Pascal COLLET
Nous lisons ce matin dans la deuxième épître à Timothée, chapitre trois, verset 14. Aussi, au chapitre premier et au verset 13. Et encore, dans la première épître de Jean, au chapitre deux, et au verset 24.
Il est acquis que ceux dont il est question dans ces textes ont eu le privilège de naître de nouveau avec un enseignement biblique juste et complet, ce qui est un grand privilège pour eux comme pour nous. Il s’agissait donc pour eux de demeurer dans ce qu’ils avaient entendu, de le retenir. Nous avons ici comme un accent mis par la Bible sur le fait de demeurer c’est-à-dire, de rester dans la durée ou encore, de continuer à être. De quelle manière ? À la manière des vestiges, ou à la manière de Dieu lui-même ? Comme nous aimons ce trait de Sa nature appelée immutabilité ! Il reste identique à Lui-même, Il ne change pas, ni Sa parole, ni Ses voies. Comme Jacques l’écrit, il n’y a chez Lui ni changement ni ombre de variations. Cela fait partie des perfections de Dieu, qui non seulement ne change pas, mais n’a pas besoin de changer ou de s’adapter. Cette révélation de Dieu est nécessaire à la compréhension de tout ce qui va suivre, et explique le souci apostolique de demeurer dès le départ dans les voies de Dieu, dans l’enseignement de Sa parole.
D’où vient cette envie de changement ? Il ne semble pas que Dieu inspire de telles choses. Pierre écrit que « tout demeure comme dès le commencement de la création ». Dieu n’est pas une girouette. Il semble que cette frénésie de changement provienne d’une insatisfaction, mais alors, le problème est dans le coeur de l’insatisfait, et ce problème est un problème de qualité de communion avec Dieu. Une bonne communion avec Dieu est une source de constantes satisfactions. Le programme de la première église telle que la batît Jésus était simple : l’enseignement des apôtres, la communion fraternelle, la fraction du pain, les prières. Aujourd’hui, un tel programme ne semblerait pas suffisamment attrayant pour un certain nombre. Faut-il encore parler de » l’air du temps » ? Certains se préoccupent d’être dans le vent, d’être moderne, ce qui équivaut à une course perpétuelle et vaine.
Le changement produit quoi ? La qualité spirituelle est-elle au rendez-vous ? Car, pourquoi changer pour des choses de moindre valeur ? Les évolutions dans les églises amène-t-elle de meilleures conversions, une plus grande conviction de péché, de plus glorieux baptêmes dans l’Esprit, une plus grande sainteté de vie, une profonde consécration, une séparation plus nette d’avec le monde ? Car, il ne s’agit pas de chercher à se faire plaisir, mais de répondre aux critères de Dieu. Faisons un bilan honnête, sans idéaliser le passé mais en reconnaissant ce qu’il a été, et voyons ce qui est produit par nos petites idées.
Qu’en est-il des risques spirituels de ce changement ? L’apostasie concerne les églises. Elle consiste dans l’éloignement de la base. Nos idées de changement ne nous éloignent-t-elles pas du fondement de la révélation? ne dénaturent-t-elles par l’Évangile, auquel cas nous plongerions les auditeurs dans des illusions. Le roi Achaz voit à Damas un autel qui lui plaît ; il en fait construire une réplique pour le mettre dans la maison de l’Eternel. Cette adaptation avait quelque chose de logique, mais elle était spirituellement suicidaire.
Il y a certes un changement que Dieu veut et auquel Il travaille. C’est celui qui est issu du » Soyez transformés ». Voilà une évolution souhaitable. Ceci nous évitera de nous fossiliser, car » demeurer » pourrait aussi engendrer, si nous n’y veillons pas, de la religiosité. Mais nous voulons vivre la Bible et le Saint Esprit. À ce titre nous ressembleront au maître de maison qui tire de son trésor des choses nouvelles et des choses anciennes. Obéissant à la parole et oints d’une huile fraîche nous expérimenterons cet apparent paradoxe exprimé par Jean dans sa première épître, lorsqu’il parle d’un commandement ancien que les chrétiens ont eu dès le commencement, en ajoutant que ce commandement ancien est aussi un commandement nouveau. Alors, ancien ou nouveau ? Eh bien, les deux. Dans la vraie vie spirituelle, nous gardons ce qui est ancien mais l’expérience renouvellée en produit toujours quelque chose de nouveau.
Qu’en est-il du risque d’apparaître comme décalé par rapport à notre société ? Mais il me semble, que c’est là le témoignage de l’église fidèle de tous les temps. Lorsqu’elle est » sel de la terre », l’église ne ressemble à aucune autre société.
Demeurons dans les anciens sentiers. Vivons les avec l’assistance du Saint Esprit. Que ceux qui militent pour que l’église évolue acceptent maintenant de militer pour leur propre évolution en réponse au » soyez transformés » de l’Ecriture.