L’exagération

Parlant d’une personne qui fut cause de tristesse pour l’église de Corinthe, l’apôtre Paul, toujours désireux d’être mesuré dans ses propos, écrira : « pour ne rien exagérer » (II Cor. 2/5). En grec, ce mot signifie : poser un fardeau sur…

L’exagération amplifie les réalités. ‘En voulant agrandir les petites choses, elle les fait paraître plus petites encore.’ (D’Alembert)

‘Tout ce qui est exagéré est insignifiant’. (Talleyrand)

Toujours nuisible, elle s’éloigne de la vérité pour inclure une part de mensonge, même si elle est exprimée avec les plus nobles sentiments. Pourquoi amplifier une mesure à laquelle les circonstances ont donné une certaine valeur ?

De plus, elle compromet l’action du Saint-Esprit dans bien des domaines.

Toutefois, ne confondons pas l’exagération et la répétition voulue pour intensifier une vérité. Répéter deux fois la même phrase ou le même nom peut leur conférer une mesure supérieure. Jésus ne disait-Il pas : En vérité, en vérité… ? Nous retrouvons fréquemment cette forme d’expression dans les Saintes Ecritures.

Dans certaines assemblées évangéliques, il arrive qu’un même chœur soit chanté plusieurs fois (plus vite, puis plus fort, ensuite plus lentement, en murmurant). J’apprécie beaucoup cette façon d’interpréter, mais, à une condition, celle de ne pas oublier que l’exagération risque d’exprimer une sorte de manipulation. Ce qui favorise dans un premier temps l’action du Saint-Esprit peut, à cause de l’exagération, provoquer une manipulation psychologique. Parvenu à ce point, je n’adhère plus du tout et ressent comme beaucoup de personnes un malaise tentant de me gagner. Favoriser un bien-être spirituel, oui ! Essayer de l’amplifier au-delà de la volonté du Seigneur, non !

Pour quelles raisons ajouter, broder et surestimer ? Les causes sont à découvrir au niveau de nos motivations. L’exagération finit trop souvent par rimer avec la fanfaronnade, la vantardise et l’outrance.

L’utiliser dans les félicitations et les honneurs présentés s’avère souvent préjudiciable. Elle comporte une semence de fausse satisfaction. Un exemple : Le roi Hérode haranguait publiquement des Tyriens et des Sidoniens. « Le peuple s’écria : Voix d’un dieu et non d’un homme. Au même instant, un ange du Seigneur le frappa parce qu’il n’avait pas rendu gloire à Dieu » (Act. 12/22-23). Les honneurs exagérés du peuple ne l’y poussaient certainement pas.

Trop de sel rend la nourriture immangeable. Trop d’intensité lumineuse finit par aveugler. Une juste mesure est le lot des personnes sages.

Laurent Van de Putte