Pascal COLLET
Nous relisons le texte de dimanche dernier, dans l’épître de Jacques, au chapitre quatre, le verset 10.
Nous nous sommes arrêtés dimanche dernier sur l’élévation donnée par le Seigneur. C’est Sa réponse à notre humiliation, dont je reprécise qu’elle ne consiste pas à se déprécier ou à se dénigrer. Pour l’essentiel, on peut dire que s’humilier devant Dieu, c’est reconnaître son état et donc le confesser, et aussi demander de l’aide et du secours. Cette demande si naturelle, est quelquefois empêchée par l’orgueil.
À quoi Jacques pensait-il en écrivant cette parole inspirée par le Saint Esprit ?
Pensait-t-il à la non mise en pratique de la Parole de Dieu, mentionnée en 1/22 ? Pensait-il au favoritisme mentionné au début du chapitre deux ? Pensait-il a une foi étriquée, d’intention, théorisée, sans oeuvre, sans engagement, sans fruit, mentionnée dans la suite du chapitre deux ? Pensait-il au monde de l’iniquité, description réaliste d’une action hélas trop courante de la langue, mentionné au chapitre trois ? Pensait-il à l’esprit de dispute et au zèle amer mentionnés dans la suite du chapitre ? Pensait-il aux luttes et aux querelles mentionnées au début du chapitre quatre ? Ou à l’adultère spirituel consistant à aimer le monde ?
Bien des faits objectifs appuient l’exhortation à s’humilier devant Dieu. Jacques avait pleinement conscience que la réalité des chrétiens auxquelles il écrivait rendait nécessaire cette démarche. En dehors d’une vision partielle et donc faussée de la vie chrétienne, qui consisterait à en enlever la joie et la grâce, vision dont il ne faut se garder, n’y a-t-il pas aussi des raisons pour nous de nous humilier devant Dieu ?
L’église de Jésus-Christ est-elle pleinement réveillée ? Vit-elle sa sainteté à un haut niveau ? Possède-t-elle un réel discernement ? Exerce-t-elle habituellement la foi qui ôte les montagnes ? A-t-elle un coeur qui aime passionnément Dieu, Sa Parole, Son oeuvre ? Les relations fraternelles en son sein sont-elles bonnes ? Chaque disciple est-il devenu un gagneur d’âme ?
J’arrête là la liste de questions ; d’autre pourrait être ajoutées. Certes, soyons pleinement reconnaissants à Dieu pour tout ce qu’Il a fait en notre faveur jusqu’à aujourd’hui. Mais que cela ne nous empêche pas d’affronter la réalité telle qu’elle est. Nous pouvons conclure que nous aurions certainement nous aussi des raisons objectives pour nous humilier devant Dieu. Or, ceci existe peu dans nos assemblées, me semble-t-il. C’est donc il y a des empêchements !
Mettons-nous donc en garde contre :
– l’indifférence devant la Parole de Dieu, consistant à ne pas la prendre en compte pour ce qu’elle est.
– L’insensibilité qui s’installe. Lisons le verset neuf précédant notre lecture : « sentez votre misère… »
– Les vains combats : ils sont mentionnés par exemple au verset suivant votre lecture d’introduction : « ne parlez pas mal les uns des autres frères ». Il y a un lien entre le verset 10 et le verset 11 : quand on ne veut pas s’humilier devant Dieu, on tache d’humilier son prochain.
– Les faux Évangiles de l’estime de soi,de l’affirmation de soi, de la recherche de soi, toutes ces choses allant dans le sens contraire de ce qui est indiqué au verset 10.
– Un endurcissement tel, que Dieu pourrait nous dire comme il l’a dit à son peuple par le prophète Jérémie que nous ne connaissons pas la honte, que nous ne rougissons pas, que nous n’avons pas voulu avoir honte et que nous avons eu le front d’une femme prostituée (Jer 8/12; 3/3).
Il y a une famille spirituelle qui ne verra pas l’oeuvre de Dieu : elle est composée de tous ceux qui laissent établir les choses précitées. Mais il en est une autre, constituée au fil des pages de la Bible, dont je cite quelques membres. Allons dans l’Évangile de Luc, au chapitre sept, au verset 37 et suivants. Cette femme sur laquelle sont braqués les regards de ses adversaires pleins de mépris est-elle à plaindre d’être dans cette situation ? Non, bien au contraire ! Elle s’humilie devant Jésus et quels instants de grâce et de profond renouvellement de sa conscience pour elle ! Sans compter la joie dans ses pleurs, d’entendre Jésus dire à son sujet : « ses nombreux péchés ont été pardonnés ».
Allons au chapitre 15 pour y retrouver le récit du fils prodigue, et de son humiliation lorsqu’il a reconnu sa faute sans ambiguïté devant son père. Et quelle élévation pour lui ensuite ! Tournons quelques pages, et retrouvons le publicain du chapitre 18 : « ô Dieu, sois apaisé envers moi, qui suis le pécheur ». Lorsqu’il quitte le temple après s’être humilié devant Dieu, Jésus dit qu’il est justifié. Enfin, rendons-nous en pensée à la croix du calvaire, au chapitre 23 et aux versets 41,42 et 43. Quelle humiliation ! Et quelle élévation !
Il est nécessaire, salutaire et bienfaisant de répandre son coeur en la présence de Dieu. S’humilier devant Dieu, c’est tout dire à Jésus, c’est cesser l’évitement, la fuite, les combats laids, c’est choisir la vérité qui libère, et alors goûter la grâce de Dieu. Certes, il y a pour la chair un coût, mais quel gain !
Je dois terminer par cette mention supplémentaire : il est possible, je dis bien possible, donc pas certain, que pour nous humilier devant Dieu, nous ayons à le faire devant un humain. Je pense à Abraham, Sarah et Agar. Je passe sur les circonstances que nous connaissons, pour souligner le fait suivant : lorsqu’elle fut enceinte,Agar méprisa sa maîtresse qui, en retour la maltraita et l’amena à s’enfuir. Maltraitée par un humain,,Agar est rencontré par l’ange de l’Eternel qui l’ exhorte à s’humilier sous la main de sa maîtresse. J’entends nos protestations ! N’a-t-elle pas été maltraitée ? Et pourtant, son avenir,prévu aussi par Dieu, passe par cette démarche. C’est d’autant plus difficile à réaliser quand il y a, où qu’il y a eu un conflit.
En tout cela, n’oublions pas la promesse de Dieu : Il nous élèvera.