des situations aussi diverses, mais dans chacune d’entre elles nous discernons l’attente de Dieu : que telle personne, ou que le peuple revienne à Lui. Quelquefois, il fait appel aux souvenirs comme c’est le cas dans plusieurs lettres adressées aux églises dans le livre de l’Apocalypse : « souviens-toi donc d’où tu es tombé ; rappelle-toi comment tu as reçu et entendu la Parole ».Cet appel au souvenir a sa place dans la démarche de retour à Dieu.
Paraphrasant l’expression célèbre du livre de l’Ecclésiaste, nous pourrions dire qu’il y a un temps pour tout.
Il y a, où il pourrait y avoir, hélas, un temps mauvais : mais qu’il soit suivi d’un bon temps.
Il peut y avoir un temps d’égarement dans ses pensées ; qu’il y ait un temps de retour à la Parole de Dieu.
Il peut y avoir un temps d’attiedissement ; qu’il y ait un temps de réanimation divine.
Il peut y avoir un temps de mauvaises décisions ; qu’il soit suivi d’un temps de bonnes décisions.
Il peut y avoir un temps d’influences néfastes reçues ; qu’il y ait un temps où nous allons être attirés par Jésus.
Il peut y avoir un temps pour quitter la maison du père ; qu’il y a un temps pour y revenir.
Il peut y avoir un temps d’incrédulité ; qu’il y ait un temps d’obéissance de la foi.
Il peut y avoir un temps où la chair a gouverné ; qu’il y ait un temps où c’est le Saint Esprit qui va nous faire marcher.
Et cette grâce, car c’en est une, il nous appartient de la marquer : Abram n’était plus à Béthel, puis on l’y a retrouvé ; le peuple sous Samuel s’est séparé visiblement et concrètement des idoles ; Pierre est venu au rendez-vous fixé après la résurrection de Jésus, alors qu’on peut facilement imaginer que, conscient de sa folie, il n’était pas spécialement attiré par le fait de retrouver les autres disciples, et c’est bien la raison pour laquelle il sera dit aux femmes dans le sépulcre d’aller dire aux disciples et à Pierre que Jésus les précède en Galilée (Marc 16/7).
Quelle beauté, quelle gloire, quelle force quand nous regardons en face nos égarements quels qu’ils soient, et que nous les renions, que nous les rejetons, que nous les condamnons, que nous nous en détournons et ce, sans ambiguïté. Ce n’est jamais la victoire d’un homme contre un autre, c’est uniquement la victoire de Dieu, et Dieu est satisfait par un plein rétablissement.