Pascal COLLET
Nous lisons tout d’abord dans l’Évangile selon Matthieu,au chapitre 23, le verset 12. Nous avons là un principe spirituel posé par Dieu, une de ces « voies de Dieu » qu’il est avantageux à l’être humain de connaître. Ce principe est posé, mais il est peut-être encore un peu flou, c’est pourquoi nous allons faire une deuxième lecture, qui se trouve dans l’Évangile selon Luc, au chapitre 18, tout d’abord le verset 14. Le principe est le même, mais il est ici énoncé en lien avec une pratique qui nous intéresse : en effet, avec cette parabole, nous sommes au temple, au moment de la prière, avec 2 hommes. Lisons ce qui concerne le premier d’entre eux aux versets 11 et 12. À l’évidence, cet homme s’élève lui-même. En effet il exprime de lui une haute opinion, ce qui l’amène à « marcher sur » le prochain. En quoi consiste alors son abaissement tel qu’il est annoncé dans le principe biblique qui nous intéresse ? L’abaissement de ce croyant ne consiste pas en ce qu’il a été frappé par Dieu, jugé ou mis à nu. Simplement, il n’est pas exaucé par Dieu. Mauvais il est entré dans le temple, mauvais il en ressort. Rien n’a changé, bien qu’il ne soit venu au temple pour prier Dieu, et qu’il se soit adressé à Lui. Voilà son abaissement présent.
Et qu’en est-il du deuxième homme ? Lisons le au verset 13. Ce publicain s’abaisse : il se présente devant Dieu avec un cœur contrit. Il se repent : ses mots sont justes et peu nombreux. En quoi consiste son élévation, toujours selon le principe énoncé précédemment ? Son élévation consiste dans le fait que Dieu a exaucé sa prière : il est sorti du temple justifié nous dit Jésus. Quelle élévation effectivement ! Ce texte préfigure la justification du coupable telle qu’elle sera pleinement réalisée en Jésus-Christ, par sa mort expiatoire, nous permettons de devenir en Lui justice de Dieu.
Mais la Bible se fait encore plus précise en rapport avec notre principe de ce matin : lisons maintenant dans l’épître de Jacques, au chapitre quatre, le verset 10. La même chose est écrite par Pierre dans sa première épître, au chapitre cinq, et au verset six. La précision est la suivante : il n’est pas seulement question d’une élévation qui suit l’abaissement, mais ces textes nous disent clairement que cette élévation est l’œuvre du Seigneur. Puisqu’elle est l’œuvre du Seigneur, nous pouvons donc écarter tout ce qui autrement, pourrait être associé à une élévation : le vedettariat, le désir d’avoir son nom en haut de l’affiche, l’ambition etc. Dieu n’agit jamais dans ce sens là. Bien sûr, nous n’oublions pas, même si je n’insiste pas ce matin sur cet aspect du principe, que l’élévation opérée par le Seigneur est sa réponse à notre humiliation devant Lui. Je dirais globalement que l’humiliation de l’être humain devant Dieu est le fait de trouver la position juste pour chacun par rapport à sa vie et à son comportement.
Dieu élève celui qui s’humilie. Il l’a fait pour Son Fils : lisons les textes suivants : Act 2/33; 5/31; Phil 2/9. Ce qui nous intéresse ce matin c’est la partie spirituelle de l’élévation. Pour nous, le Psaume 38 dans son verset 34 a aussi un accomplissement spirituel dans l’alliance dans laquelle nous sommes. Le nouveau testament ne déclare-t-il pas que les disciples de Jésus sont assis avec Lui dans les lieux célestes ? Qu’ils sont également concitoyens des cieux ? Qu’ils sont attirés là où est Jésus maintenant, et que cela les amène à s’affectionner aux choses d’en haut et à les rechercher ? Ce langage spirituel concorde donc avec le principe biblique qui nous intéresse ce matin.
Cette élévation spirituelle opérée par Dieu concerne d’abord notre position : nous sommes « devenus sauvés » ! Elle concernera également tous les aspects de la piété : la foi, la qualité de notre communion avec Dieu, le fait d’être utilisé par Dieu, et bien évidemment notre comportement. On peut dire que très souvent, nous sommes placés devant le dilemme suivant : bassesse ou hauteur. Notre caractère est concerné, la manière que nous avons d’affronter les problèmes, les déceptions, les afflictions, les conflits. Nous ne les abordons pas de la même façon si nous connaissons l’élévation opérée par le Seigneur. Notre manière d’être avec notre prochain est concernée, y compris par rapport aux torts de celui-ci. Notre manière d’aborder nos propres fautes, et plus généralement d’aborder le mal. « Prendre de la hauteur » ; « en sortir par le haut ». Ces expressions s’accordent tout à fait avec ce dont il est question ce matin.
L’élévation opérée par Dieu est une réalité : lisons ou relisons les récits des réveils authentiques des temps passés pour voir comment, après avoir été souvent brisés par la puissance de Dieu, des êtres humains ont vécu cette élévation glorieuse. C’est donc une réalité, mais une réalité menacée, comme pour ceux auxquels Jacques écrivait son épître. En effet, il y mentionne l’acception de personnes, la foi sans les œuvres, les méfaits de la langue, la sagesse terrestre se manifestant par un zèle amer et un esprit de dispute, les convoitises, l’amour du monde, et ajoutez à tout cela, juste après le texte lu au verset 10, l’exhortation à ne pas parler mal les uns des autres. Pourquoi cette exhortation suit-elle immédiatement celle du verset 10 qui nous invite à nous humilier devant le Seigneur pour qu’Il nous élève ? Quand on ne veut pas s’humilier devant Dieu, on s’efforce d’humilier le prochain en parlant mal de lui. C’est bien le mal qu’il faut surmonter, où comme j’aime à le dire, c’est sur le mal qu’il faut monter, pas sur le prochain !
Une réalité menacée mais cependant toujours offerte ! C’est à une église, l’église d’Éphèse dont nous connaissons la naissance et le développement par les écrits du nouveau testament, que le Seigneur s’adresse en lui demandant de se souvenir d’où elle est tombée. Cette église était tombée : elle avait connu l’élévation spirituelle opérée par le Seigneur, mais elle n’était plus sur ces hauteurs là quelques années plus tard. Toutefois, le Seigneur laisse clairement entendre qu’elle peut retrouver cette élévation si elle choisit de s’humilier devant lui.