Pascal COLLET
Nous lisons au Psaume 37, les huit premiers versets, et nous retenons le début du verset huit : « laisse la colère… ». Le verset équivalent du nouveau testament se trouve dans l’épître aux Colossiens, au chapitre trois, le verset huit, le but de ces recommandations étant exprimé quant à lui dans l’épître aux Ephésiens, au chapitre quatre, le verset 31.
Nous pouvons dire que cette prédication de ce matin s’insère dans la suite des études bibliques du jeudi soir où nous apprenons ce que c’est que la marche selon l’Esprit. Certes, la croix n’a pas encore été abordée, elle qui est aussi au centre de la réalité de cette marche selon l’Esprit.
Le « refrain » du premier paragraphe du Psaume 37 est le suivant : « ne t’enflamme pas », ou « ne te chauffe pas ». Nous le retrouvons aux versets 1,7 et huit.
Il ne s’agit pas de devenir insensible à tout, « stoïque » dans le sens de la philosophie qui porte au stoïcisme; pas davantage de devenir lâche en espérant par manque de courage recevoir une certaine paix. Il faut encore ajouter ceci : il y a de justes colères. Ce qu’était devenu le temple de Dieu au fil du temps a provoqué la colère de Jésus, lui qui est par ailleurs doux et humble de coeur. Il a pris le temps de chercher et de trouver des cordes avec lesquelles Il a confectionné un fouet pour purifier le temple. En voyant cela, ses disciples ont fait le lien avec un texte de l’Ancien Testament : « le zéle de ta maison me dévore ». ( Jean 2/15; 17). La colère de Jésus touchait donc à l’honneur de Dieu, honneur qui était bafoué dans la maison mène qui Lui était pourtant dédiée ! Ces justes colères sont rares : nos colères ont d’autres causes, moins nobles car tournant souvent autour du « moi »
Laisse la colère, ou renonce à la colère. Ce qui frappe tout d’abord, ce sont les mots et leur sens évident. Laissez, c’est ne pas prendre avec soi, se séparer, abandonner. Ces mots étant les mots mêmes de Dieu, c’est donc bien ce que le Saint Esprit veut dire. Nous ne sommes pas quittes avec ces textes si nous en tirons le sens suivant : il n’est pas bien de se mettre en colère. Les mots de Dieu disent plus que cela. Ils visent à susciter de notre part une réponse dans une attitude précise et bien définie. Il nous faut « laisser », en tout temps, c’est-à-dire dès le moment où la Parole de Dieu devient notre boussole, dans une réponse générale mais sincère de notre coeur. Il nous faut « laisser » avant la colère, c’est-à-dire quand nous la sentons venir, afin de l’éviter. Il nous faut « laisser » après la colère, quand hélas nous lui avons laissé libre cours, mais qu’ensuite nous la confessons à Dieu. Il nous faut laisser la colère pendant un dialogue rendu nécessaire par des divergences, des différents, des questions qu’il faut poser etc.
Or, l’être humain peut chercher à justifier sa colère, ou à considérer comme quasi normal de vivre accompagné d’une animosité latente qui certes, ne se montre pas toujours, mais qui se montre quand la contrariété est là. De cette manière, certains ne laissent pas la colère, mais ils la prennent avec eux !
Venons-en maintenant à la difficulté, qui peut être aussi une diversion : l’autre. Celui dont il est question au verset premier du Psaume 37 : le méchant, celui qui fait le mal. Ajoutons aussi ce texte du livre des Proverbes au chapitre 24, et au verset 19. La difficulté est la suivante : il a fait du mal. Je ne parle pas là des scénarios que nous écrivons et qui appartiennent davantage aux soupçons qu’à la réalité. Je parle ici du mal réellement fait. C’est une vraie difficulté. De cette difficulté peut naître une diversion : il est responsable de ma colère. Ou encore dit autrement : s’il ne m’avait pas fait du mal, je ne me serai pas mis en colère. Ceci est une diversion. C’est une chose dont nous sommes persuadés qu’elle est juste, alors qu’elle est fausse : si la nature pervertie du méchant l’a amené à me faire du mal, c’est son affaire devant Dieu, mais si ma chair m’a emmené dans la colère, c’est mon affaire devant Dieu. Le principal obstacle à l’égard de la colère est là, dans cette diversion qui amène une absence de position claire, le genre de position qui nous pousse dans la prière de la foi en Jésus, et qui met donc en oeuvre tout le processus divin pour triompher de la chair. Ne laissant pas la colère, nous lui permettons de nous accompagner. Nous surprenons quelquefois dans des conversations des indices qui vont dans ce sens : l’un dira : « je suis comme je suis », ou encore : « avec mon caractère… ». Que veulent vraiment dire ces phrases, sinon que nous n’avons jamais laissé ce qui dans notre caractère aurait dû l’être depuis longtemps?
Laisse la colère… car, que produis-tu par elle ? Quelque chose d’édifiant ? D’utile ?
Laisse la colère… car ta santé en dépend, au plan psychique, moral, spirituel et quelquefois même physique.
Laisse la colère… car c’est chaque jour que tu choisis de t’établir sur le terrain que tu aimes : la chair ou l’Esprit. Dans l’énumération donnée des oeuvres évidentes de la chair en Galates 5/20, nous avons les animosités, c’est-à-dire les accès de colère. N’oublions pas que ceux qui vivent dans ces choses, qui les expérimentent de façon normale n’hériteront pas du royaume de Dieu. N’oublions pas que l’affection de la chair, c’est la mort, tandis que l’affection de l’Esprit, c’est la vie et la paix. ( Rom 8/6).
Laisse la colère… pour trouver d’autres centres d’intérêt permettant l’élévation de l’âme. Avez-vous remarqué que le premier paragraphe que nous avons lu du Psaume 37 place devant nous deux personnes bien différentes : celui qui fait le mal, et Dieu ? Comme si l’Esprit de Dieu nous disait : « à quelle personne vas tu t’arrêter ». Ce texte nous invite tout d’abord, alors que le méchant nous fait du mal à nous confier en Dieu (v3 et 5). Ce fut l’attitude de Jésus indiqué par Pierre dans sa première épître, au chapitre deux et aux verset 23. Mais il y a plus encore, car au verset quatre, le texte nous invite, alors que le méchant nous fait du mal, à faire de Dieu nos délices. Il faut vraiment le choisir ! Il est impossible de goûter les délices qui se rattachent à la personne de Dieu, à sa révélation, à Sa sainte présence, avec de l’animosité dans le coeur. Il nous faut donc réorienter le coeur pour sortir de l’hypnotisme provoqué par celui qui nous fait du mal.
Quel magnifique exemple n’avons-nous pas de cela dans le livre des Actes des apôtres, au chapitre 16. Les méchants de l’époque ont été pour Paul et Silas les maîtres de la servante qui venait d’être délivrée, puis les magistrats et aussi la foule qui se soulevait contre eux. Sévèrement battus, jetés en prison, mis aux fers, ils auraient pu repasser les visages et les paroles de ces méchants ! Il y avait de quoi faire ! Mais ils ont laissé la colère, et c’est pourquoi vers le milieu de la nuit, Paul et Silas priaient et chantaient les louanges de Dieu.
Autre chose est donc possible que la vie de la chair, autre chose de glorieux, autre chose qui présente Jésus.
Laisse la colère…