Que le malheureux écoute et se réjouisse ! (1)

Pascal COLLET
24 novembre 2013

Que le malheureux écoute et se réjouisse ! (1)

Nous lisons au Psaume 34, le verset trois.

Je souhaite partager quelques conseils avec les anxieux et les dépressifs. Nous précisons que la dépression est une maladie de l’âme, comme d’autres le sont du corps. Quelques préjugés du style  : « si tu es un vrai chrétien, tu ne peux pas être dépressif », ou d’autres, ont pu emmener des dépressifs dans un sentiment d’infériorité, de déclassement.

L’accablement de l’âme a touché des hommes excellents dans le domaine de la piété : David a exprimé plusieurs fois son accablement (par exemple :Ps6/7-8) notamment en rapport avec sa fuite devant Saül. Job a été accablé (3/11-13; 24; 26), le prophète Élie également (1 Rois 19/4). Que dire de Jérémie (Lam 3/18-20),  ou de l’apôtre Paul (2 Cor 4/9) même si ce dernier a écrit dans un contexte général de joie : joie du salut, joie de l’Esprit ?

Nier cette maladie n’est pas  la foi, qui consiste plutôt à affronter chaque montagne en s’appuyant sur la Parole de Dieu. D’autre part, ceci ne fera qu’aggraver probablement la situation.

Les causes de la dépression sont diverses ; j’en cite quelques-unes : les prédispositions liées à des déficiences métaboliques ; une déprime saisonnière peut être liée au raccourcissement des jours  (défaut de lumière) ; le surmenage, et bien d’autres… Quelqu’un demandait un jour à un proche qui pratiquait la médecine d’urgence comment il accueillait les dépressifs suicidaires. Ce médecin lui répondit : « parfois, nous commençons par les nourrir avec un bon steak. Ils manquent souvent de protéines, ce qui joue sur leur niveau de dépression ». Ceci peut nous rappeler que le premier soin de l’Ange de l’Eternel venant au chevet du prophète Elie fut de le réveiller pour qu’il mange, et ce, par deux fois (1 Rois 19/5; 7).

Le premier conseil, c’est de choisir le bon interlocuteur. Revenons à Elie. Lorsqu’il se présente en Israël, il dit : « l’Eternel devant qui je me tiens ». Mais, au chapitre 19 et au verset trois, il est écrit littéralement : « Elie alla à son âme ». Il a donc changé d’interlocuteur : d’abord, c’était Dieu, puis ce fut lui-même. Certes, dialoguer avec soi-même n’est pas toujours et forcément mauvais : ainsi, David s’encourage à bénir Dieu (Ps 103/1-2) et tout de suite après, il fixe son attention sur Dieu : « c’est lui… ». Mais dans les périodes sombres, ceci favorise l’essor des pensées négatives : quand Jérémie pensait à sa détresse et à sa misère,, à l’absinthe au poison, son âme était abattue au dedans de lui. C’est ainsi que des pensées peuvent constituer au fil du temps de véritables forteresses.

Souvenons-nous de cette simple parole de Jésus, que nous trouvons dans l’Évangile selon Matthieu, au chapitre six, le verset six. « Prie ton père ». Choisissons le bon interlocuteur. Ces temps passés avec Dieu sont toujours indispensables, dans l’accablement aussi. Nous devrions bien évidemment les préférer à la télévision ou à toutes sortes de choses. Il en est de même des réunions évangéliques.

« Répandre son âme en sa présence », c’est ce qui a été dit d’Anne, une femme qui souffrait. Sans jouer sur les mots, il est question de répandre, et non de tourner en rond en ressassant toujours les mêmes pensées. Il y a une différence certaine entre une mare nauséabonde et un courant d’eau.

Revenons-en à Elie : après un double repas, il sera conduit à la montagne de la révélation afin d’y retrouver le bon interlocuteur, qu’il reconnaîtra dans un murmure doux et léger. Ce changement positif lui permettra de continuer son ministère. Il me rappelle une autre évolution positive, telle que mentionnée au Psaume 42, dans les versets six et sept. Le psalmiste passe du « moi » au « il ». Et alors même que son âme est encore abattue, il y trouve une raison de penser à Dieu :v 7.

Choisissons donc le bon interlocuteur. Que le malheureux écoute, et qu’il se réjouisse !