Pascal COLLET
Nous relisons le texte du Psaume 34, au verset trois, et le texte du Psaume 42, les versets six et sept.
Dimanche dernier, nous nous sommes arrêtés sur la nécessité, pour sortir de la dépression et de l’anxiété, de choisir le bon interlocuteur, c’est-à-dire l’interlocuteur divin. C’est sa voix, c’est-à-dire sa Parole que nous avons besoin d’entendre quand nous sommes malheureux, et c’est à Lui qu’il nous faut penser quand notre âme est abattue. Dans notre lieu secret, nous userons donc de la possibilité qui nous est donnée en Jésus d’amener à cet interlocuteur toutes nos pressions, déceptions, fatigues, peurs. Nos fautes aussi, dans une reconnaissance vraie et pleine de foi.
C’est aussi dans ces moments avec Dieu que les vérités de la foi pourraient nous être d’un grand secours, si elles sont réaffirmées et vivifiées dans nos coeurs. À un moment de son plaidoyer pour une vie nouvelle, Paul écrit aux chrétiens de Rome : « regardez-vous comme… » (Rom6/11). Le regard du dépressif et souvent inexact, partiel, sombre. La vérité biblique pourrait être un point d’appui pour changer son regard. L’esclavage a été aboli aux États-Unis le 18 décembre 1885, par l’introduction du 13e amendement dans la constitution américaine. Combien d’esclaves y avait-il le lendemain, 19 décembre ? Au plan juridique : aucun. La loi avait aboli l’esclavage. Dans la réalité : encore beaucoup ! Pourquoi cette divergence ? À cause, en partie de l’ignorance dans laquelle les intéressés étaient encore. La vérité biblique cachée, mise de côté, négligée, méconnue, mal comprise n’affranchit pas. Les vérités bibliques ont besoin d’être prêchées, entendues, reçues pour prendre pied dans nos coeurs, et donc aussi dans nos tumultes et dans l’accablement de notre âme. Ainsi, les doctrines bibliques suivantes peuvent être par exemple de puissants secours pour un regard juste : l’amour de Dieu manifesté à la croix en Jésus-Christ ; la puissance de Dieu manifestée dans la résurrection de Jésus Christ ; la souveraineté de Dieu qui tient tout dans Ses mains ; le retour de Jésus. C’est cette dernière doctrine que Paul présente aux chrétiens endeuillés à cause de la perte d’être chers qui sont morts dans la foi. Il leur rappelle brièvement la doctrine de la résurrection de Jésus, puis de Son avènement et des faits qui se produiront en lien avec celui-ci, et il termine en disant : « consolez-vous donc que les uns les autres par ces paroles. » (1 Thes 4/13-18). Par ces paroles ! La doctrine biblique est donc non seulement la charpente nécessaire à la foi biblique, mais elle est aussi une aide et un appui précieux dans la dépression.
J’aimerais terminer par un dernier conseil, et pour ce faire vous amener dans la lecture de trois passages :Eph 4/26; Rom 14/19; 1 Pie 3/10-11.
Quelqu’un a donné une définition de la dépression en disant : « la dépression est une rage gelée ». Bien sûr, nous n’oublions pas qu’il y a plusieurs causes diverses à la dépression. Mais l’une d’entre elles est ici soulignée. Il est question de nos réactions face aux circonstances ; dans ce domaine comme dans d’autres, le meilleur côtoie le pire. Le meilleur, c’est quand le chrétien prend le parti de ne plus laisser la chair lui dicter ses réactions dans ses oeuvres évidentes. Le pire, c’est le contraire. Ces types de réactions, outre leur valeur propre, mènent aussi à un certain état bien qualifié me semble-t-il, par la parole de Paul aux Romains : « l’affection de la chair, c’est la mort, tandis que l’affection de l’Esprit, c’est la vie et la paix ». (8/6).
Le premier des trois textes lus à l’instant nous place devant le danger de laisser s’installer la colère, d’où il ressort qu’il faut la traiter rapidement. N’oubliez pas, que la dépression peut-être aussi une rage gelée. Il faut traiter la colère si rapidement, que nous ne devrions pas même laisser passer une première nuit après qu’elle ait éclatée. Mais quand on laisse passer cette première nuit, puis d’autres encore, puis d’autres journées et d’autres nuits encore, nous laissons s’installer dans notre âme quelque chose de mauvais et de nocif. Évidemment, voulant nous rassurer, nous pourrions avoir une illusion : le temps qui a passé a incontestablement amoindri la vivacité de la première colère. Tout est-il réglé pour autant ? Et donc sommes-nous indemnes spirituellement, moralement, psychiquement de cela ? Non. Quelque chose de mauvais s’est installé dans notre âme, qui empêchera sa bonne santé et sa prospérité. Notre état spirituel et émotionnel a été perturbé ; on ne sort plus d’une prison constituée par les raisonnements qui sont alors toujours les mêmes, et qui mettent en cause « l’autre ». À la longue, nous pouvons devenir aigris, amers, acariâtres et hélas, vieillir ainsi !
Êtes-vous prisonniers d’une rancoeur ? Vos rapports avec le prochain sont-ils limpides ? L’amertume de vos âmes provient-elle de colères non confessées ? La confession saine, entière, est non seulement nécessaire devant Dieu, mais peut-être aussi un excellent remède pour les maux de nos âmes. En passant, je dis qu’il me semble que le sens de l’exhortation de Jésus à aller reprendre notre frère qui a péché entre lui et nous est celui-ci : lui ouvrir la voie à la repentance.
Dans le cadre évoqué maintenant (colère et mauvais sentiments installés dans un coeur), il devient évident que la paix du coeur ne s’achète pas en pharmacie !
Le disciple de Jésus a beaucoup plus d’avantages et de raison de sortir de la dépression que n’importe qui d’autre. Permettez-moi d’en mentionner simplement quelques-unes pour conclure.
N’avons-nous pas un sauveur compatissant, capable de nous sauver de toutes nos détresses ?
N’avons-nous pas un interlocuteur divin qui, écrit Paul, console ceux qui se sont abattus (2 Cor 7/6) ?
N’avons-nous pas une parole libératrice, éprouvée, parfaite, la Parole de Dieu ?
N’avons-nous pas, ou ne voulons-nous pas avoir un coeur formé par Dieu à l’écoute, à la vie du Saint Esprit, à la vérité ?
Que les malheureux écoutent, et qu’il se réjouissent !