Pascal COLLET
Nous lisons dans le livre des Actes des apôtres, au chapitre 19, les versets un à 10, puis les versets 18 à 20.
C’est pour nous une précieuse indication que de voir de quelle manière le Seigneur agissait et agit aujourd’hui encore. À ce titre, le verset 20 est précieux : la Parole de Dieu croissait d’une certaine manière. Arrêtons-nous sur celle-ci. Relisons le verset 18 ; j’en donne la traduction dans la version « français courant » : « beaucoup de ceux qui étaient devenus croyants venaient avouer à haute voix le mal qu’ils avaient fait. »
Il n’y avait là rien d’institué, d’organisé et encore moins de contraint. On pourrait parler d’une sainte spontanéité qui a quelque chose à nous dire : ce fait est révélateur d’une attitude nouvelle face au mal, en précisant bien que le mal est d’abord son propre péché; nous savons où nous sentons que c’est cette attitude qui doit être produite par l’Évangile. Cette attitude nouvelle manifestée par la confession publique des péchés est à la fois incroyable et normale : incroyable car elle va clairement à l’encontre des multiples stratégies de « défense » organisée par notre nature par rapport à notre péché, mais normale car la Parole d’un Dieu Saint qui déteste le péché ne doit-elle pas produire exactement ce genre d’attitude ? Ce texte peut nous rappeler un autre épisode biblique tel qu’il est mentionné dans l’Évangile selon Matthieu, au chapitre trois, les six premiers versets. Alors que ni le messager ni le message n’étaient attirants, des foules entières viennent entendre Jean-Baptiste, sa parole vraie marque les consciences, celles-ci sont comme éveillées au péché qui est confessé avant que ces personnes ne soient baptisées. Nous n’avons là « que » le baptême de repentance, qui n’est pas encore le baptême chrétien, « au nom de Jésus » pour bien le différencier du baptême de Jean. Mais si le précurseur a un message qui produit de tels fruits, qu’en sera-t-il du sauveur dont il était chargé de préparer le chemin ? Si le prophète amène à la repentance, qu’en sera-t-il de celui qui est venu après lui et qui est plus puissant que lui ?
Il n’y a, je le répète, rien d’institué. Aucun rapport non plus avec une forme de psychologie collective qui peut du reste rapidement devenir malsaine par l’évocation sans retenue ni pudeur du mal. Mais ce fait mentionné en rapport avec la croissance de la Parole de Dieu à Éphèse ne doit-il pas nous amener à ne pas sous-estimer l’action du Saint Esprit qui convainct de péché ? Le coeur non convaincu, c’est-à-dire celui qui résiste à cette action de l’Esprit Saint se reconnaît facilement : il cache le péché, l’excuse, le défend, le minimise, le compare. Au contraire, le coeur visité et convaincu a besoin de dire, mais c’est là la seule persuasion du Saint Esprit. Il ne s’agit pas par cette confession de se faire valoir, de se mettre en avant, ou de se dénigrer ; mais il y a là comme une nécessité spirituelle en rapport avec un réel renouvellement intérieur. On peut l’expliquer brièvement de la façon suivante : le Saint Esprit a opéré une prise de conscience salutaire : nous voyions comme Dieu voit, et à ce moment-là, le mal, notre péché nous devient insupportable ; la croix de Jésus nous attire ; tels que nous sommes nous venons à Lui et nous avons besoin de dire des mots qui vont traduire notre position nouvelle. Voilà ce coeur nouveau, et quelle oeuvre ! Qu’entendons-nous aujourd’hui y compris hélas dans nos églises ? « Tout le monde le fait ; il faut bien dire avec son temps ; Dieu est bon (sous-entendu : ce problème de pêché est dérisoire) ». Comparez ces raisonnements avec ce qui s’est passé à Éphèse : quelle est la pensée et l’oeuvre du Saint Esprit ? Il est évident que l’Esprit de Dieu ne peut tout simplement pas inspirer de semblables raisonnements
Allons maintenant dans l’épître aux Ephésiens, au chapitre cinq, les versets 10 et 11. Ces versets concernent la vie chrétienne. Par amour pour notre Sauveur, nous nous inquiétons de ce qui Lui est agréable, et, nous sommes donc forcément amenés à prendre position contre ce qui lui est désagréable. «… condamnez-les. » Quand avez-vous pris parti clairement et sans ambiguïté contre votre péché quel qu’il soit ? L’apôtre Jacques, en rapport avec la pratique de l’onction d’huile, n’invite-t-il pas les chrétiens à confesser leurs péchés les uns aux autres, et à prier les uns pour les autres afin qu’il soit guéris (Jac 5/16) ? Certes, la sagesse est nécessaire pour préserver la bienséance. Certainement, nous avons besoin d’une attitude plus franche et plus tranchée avec nos propres fautes. Cela participe aussi de la grande oeuvre pour laquelle le Jésus est venu, et qui consiste à ôter les péchés, à les ôter par le pardon divin accordé à ceux qui se repentent, et par le renouvellement intérieur produisant une attitude nouvelle face au péché.
Avec le texte biblique de départ, j’enfonce le clou pour conclure, et vous ramène au verset 19. 50 000 pièces d’argent représentaient à l’époque le salaire de 50 000 jours de travail d’un ouvrier agricole, ou encore 150 années de travail d’un ouvrier. Ces livres avaient donc une grande valeur financière, et cette valeur donne du sens et du poids au geste qui a consisté à les détruire. Il est somme toute assez facile de se séparer de ce qui ne vaut rien, il est plus difficile de se séparer de ce qui a de la valeur. Si vous avez acheté votre piercing au marché de Melun à 3,50 €, il vous sera facile de l’enlever quand Jésus fera de vous ses disciples. Mais si vous avez acheté ce diamant fort cher place Vendôme à Paris, que ferez-vous ? À Éphèse, le mouvement du Saint Esprit dans les coeurs par la Parole de Dieu a mené les nouveaux disciples à ne pas faire de quartier avec le péché ou l’idolâtrie. Qu’il en soit de même pour nous ! Le texte d’Esaïe 30/22 va dans ce sens-là: il y est question des idoles, c’est-à-dire de choses qui ont eu de la valeur à un moment donné. Mais le coeur est réveillé ; l’idole devient insupportable et l’argent et l’or qui la recouvrent aussi ! Entendez les mots nouveaux de ce coeur réveillé : « hors d’ici ! » Voilà l’Évangile. Et puisqu’il est question de livres d’art magique, ne faudrait-il pas visiter nos bibliothèques, puis nos discothèques ou nos « cdthéques », et pourquoi pas aussi nos penderies ! Mais les visiter en laissant Jésus nous prendre par la main et Son Esprit nous dire tout ce qu’il faudrait mettre hors de notre coeur et de notre maison.
« C’est ainsi que la parole du Seigneur croissait en puissance et en force. »