Le renoncement fut pour Jésus une condition impérative sans laquelle il n’aurait pas été en mesure de nous sauver. Il devait aller jusqu’à la croix pour rendre son pardon efficace.
Il fallut que celui qui est de toute éternité descende et naisse dans la chair d’un enfant « emmailloté et couché dans une crèche » (Luc 2/7).
« La Parole faite chair » (Jean 1/14) dut apprendre à parler.
« Le Roi des rois et Seigneur des seigneurs » (Apo. 17/14) fut obligé de passer par les stades de tous les êtres humains ; il grandit « en sagesse, en stature et en grâce devant Dieu et devant les hommes » (Luc 2/52).
– Renoncer à être justifié.
Alors qu’il pouvait invoquer son Père qui lui aurait donné « à l’instant plus de douze légions d’anges » (Mat. 26/53), Jésus s’est laissé arrêter dans le jardin de Gethsémané. Traduit devant le tribunal de Pilate, il ne prononça pas un seul mot qui pût l’innocenter (Mat. 27/4).
Il devint ainsi pour chacun de nous l’Agneau sacrifié.
Pardonner est une chose, mais renoncer à être justifié pour des accusations mensongères peut paraître difficilement acceptable.
Alors qu’il était captif, Joseph, le fils de Jacob fut accusé d’avoir voulu violenter l’épouse de son maître. Les pleurs et les vociférations de cette femme le conduisirent en prison pour deux longues années (Gen. 39/7-20).
Nous pouvons lire tout le livre de la Genèse, nulle part il n’est question de la justification de Joseph devant les hommes.
Son élévation jusqu’à occuper la seconde place du pays d’Egypte est largement commentée. Il devint riche, honoré et respecté, mais aucune mention n’est précisée concernant sa douloureuse histoire.
– Renoncer à son honneur.
Huschaï l’arkien est un exemple incontestable (Sam. 15/30-37 ; 16/15-19).
Lorsque le roi David dut fuir devant la prise de pouvoir de son fils Absalom, il demanda à son ami Huschaï de se rendre auprès de ce fils perfide afin de contrer les conseils criminels d’un des hommes les plus influents de l’époque. Son affection pour David le fit passer pour un traître. « Voilà donc la loyauté que tu as pour ton ami » lui dit Absalom. Quelle moquerie ! Quelle douloureuse situation pour un homme aussi fidèle.
Ecole bien difficile mais nécessaire que celle du renoncement. Jésus l’a subie pour nous.
Laurent Van de Putte