Pascal COLLET
Nous lisons dans la première épître de Pierre, au chapitre premier et au verset 23, et nous poursuivons jusqu’au chapitre deux le verset trois.
Ce texte se réfère à l’expérience initiale de la foi chrétienne, à savoir la nouvelle naissance, puisqu’au verset 23 Pierre parle de la régénération accomplie dans la vie de ceux auxquels il écrit. Ce texte parle aussi de la croissance spirituelle puisqu’auverset deux du chapitre deux, Pierre incite ces chrétiens à désirer le lait spirituel et pur afin de croître pour le salut.
La naissance d’en haut est une impérieuse nécessité, non seulement parce que Dieu l’a prévu ainsi, mais à cause de ce qu’elle peut seule apporter, et qui nous rend capable de vivre la vie chrétienne. En dehors de cela, nous n’aurions qu’une religiosité évangélique « traditionnelle » ou « échevelée ». Il faut naître de nouveau.
Et après ? Eh bien il en sera de la vie spirituelle comme de la vie physique : après la naissance, événement marquant, vient le temps de la croissance. Quelques textes de référence dans le nouveau testament pour bien établir ce fait : deuxième épître de Pierre, au chapitre trois le verset 18 ; épître aux colossiens, chapitre premier le verset 10 ; première épître aux Thessaloniciens, chapitre trois le verset 12.
Nous avons donc ici un témoignage biblique qui confirme celui de la nature et de la vie. Nous naissons pour nous développer. La croissance spirituelle, c’est le développement de la vie spirituelle. Cette vie nous est communiquée par la semence incorruptible qui représente la Parole de Dieu, mais elle est appelée à croître et à embellir.
Jérémie compare le craignant Dieu, l’homme qui place sa confiance en Dieu en un arbre planté près des eaux et qui étend ses racines vers le courant. Nous aussi, nous étendons nos racines ! Je veux dire par là que le coeur nouveau à des besoins spécifiques, et que nous sommes portés à répondre à ses besoins. Il faut donner au coeur nouveau ce qu’il réclame : de la nourriture spirituelle, bonne, sainte, solide. La Bible doit donc tenir une place particulière pour nourrir l’homme nouveau et lui permettre de grandir. Nous entendons non seulement sa lecture, mais aussi sa méditation comme sa réception dans un esprit bien disposé. Nous entendons encore par là une prédication biblique, qui n’est pas seulement une prédication avec deux ou trois versets bibliques, mais une prédication de la Bible sur la Bible dans la Bible par la Bible, exposant les voies de Dieu par le Saint Esprit. L’homme nouveau a besoin de cela. Il a aussi besoin de prière, de témoignage, de service, de sainteté. C’est pourquoi, lorsque le Christ a commencé à bâtir l’ église, nous voyons que ces nés de nouveau se réunissaient pour la prière, la communion fraternelle, l’enseignement des apôtres et la fraction du pain. Nous croyons que ces faits appartiennent à la manière dont Jésus batît l’église, qu’ils reflètent bien les besoins de la nature nouvelle reçue, il y a 2000 ans comme aujourd’hui. Les divertissements, les sorties, tous les programmes d’activités alléchants, l’homme nouveau n’en a pas besoin,pas plus que de programmes télé remplaçant les réunions.
La croissance spirituelle peut-être contrariée. La Bible, livre vrai, en donne le témoignage. Paul s’adresse aux Corinthiens en leur disant qu’il leur parle comme à des bébés en Christ. À ce moment-là, ils étaient loin d’être ce que Paul appellera « des hommes faits ». Ces Corinthiens étaient « difformes » : il y avait eu une réelle croissance dans la vie de l’Esprit, accompagnée d’un développement contrarié sur bien d’autres plans. Leur vie spirituelle n’avait pas évolué correctement, leur comportement le prouvait. Ils étaient encore dans certains aspects dominés par la chair.
Les Hébreux étaient devenus « lents à comprendre », ce qui empêchait l’auteur de l’épître qui leur était adressée d’aborder pleinement les choses de Dieu appelées « une nourriture solide ». Il fallait encore les allaiter ! Il y avait donc chez eux un retard de croissance, qui n’était pas dû à leur quotient intellectuel mais à d’autres raisons spirituelles.
La croissance chrétienne peut encore être contrariée par des attitudes mauvaises que nous laissons se nicher dans notre coeur. C’est pour cette raison qu’après avoir mentionné leur régénération, et avant de mentionner leur croissance, Pierre exhorte les chrétiens à rejeter toute méchanceté, toute ruse, la dissimulation, l’envie, et toute médisance. Nous ne croissons pas si nous ne rejetons pas ! Ces attitudes amoindrissent le désir que l’on doit avoir pour les choses de Dieu, et elles empoisonnent notre vie spirituelle, attristant le Saint Esprit de Dieu.
Maintenant, le témoignage global du Nouveau Testament là-dessus est formel : la croissance spirituelle est assurée. Le Dieu qui fait naître et le Dieu qui fait croître. Dieu nous a fait naître de nouveau,et en regardant le nouveau-né, Il avait déjà à l’esprit l’homme fait et même glorifié à la ressemblance de Jésus. Comme pour les Ephésiens, notre croissance doit être « à tous égards », équilibrée dans toutes ses parties, harmonieuse, belle.