Pascal COLLET
Nous lisons dans le livre du prophète Esaïe, au chapitre 40, les versets 27 à 31, et nous retenons l’interrogation du début du verset 28 : « ne le sais-tu pas ? Ne l’a-tu pas appris » ? Ici, l’apprentissage spirituel aurait dû être un secours pour Israël dans les temps difficiles.
Allons maintenant dans la première épître aux Thessaloniciens, au chapitre quatre, le verset premier. Paul a donc enseigné (v 2) et vécu. Remarquons la direction de son enseignement comme de sa vie : elle est marquée par la relation avec Dieu, d’où l’apprentissage pour plaire à Dieu. C’est donc dire déjà que Dieu est une personne importante dans la vie de tout disciple, et que ceci amène le disciple à s’interroger sur cet « Autre », soit avant de décider quelque chose, soit quelquefois après avoir décidé, car apprendre c’est aussi reconnaître les erreurs commises, les torts, les mauvais choix, et recommencer de la bonne manière. Après avoir voulu ramener l’arche en son lieu, David a été en colère contre Dieu à cause de Son jugement. Puis, plus tard, il a recommencé la démarche mais cette fois-ci de la bonne manière.
Retenons encore de ce verset qu’il s’agit d’apprendre, de faire, de marcher de progrès en progrès. Un très grand violoniste de renommée internationale, bien que devenu âgé travaillait encore son instrument de six à 8 heures par jour. Interrogé sur ce fait par un jeune violoniste, il lui a répondu qu’il consacrait encore tant de temps à l’entraînement parce qu’il croyait il pouvait encore progresser !
Restons dans l’épître aux Thessaloniciens, restons au chapitre quatre, mais allons maintenant au verset neuf.
Apprendre à aimer ? ? ? Il pourrait nous sembler qu’on n’a pas besoin d’apprendre à aimer, vu qu’aimer nous semble quelque chose de spontané et peut-être même d’incontrôlable. Mais comme tout ce qui est spirituel, la pratique passe par l’apprentissage. Voyons ce que nous avons à apprendre en matière d’amour fraternel au travers de trois textes. Le premier se trouve dans la deuxième épître de Jean, les versets cinq et six. Nous savons que lorsqu’il s’agit d’aimer Dieu, la Bible nous ramène au fait d’aimer Ses commandements; mais ici il s’agit d’aimer les frères et soeurs en la foi. Cependant, nous sommes aussi ramenés aux commandements de Dieu. Pour dire donc que toujours, Dieu doit être au centre et Sa volonté doit primer. On ne peut donc pas aimer bibliquement un proche contre la Parole de Dieu : l’aimer ainsi ne serait qu’un amour sentimental.
Le deuxième texte se trouvant aussi dans la deuxième épître de Jean, mais au verset premier.
Aimer dans la vérité. Imagine-t-on Jean aimer les séducteurs dont il parle au verset sept ? L’imagine-t-on fréquenter amicalement ceux qui vont plus loin et ne demeure pas dans la doctrine de Christ (v 9 à 11) ? Imagine-t-on Paul aimer les loups cruels qui n’épargneront pas le troupeau ( Act 20/29), où les hommes qui enseigneront des choses pernicieuses pour entraîner les disciples après eux (v 30) ? L’imagine-t-on au plaisanter avec Hyménée et Philète dont la parole rongeait comme la gangrène et qui s’étaient détournés de la vérité ( 2 Tim 2/17-18) ? L’imagine-t-on partager de bons moments avec les gens qui troublaient les Galates en altérant l’Évangile de Christ ( Gal 1/7-8) ? Et pourtant, nous n’avons pas avec ces hommes de Dieu des hommes au coeur pollué par le ressentiment, l’animosité, le zèle amer, l’esprit de dispute…
Il faut donc dire que la communion fraternelle n’est pas toujours possible avec qui se réclame pourtant de Jésus. Je voudrais encore ajouter ceci à propos de remarques qu’on a entendue ici ou là, du style : « il ne m’aime pas » : et si c’était exactement le contraire ? Tant il est vrai qu’aimait dans la vérité réclame quelquefois du courage car la chose est rarement comprise !
Le troisième texte se trouve dans l’épître aux Romains, au chapitre 13, le verset 10. Aimer le prochain, c’est donc éviter ce qui lui fait du mal, et plus encore : rechercher son bien réel. C’est donc dire que ce frère ou cette soeur comptent pour nous, et pas pour peu de choses, puisque nous nous soucions de lui ou d’elle. Le verset deux du chapitre 15 apparaît comme stupéfiant, tant il oppose un principe opposé à ce que nous sommes par nature. Dans le livre des Juges, nous retrouvons comme un leitmotif l’expression : « chacun faisait ce qui lui semblait bon ». Voilà la nature humaine ! Le moi en est la substance. Mais, pour qui apprend du Christ, où pour qui apprend Christ lui-même, le Saint Esprit établi autre chose : Jésus n’a pas cherché ce qui lui plaisait ( v3) et à Sa suite, les Siens s’interrogent sur leur prochain afin de lui plaire pour ce qui est bien. Voilà l’amour fraternel.
Ce souci se déclinera dans la prière pour l’autre,, par amour. La chair peut demander : « priez pour moi ». Mais priez pour l’autre par amour pour lui, c’est autre chose. Vous qui avez demandé que l’on prie pour vous, ce qui a été fait, n’oubliez pas que la chose a été rendue possible parce que d’autres que vous ont à coeur de venir aux réunions de prière.
L’amour fraternel nous conduit à servir, mais avec un coeur pur.
Et puis, pour que les bonnes choses ne disparaissent pas au fil des ans, je cite le texte qui se trouve dans l’épître aux Romains, au chapitre 12, le verser 10 : les prévenances réciproques. Il s’agit donc de témoigner d’égards, de montrer de la considération. Il y a une manière d’estimer le prochain parce qu’il est notre frère en la foi. Il fut un temps où les chrétiens prévenaient de leurs absences en vacances pour éviter au pasteur de s’inquiéter…
Ce ne sont que trois textes ! Ils ne représentent qu’un aperçu de l’amour fraternel. Mais devant ces trois textes, n’avons-nous pas besoin d’apprendre à nous aimer les uns les autres ? Rien de ce qui est évoqué dans ces textes n’est inné : nous avons besoin de l’apprendre aux pieds du Maître.
Et voilà la grande nouvelle, vraie pour les chrétiens de Thessalonique comme pour nous : nous allons apprendre de Dieu, du Dieu qui est amour, du Dieu au grand amour, puisqu’il a donné Son fils bien-aimé pour des ennemis ! Cet apprentissage spirituel nous liera davantage encore à la croix, vécue comme une puissance de transformation de l’être, car amenant la chair à sa place, et ouvrant la voie à une vie par le Saint Esprit.