Pascal COLLET
Nous lisons deux textes dans le livre des Actes des apôtres, le premier au chapitre trois et au verset 13, le second au chapitre quatre et au verset 27.
Nous notons la contradiction manifestée dans ces deux textes : Pilate était d’avis qu’on relâche Jésus, mais finalement, il s’est ligué avec d’autres contre Jésus. Nous pouvons ajouter le fait suivant qui est très parlant : dans les deux comparutions de Jésus devant lui, Pilate a déclaré par six fois son innocence. Lisons cela dans les textes suivants :Luc 23/4; 14-15; 22; Jean 18/38; 19/4; 6. Pilate n’a donc rien trouvé de mal en Jésus ; il a su quelles mauvaises motivations animaient les juifs ; il a tenté de relâcher Jésus et finalement s’est ligué avec d’autres contre Lui. Tirons quelques instructions de ce fait.
Nous avons là une illustration d’une parole de Jésus, donnée dans un tout autre contexte, mais qui peut retenir notre attention maintenant : « Celui qui n’est pas avec moi est contre moi, et celui qui n’assemble pas avec moi disperse. » (Mat 12/30). Assurément, Pilate n’était pas contre Jésus. Et pourtant il s’est ligué contre Lui ! Il est donc nécessaire d’être sans ambiguïté pour Jésus, ou plus exactement pour reprendre le terme de la parole de Jésus, « avec » lui. Quel extraordinaire témoignage rendu publiquement six fois ! Mais les faits montrent que celà même n’était pas suffisant. Pareillement, nous pourrions dire des choses justes concernant Jésus, et malgré cela être encore contre lui. D’où la nécessité, comme l’écrivait Paul aux Corinthiens, que les coeurs se convertissent au Seigneur (2 Cor 3/16). Le message bien connu et toujours actuel « convertissez-vous » est ici plus précis : il s’agit de se convertir « au Seigneur », et ce sont les coeurs qui sont engagés. Pilate était d’avis qu’on relâche Jésus, mais son coeur était à lui-même, de telle sorte que lorsqu’il a entendu certaines paroles, il s’est rangé dans le camp des adversaires de Christ. Ces paroles nous sont relatées au verset 12 du chapitre 19 de l’Évangile de Jean. Elles étaient comme une menace sur l’avenir humain de Pilate. Elles ont suffi pour amener un homme qui avait reconnu l’innocence de Jésus à finalement le condamner. Un coeur qui n’est pas donné à Jésus est un coeur qui n’est pas avec lui. Et s’il n’est pas avec lui, il suffira d’une parole, d’une influence, d’un ami, d’une circonstance pour que ce coeur malgré ses déclarations justes se retrouve dans le camp des ennemis de Jésus.
Lisons maintenant dans l’Évangile selon Matthieu, au chapitre 27, le verset 22. Quelle question ! N’est-ce pas là au fond la question ? C’est assurément le cas en rapport avec la destinée présente et éternelle de chaque être humain. Le ciel est rempli de la gloire de la personne de Jésus ; le livre de vie, témoignage irrécusable du choix et de la position de chacun ici-bas n’est-il pas appelé le livre de vie de l’Agneau ? Pas de salut en dehors de Jésus, et plus précisément encore pas de salut en dehors de la réponse juste qui fait de Jésus notre Sauveur et Seigneur personnel. Au fond, l’être humain est appelé à faire de Jésus ce que le Père en a fait, pour chacun ; lisez dans la première épître aux Corinthiens, au chapitre premier, le verset 30.
La question mérite d’être posée non pas seulement en rapport avec l’acquisition du salut, mais avec la manière de vivre la vie chrétienne : chrétien, que fais-tu de Jésus ? Non pas : qu’as-tu fais de Jésus ? Que fais-tu de Jésus dans et pour la vie chrétienne ? Que fais-tu de Jésus en rapport avec la Pentecôte ? Est-il le cep divin auquel tu as été greffé ? Il est quelquefois assez tentant de le remplacer par des formules qui utilisent même Son nom, par des efforts louables mais inintelligents, par notre piété. N’est-il pas aussi l’alpha et l’oméga de la vie chrétienne ? La volonté du Père telle qu’exprimée par exemple en Jean 5/22-23 est claire : il s’agit d’honorer Jésus. Pilate n’a jamais crié : « qu’il soit crucifié », mais il a pourtant intégré les rangs de ceux qui L’ont rejeté. Se convertir au Seigneur, c’est l’honorer ; être avec Lui, c’est l’honorer ; vivre de Lui, c’est l’honorer ; Lui faire confiance, c’est l’honorer ; se consacrer à Lui, c’est l’honorer. Quelle différence entre Pilate craignant pour son avenir humain, et l’apôtre Paul prêt, non seulement à être lié, mais encore à mourir pour le nom du Seigneur Jésus (Act 21/13) !
La contradiction relevée au début de cette prédication est celle du coeur humain partagé. Redisons-le avec beaucoup de force : il faut que les coeurs se convertissent au Seigneur !