Pascal COLLET
Nous lisons tout d’abord dans la première épître de Jean, au chapitre trois, le verset 16.
Qu’ils sont heureux ceux qui peuvent dire qu’ils ont connu l’amour en ce que Jésus-Christ a donné sa vie pour eux ! Qu’ils aient été auparavant humainement aimés, entourés, aidés… mais découvrir ensuite l’amour qui surpasse tout amour… Qu’ils n’aient pas été aimés, ou qu’ils aient été mal aimés, et voilà que c’est l’amour divin qui vient remplir et combler leur cœur ! Quoi qu’il en soit en effet, nous sommes avec ce texte en face de la connaissance la plus haute qui soit de l’amour le plus élevé qui soit : Jésus a donné sa vie pour nous.
Allons justement à la croix. Là, Jésus a prononcé sept paroles. Or, les trois premières ont concerné son prochain. La première parole montrait sa préoccupation pour ses propres bourreaux ( Luc 23/34) ; la seconde était l’exaucement de la prière du brigand repentant ( Luc 23/43) ; et la troisième visait au bien-être futur de sa propre maman ( Jean 19/26-27). Nous voyons donc Jésus préoccupé par son prochain et les besoins de celui-ci. Ce n’est pas la première fois que Jésus manifestait cette disposition : combien de fois n’a-t-il pas été ému de compassion… Mais ici, il subit les terribles souffrances physiques et morales de la croix. Nous savons que la souffrance physique nous enserre dans son étau au point qu’il est très difficile pour nous d’en faire abstraction. Mais Jésus, souffrant sur la croix manifeste encore son amour pour le prochain au travers des paroles citées il y a quelques instants. Nous avons là une traduction concrète et étonnante de l’exhortation de Paul aux Philippiens : « que chacun de vous, au lieu de considérer ses propres intérêts, considère aussi ceux des autres. » (2/4). Non seulement Jésus va à la croix pour nous, mais sur la croix, Il manifeste encore son souci du prochain.
Cette préoccupation du prochain, essayons de la retrouver dans quelques expressions bibliques. Tout d’abord, allons dans l’épître aux Romains, au chapitre neuf, le verset deux. L’état de perdition de ses parents selon la chair, c’est-à-dire des juifs, plonge Paul dans la tristesse et le chagrin. Ajoutons une lecture au chapitre 10 et au verset premier. Ce souci du prochain se traduit forcément en prière. Allons maintenant dans l’épître aux Galates, au chapitre quatre, le verset 19.« de nouveau » : ce n’était donc pas la première fois que Paul éprouvait quelque souffrance avec eux. Ces souffrances étaient celle de l’enfantement : une première fois pour les amener au salut. La chose en effet n’est pas toujours simple : elle peut même passer par la souffrance. Et une seconde fois à cause du danger dans lequel les chrétiens de Galatie s’étaient retrouvés. Allons maintenant dans la deuxième épître aux Corinthiens, au chapitre 12, le verset 15. Aimer son prochain, c’est se dépenser pour lui : de l’attention, du temps, du cœur… sont ainsi donnés comme une dépense. Lisons dans l’épître aux Philippiens, au chapitre deux, le verset 17 puis le verset 20. Aimer son prochain peut amener à quelques sacrifice, et toujours à prendre une situation à cœur. Enfin lisons dans la première épître aux Thessaloniciens, au chapitre deux, le verset huit. Une vive affection pour le prochain ! La volonté de lui donner l’Évangile et même sa propre vie ! Voilà donc quelques expressions bibliques de la préoccupation pour le prochain.
Il faut maintenant dire que cet amour n’est pas naïf ; la naïveté serait par exemple de penser que puisque nous aimons notre prochain, nous serons forcément aimés et appréciés en retour, ou bien que tout ira bien. Or les choses sont rarement comme ça ! Il y a toujours un risque dans l’amour. Ne partons donc pas avec cette attente là, mais en même temps, que la réalité,qui est que le monde est dur aujourd’hui ne nous empêche pas d’aimer. Je relisais le livre « le réveil qu’il nous faut » et je cite cet extrait en rapport avec l’amour du prochain : « cet après-midi, après plusieurs heures passées dans l’intercession, je ne pouvais que sangloter devant le Seigneur : ils sont perdus ! Ils sont perdus ! » Voilà ce que nous appelons la passion des âmes, ou encore le fardeau des âmes, car il y a un tel souci, une telle préoccupation du devenir de ces âmes que cela devient un fardeau. Comme nous aimerions que cette passion soit le partage de tous les disciples de Jésus. Ceci nous amène à considérer que c’est l’amour qui est le ressort de notre témoignage. N’avez-vous jamais été étonné par la réaction pleine de spontanéité, de foi, et de préoccupation de son prochain de cette petite fille dans le deuxième livre des Rois, au chapitre cinq, et au verset trois ? Son maître est bien responsable de son exil ; c’est par sa faute qu’elle a été arrachée aux siens et à son existence de fillette. Et pourtant, elle souhaite la guérison de son maître ! J’ajoute un témoignage contemporain : le 18 avril 2007,Necaty Aydin, Ugur Yuksel et Tilmann Geske qui travaillaient à la maison d’édition chrétienne à Malatya en Turquie, ont été agressés par cinq jeunes extrémistes musulmans qui les ont torturés et égorgés. Le procès dure depuis plus de 7 ans… La veuve de Necati témoigne que sa vie a été détruite car son mari était l’amour de sa vie. Mais elle ajoute que l’amour de Jésus surpasse tout, et que c’est ce qui lui permet de tenir. Lorsqu’elle est retournée à Malatya pour y chercher ses affaires, cela a ravivé ses plaies. Néanmoins, elle a trouvé la force de rendre visite à ses voisins musulmans pour leur parler de l’amour de Jésus et de son pardon, et leur donner à tous un nouveau testament.
Notre réunion d’évangélisation de 15:30 a été conçue dans cet esprit. Chaque chrétien témoigne de Jésus par amour pour le prochain, et une réunion s’insère dans cet élan pour donner l’occasion aux âmes qui le veulent de venir entendre la prédication de l’Évangile et de bénéficier de la prière. C’est le souci du prochain qui a pendant longtemps soutenu et nourri cette réunion. Aujourd’hui, dans de trop nombreux nombreux endroits, ce souci du prochain a laissé place à des préoccupations personnelles ou à de l’indifférence… C’est un centenier qui était attaché à l’un de ses esclaves qui a engendré une démarche vers Jésus pour ce dernier ( Luc 7/2).
Le contraire de ce qui vient d’être dit est moins le ressentiment et l’animosité, choses dont toutefois notre cœur doit être purifié, que l’indifférence issue elle-même de l’égoïsme annoncé prophétiquement par l’apôtre Paul comme marquant les temps de la fin ( 2 Tim 3/2). Avez-vous remarqué comme tout aujourd’hui nous pousse à être amoureux de nous-mêmes, centrés sur nous-mêmes, polarisés sur nos difficultés ou nos désirs ? Quelle ornière spirituelle !
« Epaphras nous a appris de quel amour l’Esprit vous anime ! » ( Col 1/8). Dans tout ce qui précède, il ne s’agit pas de l’amour humain bien trop limité, mais de l’amour divin rendu manifeste dans nos cœurs par là seule animation qui vaille : celle du Saint Esprit. Aux Romains, Paul parle de l’amour de l’Esprit ( Rom 15/30). Voilà ce qu’il nous faut pour aimer notre prochain à la ressemblance de Jésus.