Peut-on parler de grands et de petits péchés ? Oui, puisque la Bible emploie les termes de « grand péché », de « si grand péché », de « péché énorme », de « péché éternel », etc.
Concernant le Seigneur Jésus, quelle que soit la gravité du péché, ses conséquences demeurent identiques. Pour un meurtre ou un simple larcin, pour un viol ou l’écart d’un instant, il a porté la faute jusque dans la mort.
Quant aux conséquences vis-à-vis de nous ou des autres, elles sont différentes. Voler votre pain ou votre bicyclette me semble moins préjudiciable, sauf cas exceptionnels, qu’incendier votre maison ou vous estropier à vie.
– Sommes-nous réellement capables d’analyser la gravité d’un péché ?
‘J’aurais pardonné n’importe quoi mais pas cela’ est un langage à proscrire. L’analyse humaine si limitée ne peut donner une mesure au péché, comme elle est incapable de concevoir l’énormité de notre culpabilité individuelle. La sensibilité émoussée de l’homme, sa connaissance imparfaite des personnes et de leurs motivations, lui font perdre le sens exact d’une vraie justice. L’émotivité qui fait vibrer certains êtres devant un exploit sportif ne provoque pas toujours un tremblement perceptible face à une actualité dramatique. Entendre le récit des mêmes accidents, des mêmes conflits, des mêmes crimes, des mêmes horreurs finit par altérer le regard de beaucoup. Que l’information braque l’objectif de ses caméras sur un sujet pendant quelques jours et les personnes sont touchées. Puis le silence jette son manteau et tout semble oublié.
– Notre éducation nous a orienté vers une certaine échelle des valeurs qui n’est pas toujours celle adoptée par nos voisins de palier. Nos différences de culture ne contribuent pas à nous faire rendre un jugement similaire.
– Autre aspect qui fausse nos opinions : Parce que nous péchons tous d’une manière ou d’une autre, notre notion de la justice se trouve obligatoirement affectée.
– L’importance de l’offense ne rend pas le pardon plus ou moins difficile.
Combien de chrétiens sont prompts à pardonner pour des traumatismes douloureux, alors que d’autres éprouvent quelques difficultés face à une parole futile. C’est souvent dans de telles situations que Dieu nous aide à tester notre degré spirituel, à faire la différence entre la spiritualité affichée et la spiritualité réelle.
– Un pardon généreux sans conditions préalables. ‘Si mon mari cesse de boire, je pardonnerai ses incartades’. ‘Si mon fils travaille mieux à l’école…’ Si, si, que signifient ces conditions ?
Le pardon que nous accordons doit être le fruit d’une grâce inconditionnelle.
Laurent Van de Putte