Pascal COLLET
Nous lisons dans l’épître aux Philippiens, au chapitre deux, le verset cinq. Avec ce verset, nous continuons à regarder les belles attitudes produites en nous par le Seigneur Jésus-Christ. Il est certain que Christ est en tout un modèle ; mais ici, un aspect de sa personne est davantage mis en relief : celui indiqué dans les versets six à huit, auxquels il convient d’ajouter la lecture du verset quatre. Deux mots peuvent être extraits de ces textes : obéissance et dépouillement. Or, notre nature oppose à ces mots concernant Jésus le désir de ne faire que notre volonté, et le rejet de tout ce qui nous « dévalorise ». L’exhortation du verset cinq n’en prend que plus de valeur : ayez en vous les sentiments qui étaient en Jésus-Christ.
Qu’a représenté ce dépouillement pour Jésus ? Il ne s’est pas dépouillé de sa condition divine, mais Il a manifesté la nature de Dieu dans la forme d’un serviteur. Ce passage à la condition de serviteur par obéissance, représente pour Jésus un abaissement inouï. Il s’est dépouillé de la gloire céleste, des richesses éternelles qui étaient les siennes (Il s’est fait pauvre de riche qu’Il était), et, à la croix, Il s’est dépouillé de cette relation particulière qu’Il avait avec son Père lorsqu’Il a supporté la colère divine sur le péché dont Il s’était chargé.
Dans cette même épître, nous retrouvons ces sentiments qui étaient en Jésus-Christ dans des êtres humains qui ont été d’authentiques disciples de Jésus.
D’abord : l’apôtre Paul. Lisons au chapitre premier, les versets 20 à 24. Avec Christ au-delà de la mort physique est effectivement de beaucoup le meilleur : Christ est l’être aimé du chrétien ; tout en sa personne est admirable ; prés de Lui dans l’attente de la résurrection, c’est aussi laisser les maux divers et nombreux au profit d’un total repos. Paul était donc persuadé que le mieux qui pouvait lui arriver était de mourir en Christ. Et pourtant, ce n’est pas le choix qu’il fait, pour autant évidemment que cela dépende de lui. Il évoque au verset 22 son utilité pour l’œuvre ; au verset 24 le fait que les Philippiens soient la cause du désir de continuer à servir Dieu. Or il place donc les intérêts de l’Évangile et du prochain avant les siens, et pas dans un domaine mineur ! Voilà un homme qui ne considérait pas ses propres intérêts mais ceux des autres, et qui avait en lui les sentiments qui étaient en Jésus-Christ.
Parlons maintenant de Timothée, en lisant au chapitre deux les versets 19 à 22. Tout d’abord, Timothée fut un jeune converti dont la piété était telle qu’il a reçu un bon témoignage des frères de Lystre et d’Icône ( Act 16/2). Puis, ayant été appelé par le Seigneur à le servir, le moment est venu pour lui de se consacrer au service de l’Évangile avec l’apôtre Paul. Il a été de la sorte mis à l’épreuve, ou plus précisément, il a fait ses preuves. Il était donc prêt pour une tâche « de confiance » que personne d’autre n’était en mesure d’accomplir : être envoyé par Paul dans l’assemblée de Philippes pour lui donner des informations concernant leur piété. Dans le langage de vérité de la Bible, il n’est pas caché les zones d’ombre : elles sont ici mentionnées aux versets 20 et 21, ce dernier expliquant le premier. Les chrétiens entourant Paul à ce moment cherchaient leurs propres intérêts et non ceux de Jésus-Christ, de telle sorte qu’il n’avait personne pour partager ses sentiments à l’égard des chrétiens de Philippes. À ce moment, il est bon d’ajouter la lecture d’autres textes qui se trouvent dans la première épître aux Corinthiens, au chapitre 10, le verset 24 puis le verset 33, et au chapitre 13, le verset cinq. Or, notre « vieux fond » cherche son intérêt. Quelquefois d’une manière légitime, par exemple par tout ce qui touche à l’instinct de conservation, mais aussi par l’emprise de la chair. C’est en faisant miroiter un faux intérêt (« vous serez comme Dieu »), que le diable est parvenu à briser la communion de l’être humain avec son Dieu. Ainsi, ces versets en disent beaucoup plus qu’il ne le semble : ils indiquent une réorientation profonde opérée chez ceux qui marchent selon l’Esprit. Les voilà qui se soucient des intérêts de Jésus-Christ, ou de l’avantage du plus grand nombre afin qu’ils soient sauvés.
Pour en rester à des choses simples, et en les survolant seulement, regardez comment des programmes d’église peuvent contribuer à cette réorientation : nous célébrons un culte d’adoration, qui a du sens parce que nous aimons Dieu pour lui-même. Nous ne sommes pas dans une logique comptable, d’échanges mais bien dans une logique désintéressée dans l’adoration qui est en Esprit et en vérité. Cet après-midi, nous consacrerons 1 heure pour notre réunion d’évangélisation qui n’est bien sûr pas tout ce que nous pouvons faire pour évangéliser, mais nous viendrons non pas pour nous-mêmes, mais pour les perdus, dans leur intérêt. Il se trouve qu’après cette réunion cet après-midi, nos jeunes ont eu à cœur d’aller visiter les personnes âgées qui sont privées du rassemblement. Ils vont aller voir un couple, chanter quelques beaux cantiques qui vont faire du bien à ces frères et sœurs. Si j’interrogeais chacun des jeunes en demandant s’il n’y a pas autre chose à faire, je suis certain que chacun des jeunes aurait quelque chose d’autre à faire, soit de plaisant, de reposant ou pourquoi pas du travail. Faut-il considérer ses propres intérêts, ou ceux des autres ? Notre réunion de prière du mardi est aussi une manière pour nous d’apprendre à prier les uns pour les autres, ce qui est aussi une preuve que nous nous soucions de l’intérêt des autres.
Enfin, parlons d’Epaphrodite, et allons au chapitre deux, pour y lire les versets 25 à 30. Il avait préalablement été envoyé par l’assemblée avec quelque don pour l’apôtre. En accomplissant ce service, il était tombé gravement malade, puis le Seigneur l’avait relevé. Paul entend maintenant le renvoyer à Philippes pour que les chrétiens soient pleinement rassurés à son égard. Le verset 30 souligne qu’il a exposé sa vie ; ce n’est bien sûr pas la seule mesure que nous ayons dans le domaine de la consécration aux intérêts de Jésus-Christ et du prochain. Il est même probable que nous n’aurons jamais à exposer notre vie. Pour autant,, d’autres occasions existent montrant notre sollicitude pour l’œuvre de Christ, ce fait étant aussi mentionné en rapport avec l’attitude d’Epaphrodite. Les intérêts de Jésus-Christ ! L’œuvre de Christ !
Il s’agit bien d’obéissance et de dépouillement, d’un dépouillement qui a été la raison de la glorification qui a suivi. Il est donc possible que, ne vivant plus dans et par la chair, nous laissions le Saint Esprit agir en nous, afin qu’on retrouve en nous, c’est-à-dire dans nos dispositions, nos attitudes, nos engagements, quelque chose des sentiments qui étaient en Jésus-Christ.