L’esprit de prostitution

Pascal COLLET
26 avril 2015

L’esprit de prostitution

Nous lisons dans le livre du prophète Osée, tout d’abord au chapitre quatre, les versets 11 et 12, puis au chapitre cinq, le verset quatre.

Il en était donc de Dieu comme du prophète : l’un comme l’autre étaient devenus des maris trompés. Oh certes, le culte adressé à Dieu continuait, mais il était mélangé avec les cultes idolâtres. « Prostitution » : le mot choque, effraie peut-être; quelle application pouvons-nous en faire pour nous aujourd’hui ? Nous pouvons dire la chose suivante : chaque fois que nous violons le principe de notre origine, de notre identité et de notre appartenance, nous sommes atteints par l’esprit de prostitution.

Notre origine : elle est céleste car Christ, après avoir accompli ici-bas tout ce qui était nécessaire pour notre salut est remonté au ciel d’où Il nous a cherché et attirer pour nous sauver. Cette marque d’origine se trouve fortifiée par la recherche du disciple pour les choses d’en haut.

Notre identité : l’église est le peuple marqué par la croix, et ceci d’emblée en a fait un peuple à part. Vivant son identification avec le Christ crucifié, il enracine cette identité.

Notre appartenance : nous sommes à Christ, exclusivement, et en ajoutant que nous nous sommes donc plus à nous-mêmes.

Quand nous sommes en phase avec ces principes, sans aucun doute, et là seulement, le Seigneur peut nous dire comme à une épouse fidèle : « tu es à moi, je t’ai racheté ». Mais, un amour illégitime peut survenir ; l’infidélité peut se nicher au point de devenir chronique, à la manière du peuple d’Israël comme mentionné au Psaume 78 et au verset huit.il n’est pas question ici d’une œuvre d’infidélité, mais d’un esprit qui n’est pas fidèle ce qui est bien pire. Or, du temps du prophète osée, l’esprit de prostitution était au milieu du peuple . Par là, nous devons entendre le penchant à l’idolâtrie, c’est-à-dire un état d’esprit et non un esprit mauvais ou un démon. Cet état d’esprit s’était solidement installé ; ce n’était pas quelque chose dont Israël avait honte, puisque la chose était assumée. Et c’est à ce stade que le prophète constate de la part de Dieu que la prostitution fait perdre le sens, que l’esprit de prostitution égare et qu’il empêche même le retour à Dieu. Pourquoi ? Parce que  tout était devenu faussé ; il n’y a plus de références. Or, ce sont ces références qui définissent « où on en est » avec Dieu, et qui permettent une réorientation si celle-ci est nécessaire. Dieu invitait par le prophète Jérémie à dresser des signes et à placer des poteaux, et juste après cette exhortation il invitait Israël à revenir. Il est difficile de revenir sans poteaux. Mais si ces signes et ces poteaux n’existent plus, ou si ce ne sont plus que nos pensées, nous serions dans une grande illusion car nous pourrions confondre le fait d’être d’accord avec nous-mêmes, avec les voies de Dieu. Nous pourrions confondre ce contentement personnel avec la pensée de Dieu. Le livre des Proverbes ne dit-il pas que celui dont le cœur s’égare se rassasie de ses voies (14/14). Il est égaré, mais il ne s’inquiète pas de sa situation et de retrouver un bon chemin : il est content. À ce stade, chacun devient sa propre référence, comme au temps des Juges.

Quels sont nos signes, quels sont nos poteaux ? La Parole de Dieu bien évidemment, et plus particulièrement pour tout ce qui touche à l’église, le fondement des apôtres et des prophètes, Christ lui-même étant la pierre angulaire ( Ep 2/20). L’enseignement, la pratique, les œuvres des apôtres et des prophètes sont donc considérés par le Saint Esprit comme le fondement de l’église. Et nous comprenons que ce fondement est inaliénable, séculaire et qu’il ne peut être question de coutume ou de pratiques culturelles avec ce qui s’y rapporte.

Le texte d’Hébreux 6 a souvent interrogé des chrétiens, à juste titre car nous ne lisons pas seulement la Parole de Dieu, mais nous la lisons pour la comprendre. Lisons donc les versets quatre à six. Beaucoup de ceux qui ont été arrêtés par le verset six ont eu peur, et cette peur elle-même ne montre-t-elle pas que celui qui la connait n’est pas concerné par ce texte, parce qu’il a encore des références et une conscience pour Dieu? Nous croyons que les versets précédents ne peuvent que  décrire une expérience chrétienne. Mais alors il faut s’arrêter sur le sens du mot « tombés » : il signifie tomber à côté, où tomber en dehors du chemin, et il évoque donc cette apostasie dont il est question dans d’autres textes, et qui est un éloignement de la base, du fondement mentionné plus haut. David a chuté et il est revenu dans la repentance ; Pierre a chuté et il est revenu dans la repentance ; le fils prodigue a chuté et il est revenu dans la repentance.  Mais allez trouver quelqu’un qui professe sa foi à sa manière, selon ses goûts et ses pensées, en « en prenant et en en laissant » avec la Parole de Dieu, en ayant même plus conscience qu’il y a un fondement posé par Dieu, et dites-lui : « ne veux-tu pas revenir à Dieu » ? Il vous regardera avec étonnement, condescendance ou colère et vous répondra : « mais pourquoi donc devrais-je revenir à Dieu » ? Il vit son culte festif et ambiancé chaque dimanche matin, et peu importe qu’il vive dans le péché tout le reste du temps, ou qu’il vive à côté du fondement.

L’esprit de prostitution égare…

Quand nous lisons le prophète Osée, nous pouvons nous rappeler que pour enlever ce penchant à l’idolâtrie qu’il qualifiait d’esprit de prostitution,  il a fallu la destruction du peuple et son exil. Les historiens attestent que quand Israël est revenu après cet épisode, le problème de l’idolâtrie avait été réglé. Mais au moment où le prophète parle, l’esprit de prostitution qui égare empêchait même le retour à Dieu. Terminons par une dernière lecture dans ce même prophète, au chapitre 14 les six premiers versets. Entendons-nous combien Dieu soupire après l’être humain ? Veillons donc sur notre cœur et nos pensées, cherchons à connaître les pensées de Dieu en ce qui concerne la foi, la piété véritable. Bâtissons sur le fondement. Et si quelqu’un s’est égaré loin de lui, qu’il revienne.