être vrai: quelques enjeux

Pascal COLLET
1 novembre 2009

être vrai: quelques enjeux

Nous lisons dans l’Évangile de Jean, au chapitre huit et au verset 44. C’est à des croyants que Jésus parle de la sorte, tant il est vrai que la filiation se prouve par le comportement. N’est pas fils d’Abraham ou de Dieu qui le dit !

En dehors de toute querelle politique, laissez-moi vous donner un tout petit aperçu de quelques faits divers de ces deux ou trois dernières semaines. Dans trois pays, le Gabon, l’Afghanistan, l’Iran, des élections ont eu lieu dont il est quasiment certain qu’elles ont été truquées. En France, un parti politique a aussi utilisé des combines dans l’élection de ses dirigeants. Un ministre visitant un supermarché est filmé entouré de femmes fort sympathiques dont on apprendra par la suite, qu’elles avaient été sélectionnées pour cela. Nous ne sommes plus surpris d’apprendre que telles statistiques sont arrangées. Tous les week-ends, nous voyons tel joueur de foot qui plonge systématiquement dans la surface de réparation adverse, ou hurle de douleur puis se relève dès qu’il a obtenu ce qu’il souhaitait. Un pilote de formule un envoi son bolide dans le mur pour faire gagner son compagnon d’écurie. Nous avons appris que plusieurs grandes entreprises avaient produit des comptes truqués. En plus de la fraude traditionnelle aux impôts ou aux cotisations sociales, une fraude aux départs à la retraite anticipée a été mise à jour. Dans une université du sud de la France, des étudiants chinois ont obtenu une licence sans parler un mot de français : on enquête, soupçonnant quelque arrangement. Dans la célèbre affaire Clearstream, difficile d’y voir clair et pour cause ! À tous ces faits d’actualité, on pourrait encore rajouter tant et tant d’autres faits touchant à tous les domaines de l’existence, à tous les âges (des enfants qui imitent la signature des parents sur le cahier de liaison, ou qui déchirent telle page trop compromettante pour eux).

On peut reprendre le constat fait par Osée le prophète concernant Éphraïm : « chaque jour il multiplie le mensonge et la violence ». C’est une véritable vague déferlante qui prépare et annonce l’arrivée de la dernière grande séduction des temps de la fin, dont Paul parle dans sa deuxième épître au Thessaloniciens : les êtres humains n’ayant pas reçu l’amour de la vérité seront conduits à croire au mensonge. Le terrain est bien préparé !

Je partage avec vous quelques enjeux de la vérité. Le premier  bien sûr touche à la destinée éternelle : dans Apocalypse 21/8, le seigneur atteste que de tous les menteurs rejoindront leur père spirituel dans l’étang ardent de feu et de soufre. Toute une vie de mensonge peut-être pardonnée et effacée par une authentique repentance  qui rendra efficace le sacrifice de Jésus. Le deuxième enjeu concerne la confiance que l’on peut se faire les uns aux autres, et donc que la qualité de nos relations fraternelles. La confiance est indissociable de la vérité : elle a besoin d’une attitude vraie, d’une parole sûre, de choix clairs, d’un comportement sans ambiguïté. Aujourd’hui dans notre société, le soupçon grandit en proportion du mensonge et on comprend bien pourquoi : à qui se fier quand tant mentent ?

Jacques dans son épître, nous invite en rapport avec la pratique de l’onction d’huile à confesser nos péchés les uns aux autres et à prier les uns pour les autres afin que nous soyons guéris. Au-delà de l’onction d’huile, il y a nécessité pour chaque chrétien de reconnaître ses torts, ses écarts, ses fautes, sans chercher à les cacher ou à les minimiser. Quelqu’un dira : « j’aurais trop peur de le faire ! » Mais nous devrions avoir peur du contraire, de la duplicité, de la fuite, choses tellement préjudiciables à la vie spirituelle. Dans ces circonstances, ce n’est pas un tribunal que nous rencontrons, nous ne sommes pas dans une concurrence malsaine, mais nous nous souvenons tous que nous sommes dans une démarche de perfectionnement, et nous pouvons vivre des liens d’honneur dans la simplicité.

Le dernier enjeu me semble être ce que j’ai appelé la force intérieure. Je me réfère au texte de la première épître de Jean, au chapitre trois et au verset 19. Voilà le message de la Bible : ce qui rassure notre coeur c’est la vérité. Mais voilà le message de notre nature : ce qui rassure notre coeur c’est le mensonge. Il faudrait cacher ou nier pour conserver les apparences en espérant y trouver un refuge. Mais le mensonge est un vain refuge. Il sera emporté par la grêle ou les eaux (Esaie 28/15-17).

Pourquoi notre assurance et notre force sont-elles liées à la vérité ? Première raison : c’est dans la vérité que nous trouvons la force paisible d’une bonne conscience. Je dis bien : paisible, n’ont pas passionnée ou bagarreuse. Deuxième raison : l’expérience de la restauration divine ne se fait jamais dans le déni mais toujours dans l’humble vérité. Que c’est bon d’être restauré après s’être égaré ! Troisième raison : dans la vérité nous sommes en accord avec l’Esprit de vérité et il y a donc communication de la force de cet Esprit. Quatrième raison : quand nous sommes dans la vérité, quelles accusations peuvent être retenues contre nous ? « Tu es faible ! » « Oui je le sais  je l’ai confessé ce matin à mon Seigneur et j’ai confiance en Lui. » « Te souviens-tu telle faute ? » « J’ai été  c’est vrai un insensé, mais j’ai confessé cette faute à mon Seigneur et j’ai cru à Son pardon. » Alors oui, dans ces circonstances le malin n’a aucune prise sur nous, et pour cause : son fonds, c’est le mensonge.

Je conclus en vous rappelant que Paul écrivant à Tite appelle Dieu : le Dieu qui ne ment pas. N’êtes-vous pas heureux d’avoir à faire avec le Dieu qui ne ment pas ? Quel bonheur ! Quel repos ! Mais aussi quel appel : la filiation se prouve par le comportement : « ô Dieu, toi qui ne ments pas, déteint sur moi. Entraîne-moi ta suite dans la vérité ».