Pascal COLLET
Nous lisons dans la première épître de Pierre, au chapitre premier, le verset 17, et nous nous arrêtons sur cette expression de la fin du verset : «… durant le temps qu’il vous reste à passer sur la terre. »
Notre temps est donc compté ! Une échéance existe ! Ce fait, dans l’existence, n’est pas sans conséquence : nous préparons l’échéance, nous faisons la provision nécessaire, et nous procédons aux ultimes vérifications car tout doit être prêt. La difficulté au plan spirituel est la suivante : le moment de l’échéance est inconnu ; mais l’échéance elle-même est connue, puisqu’elle se résume en deux possibilités.
L’échéance du temps qu’il nous reste à passer sur la terre est d’abord représentée par la mort physique. Mourrons-nous « âgés et rassasiés de jours » ? Ou « subitement » (2 Pie 1/14) ? On a retrouvé cette inscription sur une pierre tombale concernant la mort : « je m’attendais à ce qu’elle vienne, mais pas aussi vite. » Toutefois, au-delà des incompréhensions que nous pouvons avoir, nous pouvons aussi dire que les chrétiens meurent toujours à temps (Ps 139/16). Au moment du dernier soupir, nous aurons donc épuisé notre capital temps. Mais nul ne sait quand surviendra ce dernier soupir. Il est donc impossible de tout miser sur les dernières minutes pour se tourner vers Dieu. Même si certains l’ont fait, parce qu’ils ont eu la possibilité de le faire, la sagesse commande de ne pas miser là-dessus. Et puis, outre cette raison, quel mépris n’y a-t-il pas de Jésus, qui serait dans cette hypothèse juste bon à nous assurer le salut éternel, salut dont nous n’aurions pas voulu avant ! Mais Jésus est digne de tout honneur dès maintenant, et Il est digne de l’honneur de nous sauver de nos péchés. C’est un grand privilège d’offrir à Jésus sa jeunesse, plutôt que de l’offrir au monde et à son prince.
L’échéance du temps qu’il nous reste à passer sur la terre est aussi représentée par le retour de Jésus, et notamment l’enlèvement de l’église selon 1 Thes 4/16-17. Nous n’en savons ni le jour, ni l’heure et j’ajoute : ni le mois, ni l’année, en pensant à tous ceux qui se livrent à de savants calculs, calculs qui ont été déclarés caducs avant même qu’ils n’existent ! Il vaudrait mieux que ces curieux se concentrent sur leur piété et leur sanctification. Dans le dernier chapitre de la Bible, à trois reprises le Seigneur dit : « je viens bientôt » (Ap 22/7; 12; 20). Quelqu’un a-t-il des problèmes avec ce « bientôt » ? Ne tarde t-il pas à venir ? Trois versets après notre texte d’introduction, Pierre écrit par le Saint Esprit que Christ a été manifesté à la fin des temps. Il y a donc 2000 ans environ, Sa venue a inauguré la fin des temps. Sachant cela, et aussi que Dieu ne compte pas le temps à notre manière, recevons pleinement ce petit mot « bientôt » concernant l’avènement de Jésus. Ce retour « figera » la situation de chacun : l’un sera pris, l’autre laissé.
Voilà donc les deux échéances incontournables du temps qu’il nous reste à passer sur la terre. Les premiers chrétiens aimaient l’avènement de Jésus, et le fait de « s’en aller et d’être avec Christ », pour cette raison : être avec Jésus. Aimons-nous ces choses nous aussi ? Ou bien, conditionnés par la mentalité ambiante, notre but n’est-t-il que le bonheur ici-bas ? Certes, la joie du Saint Esprit est quelque chose de réel pour le chrétien ; le bonheur d’être à Jésus, les délices de Sa présence en nous par le Saint Esprit. Mais quel est notre horizon ? Être bien installé dans l’existence, sans problème avec qui que ce soit , notre vie coulant comme un long fleuve tranquille… Notre texte de départ est rendu ainsi dans sa fin par la transcription parole vivante : «… comme des étrangers sur une terre d’exil ». Allons donc demander à certains de nos frères et soeurs en attente d’une régularisation de leur situation ici, si la vie qu’ils mènent dans cette attente est enviable. Serions-nous donc pleinement heureux dans le monde ? Notre patrie est là haut. Et finalement, le chemin étroit et rocailleux, les épreuves, l’opposition ne nous permettent-ils pas de soupirer après la maison du Père ?
Mais, ne sommes-nous pas prisonniers de notre passé ? Et alors, il serait difficile de se porter vers l’avant, vers ce temps qu’il nous reste à passer sur la terre. « J’ai toujours été comme ça » ; « ça ne m’a jamais quitté » ; à ces raisonnements, ajoutons un fait du passé qui projette son nombre sur le temps qu’il nous reste ici-bas. Or l’un des traits de l’Évangile, et bien que ce dernier provoque une rupture, soit par la conversion à Dieu, la repentance envers Dieu qui change notre mentalité et nous amène à nous détourner de toute mauvaise voie, la foi qui nous permet de saisir ce que Jésus promet à chacun afin de de le vivre. Paul écrit que l’homme nouveau se renouvelle selon l’image de celui qui l’ a créé. Une voix me dit que je vais reproduire mon passé, mais la Parole de Dieu me dit que je vais être renouvelé selon l’image de celui qui m’a créé ; choisissons qui nous voulons entendre.Faisons face à ce passé honnêtement et bibliquement ; admettons nos fautes humblement ; relevons-nous et portons-nous vers l’avant en Christ. « Sept fois le juste tombe, et il se relève… » (Prov 24/16). Dans ce texte, l’accent est mis sur le relèvement : et il se relève. Il y a une rupture avec le passé.
Ce temps qu’il nous reste à passer sur la terre doit être propice à affermir notre victoire sur le péché, le monde, la chair ; il doit être « plein de toute espèce de bien » ; il doit être propice au développement de la vie du Saint Esprit en nous ; il doit être marqué par une consécration solide, avec la joie de servir le Maître ; il doit être plein d’utilité pour le Seigneur et Son oeuvre. Je laisse à votre réflexion cette prière de Wesley : « Seigneur, ne me laisse pas vivre pour être inutile. »