Pascal COLLET
Il y a une expression qui revient 164 fois dans les épîtres de Paul, et cette expression est : « en Christ » ou une expression équivalente. Il y a certainement là une insistance du Saint Esprit, qui n’est hélas, pas toujours suivie d’effet ou d’enseignement dans les églises. Nous lisons maintenant quelques textes en commençant par la deuxième épître aux Corinthiens, au chapitre 12 et au verset deux ; « un homme en Christ » telle est la manière dont Paul se définit lui-même. Aujourd’hui, nous dirions : un chrétien. Lisons encore dans l’épître aux Romains, au chapitre 16, les versets trois, 7,8, 9,11. Tous ces textes simples nous renforcent dans la conviction qu’être en Christ, c’est être chrétien. Peut-être vaut-il mieux le dire de façon contraire : être chrétien, c’est être en Christ. « Si quelqu’un est en Christ, il est une nouvelle créature ; les choses anciennes sont passées, voici toutes choses sont devenues nouvelles ». (2 Cor 5/17). Quand pensons-nous être chrétien ? Il y a diversité et abondance de réponses à ce genre de question ; pour certains, il s’agit d’aller à l’église, pour d’autres de mener la meilleure vie morale possible, ou encore de lire la Bible, ou d’être baptisé. Toutes ces choses sont bonnes et justes mais risqueraient de ressembler à un écrin vide : le bijou, c’est Jésus-Christ ! Nous ne voulons pas d’un bel écrin sans le bijou. En Christ : c’est là un fait unique dans le monde religieux. Cette manière de définir la relation entre un être humain et son dieu n’appartient qu’à la révélation biblique. Bouddha, Confucius, Mahomet etc. sont considérés comme des maitres par leurs adeptes, mais aucun de ceux-ci ne sont « en Bouddha, Confucius etc. ».
Allons maintenant dans la première épître aux Corinthiens, au chapitre 15 et aux verset 22. Le Saint Esprit établit ici un contraste qui regroupe tous les êtres humains en deux grandes familles : ils sont en Adam, où ils sont en Christ. Par notre naissance naturelle, nous sommes tous en Adam qui, je le fais remarquer au passage, était croyant ! Sa chute est notre chute, sa séparation d’avec Dieu est notre séparation d’avec Dieu. En Adam, nous avons la perdition, l’égarement, la volonté propre et le châtiment. Étant nés en Adam, nous pouvons « devenir » en Christ par l’Évangile, ceci n’étant pas seulement un nouveau statut, ce qui serait peu de choses, mais une nouvelle identité, une vie nouvelle.
Comment comprendre le sens de cette expression ? Elle n’a pas un sens spatial : à l’intérieur de…, Comme nous sommes « dans » le lieu de culte maintenant ; mais elle signifie que nous sommes unis à Jésus par une relation personnelle étroite et particulière, puisqu’on peut même l’appeler une relation vitale, organique. Allons maintenant au chapitre six de l’épître aux Romains, qui dans son début est consacré au baptême chrétien. Ce baptême est appelé aux verset 3 un baptême » en Jésus ». La pensée intimement liée au baptême chrétien et celle d’un témoignage qui accompagne l’engagement : ce témoignage consiste en ce que le baptisé est devenu une personne en Christ par sa foi. Le baptisé a au préalable entendu l’Évangile ou lu la Bible. Il a reçu ce message, et a accueilli Jésus comme son sauveur personnel. Le Saint Esprit a agi pour transformer sa vie. Il est bien question d’une expérience de mort avec ou en Jésus: il est mort à la domination du péché, à la vaine manière de vivre, aux idoles, à un certain style de vie passée. Il est aussi question de résurrection avec ou en Jésus: il a reçu une vie nouvelle, il marche en nouveauté de vie. Nous comprenons pourquoi ce baptême est en Jésus. Notons encore le verset cinq qui dit une chose stupéfiante : ce baptisé est devenu une même plante avec Jésus, lui qui auparavant en était tout l’opposé ! Quelle oeuvre de grâce du Saint Esprit dans et pour le salut! Et nous comprenons « l’étroitesse » de cette relation personnelle indiquée par l’expression qui nous arrête : une même plante !
En passant, je mentionne l’intelligence que Paul a eu du mystère de Christ tel qu’il lui a été révélé. Car Paul n’a rien inventé : Jésus lui-même a comme inauguré cet enseignement et nous pouvons le voir dans l’Évangile de Jean, au chapitre 15, dans ses premiers versets. Il est le cep, ses disciples d’alors et de maintenant sont les sarments attachés, greffés au cep. Ils sont, nous sommes en Jésus. Et en lui, nous sommes bénis de toutes les bénédictions spirituelles qui ont été rassemblées par Dieu dans la personne de Son Fils, et qui nous sont donc données en Jésus. Il faudrait relire le chapitre premier de l’épître aux Ephésiens dans lequel plusieurs de ses bénédictions du monde invisible de la réalité spirituelle divine sont mentionnées.
Pour finir, je tire deux conséquences parmi d’autres du fait que nous soyons en Jésus. La première est tirée du texte de l’épître aux Romains, au chapitre 12 et au verset cinq. Un individu devient un moment de son existence en Jésus par la foi. Mais il n’est pas seul à vivre cette expérience, et les « plusieurs » qui vivent la même expérience forment ensemble un corps spirituel en Jésus. Et, ajoute l’apôtre, ils sont tous membres les uns des autres. Pour illustrer ceci dans un français incorrect mais choisi sciemment pour respecter le texte biblique, je dirais maintenant en me contentant des premiers rangs à ma droite que personnellement, je suis membre de mes frères Yvan, Philippe, François, et membre aussi de mes soeurs Patricia, Édith, Julie, Cinthia… C’est une des conséquences de notre identité personnelle en Jésus. Lorsqu’il est question de membres, le plus couramment c’est pour que nous disions à quelle assemblée nous appartenons. Mais ceci peut aussi être une commodité pour nous : je suis membre de telle assemblée, je participe à son culte chaque dimanche matin, mais je ne connais pas grand monde du peuple chrétien de cette assemblée, je n’en porte aucun fardeau , je vis tranquillement et seul ma vie chrétienne ! Ce modèle commode fait fi de la réalité du corps spirituel qui est l’église en Jésus.
La deuxième conséquence nous fait retourner dans les paroles de Jésus en Jean 15 : «… demeurez en moi… ». L’effort doit porter là. Par la foi, nous avons été « mis » en Jésus, et il nous recommande de veiller à y demeurer. C’est un aspect crucial de notre communion avec Dieu en Son Fils ; ne rien accepter qui voilerait cette communion, et empêcherait la vie, les pensées et les dispositions de Jésus d’être notre partage pour porter un bon fruit qui sera de plus en plus abondant, avec aussi l’intervention du sécateur du Père qui est le vigneron, et qui sait émonder la vigne pour lui faire porter plus de fruits.