Pascal COLLET
Nous lisons dans l’épître de Paul aux Ephésiens, au chapitre cinq, du verset 24 à la fin du chapitre.
Au verset 32, il est question d’un grand mystère, en rapport avec ce qui est dit précédemment, c’est-à-dire avec le mariage. En quoi consiste ce mystère ? Non pas dans l’alchimie quelquefois « mystérieuse » entre deux coeurs ; encore moins dans le nombre de participants ou dans le programme des « réjouissances »… Ce grand mystère, c’est que le mariage chrétien est la représentation visible d’un autre mariage, celui entre Christ et Son église.
Éclairons cela avec quelques passages bibliques, et allons d’abord dans la deuxième épître aux Corinthiens, au chapitre 11 et au verset deux. Que signifient ces fiançailles dont Paul parle ici ? Le livre des Actes nous relatant la fondation de l’église de Corinthe, nous permet de dire que les fiançailles représentent la conversion des Corinthiens à Dieu par leur foi en Jésus. Avant cela, ils avaient d’autres affections, mais leur conversion les a amenés à aimer Jésus et c’est cela qui est typifié dans ce verset deux.
Et après les fiançailles ? Il y a selon le texte lu au départ, tout ce qui touche à la préparation de la fiancée : »… la sanctifier en la purifiant et en la lavant par l’eau de la parole ». Car le but est bien de présenter cette fiancée à Christ comme une vierge pure. Et là, nous allons dans le livre de l’Apocalypse, au chapitre 19, les versets sept à neuf, et au chapitre 21, les versets deux et neuf ; nous avons là le mariage entre Christ et l’église/ épouse. Ainsi donc en ce qui concerne le mariage, ce ne sont pas seulement aux paroles de Christ que nous nous référons, mais aussi à Son oeuvre, et à Son propre « mariage ».
Le principe qui est au coeur de la relation entre Dieu et l’être humain, c’est l’alliance. La Bible rend témoignage à la fidélité perpétuelle de Dieu à Son alliance. Ceci est aussi vrai dans le cadre du mariage : Israël était appelé dans l’Ancien Testament l’épouse de Dieu, et Dieu est appelé l’époux d’Israël. Ézéchiel,Osée, ont plaidé pour Dieu auprès du peuple. Mais c’est dans Jérémie que nous allons maintenant, au chapitre trois, pour lire une suite de versets. D’abord le verset premier, puis des versets six à neuf. Allons ensuite aux versets 12 et 13, et concluons par les versets 21 et 22. Ce plaidoyer est terrible et beau à la fois. Israël/ l’épouse a été gravement infidèle à Dieu ; elle s’est prostituée à de nombreux amants, sans honte ni remords. Dieu l’a répudiée(v8), mais en même temps, Il la supplie encore de revenir avec repentance. Puis, des voix se font entendre : c’est le bruit de pleurs. Dieu invite encore au retour à Lui, promettant de pardonner, et finalement Israël/ l’épouse revient à Dieu. On pourrait lire aussi en écho dans le livre du prophète Esaïe au chapitre 54 les versets 5,6,7 et huit. Il y a donc quelque chose qui dépasse la colère, la souffrance, et ce quelque chose c’est l’alliance. L’épouse infidèle ayant tellement fait souffrir l’époux divin, et dans son péché, et dans son refus de le reconnaître, pourra néanmoins revenir si elle reconnaît sa faute, car Dieu est fidèle à Son alliance.
En dehors du contexte du mariage, bien des textes montrent cette fidélité de Dieu à son alliance. Une jeune fille d’Israël vient d’être visitée par le Saint Esprit et elle va porter l’enfant Jésus qui sera le sauveur donné par Dieu aux humains. La voilà qui célèbre Dieu pour Sa grâce, et à la fin de sa louange elle mentionne ce fait glorieux en rapport avec l’alliance de Dieu avec Abraham. Mais depuis Abraham, « l’eau avait coulé sous les ponts », et cette eau était plutôt sale ! Les siècles avaient passé, et la déchéance spirituelle, trait majeur de l’Ancien Testament aurait pu laisser penser que l’alliance de Dieu avec Abraham était devenue caduque. Il n’en était rien : Dieu est fidèle à Son alliance.
Récapitulons : Dieu est un Dieu d’alliance ; Il y demeure fidèle même si nous sommes infidèles. Il y a une alliance particulière, révélée dans le Nouveau Testament : c’est l’union entre Christ et l’église. Cette union spirituelle est étroitement mêlée par le Saint Esprit au mariage et à la vie du couple chrétien. Avec cet arrière-plan du mariage/alliance entre Christ et l’église, il vaut la peine de relire les textes bien connus de Jésus sur le mariage : Mathieu chapitre cinq, versets 31 et 32 ; chapitre 19, versets trois à 12 ;Marc chapitre 10, versets neuf à 12, et cette parole de l’épître aux Hébreux : « Que le mariage soit honoré de tous ».
Laissez-moi pour finir faire preuve d’un peu de folie ; l’alliance n’est-elle plus aujourd’hui qu’un contrat révisable ? Un pacs ? La fidélité est-elle maintenant « à géométrie variable » ? Le « oui » moderne s’apparente-t-il à un « non »?Christ flirte-t-il ? Son modèle est-il le concubinage ? La cohabitation ? Son mariage est-il un mariage « coup de coeur » ? Ce saint mariage repose-t-il sur la convoitise ? L’époux divin est-il frivole ? Christ divorce t-Il ? Se remarie-t-Il avec une autre que l’épouse ?
Aujourd’hui, tout est permis et rendu facile. Ce fondement du mariage est renversé et malmené y compris dans les églises chrétiennes. Mais les textes bibliques demeurent, et aussi l’exemple de Christ. Le couple chrétien reflète quelque chose de l’union entre Christ et l’église, et dans son fondement, et dans son vécu. Nul doute qu’il faille discerner ce qui est de la vie de la chair, et vivre pleinement, y compris dans ce domaine, la mort et la vie de Jésus. Une fois de plus, c’est donc Lui qui est au centre de ce grand mystère qu’est le mariage.