La multiplication des pains et des poissons peut être mise au compte des faits exceptionnels. Les disciples les ont distribués eux-mêmes. Les résultats du miracle se trouvaient dans leurs mains. Quelle émotion, quels sentiments indescriptibles n’ont-ils pas ressentis !
Il est normal de se complaire dans une telle atmosphère.
Dans une autre circonstance, Pierre ne voulait pas redescendre de la montagne. Voir Jésus transfiguré, métamorphosé, s’entretenir avec Moïse et Elie l’avait propulsé vers un inconnu spirituel si éloigné de nos conditions et de nos expériences terrestres. (Luc 9/28-36).
Et que dire de l’apôtre Paul, « ravi jusqu’au troisième ciel » (II Cor. 12/2) ? Ce serviteur reçut des visions et des révélations, « entendit des paroles ineffables qu’il n’est pas permis à un homme d’exprimer » (II Cor. 2/4).
Quel enthousiasme pour les disciples aux premiers jours de la Pentecôte !
Nous-mêmes, n’avons-nous pas été remués au tréfonds de notre cœur à l’issue d’une réunion intense ou d’une expérience intime ?
Nous aimerions que ces situations se prolongent, ne jamais les quitter, demeurer sur place.
Mais la vie et le service continuent.
Aussitôt, sans permettre le moindre temps d’attente, avant même d’avoir renvoyé les foules (Mat. 14/22), Jésus obligea, dut contraindre ses disciples à monter dans une barque pour rejoindre l’autre rive. Lui-même se retira sur la montagne pour prier. Ils allaient rencontrer la tempête sur le lac de Tibériade.
Tous ces moments déclenchant l’enthousiasme n’accordent pas la moindre place à une euphorie paralysante. Il nous faut constamment affronter les réalités d’ici-bas.
Pierre, Jacques et Jean étaient à peine descendus de la montagne qu’ils durent rencontrer la souffrance en la personne de l’enfant victime de ténèbres occultes. (Mat. 17/14-18).
Nos plus belles expériences ne doivent pas engendrer des regrets, mais nous offrir des souvenirs fortifiant notre foi en Dieu, notre reconnaissance et nos actions de grâces vis-à-vis de sa personne, et nous aider dans la participation à son œuvre avec un dynamisme toujours renouvelé.
Laurent Van de Putte