Pascal COLLET
Nous lisons dans le livre des Actes des apôtres, au chapitre 14, les quatre premiers versets. Arrêtons-nous plus particulièrement sur le verset deux. En voici quelques traductions :… excitèrent et irritèrent les esprits… provoquèrent de mauvais sentiments… suscitèrent de l’hostilité et de la malveillance. Et la traduction la plus proche du texte : excitèrent et rendirent mauvaises les âmes des païens.
Quels pouvoir ! Rendre l’âme du prochain mauvaise !
Cette situation d’Icone mérite deux approches complémentaires et différentes : d’abord, mon âme a-t-elle été rendu mauvaise, où est-elle menacée de l’être ? Et ensuite, aurais-je rendu une âme mauvaise ?
Le problème de la première approche nous ramène aux fréquentations que nous avons. Certaines sont obligées, et pour celles-ci, il nous faut une grande sagesse pour à la fois faire honneur à l’Évangile, et ne pas exposer notre âme à des influences mauvaises. Mais d’autres fréquentations sont choisies.
Le texte lu concerne tout d’abord l’accueil fait par les êtres humains à l’Évangile. Ce n’est pas le seul texte dans le nouveau testament qui nous montre des êtres humains incrédules cherchant à entraver l’œuvre de l’Évangile chez leurs prochain. À Paphos, le proconsul Sergius Paulus à désiré entendre la Parole de Dieu, et a fait appeler Barnabas et Saul pour cela. À ce moment-là,Elymas a fait opposition cherchant à détourner de la foi le proconsul. ( Act 13/8). Jésus quant à Lui a interpellé les docteurs de la loi, car non seulement ils ne voulaient pas entrer dans le royaume, mais ils empêchaient d’entrer ceux qui le voulaient ( Luc 11/52). Il peut donc arriver que l’appel solennel de Dieu au salut soit étouffé, contrecarré, écarté. Toutes sortes de stratégies peuvent exister, et parmi celles-ci le dénigrement de l’Évangile pour rendre l’âme mauvaise à son égard.
Mais le fait ne peut pas être cantonné au seul accueil fait à l’Évangile : il peut toucher les dispositions à l’égard du prochain, et donc du service, de la prière… comme il peut aussi concerner le péché. Trois scènes de la Bible vont nous aider à y voir clair. La première se trouve dans le chapitre 12 du premier livre des rois. Roboam succède sur le trône à Salomon. Une délégation du peuple vint alors lui présenter une demande légitime ( v4). Pour y répondre,Roboam va faire un choix malheureux, laissant de côté le sage conseil des vieillards, et prenant à son compte le mauvais conseil des passions de la jeunesse des jeunes gens qui avaient grandi avec lui et qui l’entouraient. Son âme fut rendue mauvaise par ces jeunes gens,, et cela aboutit à la division du royaume.
Une autre scène se trouve dans le même livre, mais au chapitre 21 et au verset 25. Pourquoi Achab a-t-il été si loin dans le mal ? Une partie de l’explication nous est donnée dans ce verset : sa femme, Jézabel,, l’y excitait. Dieu a conçu le couple pour que les conjoints puissent se corriger mutuellement dans l’amour, et donc se bonifier avec le temps. Le modèle de ce couple est bien loin du vécu selon Dieu, puisqu’une femme a rendu mauvaise l’âme de son conjoint.
La dernière scène se trouve dans l’épître aux Galates, au chapitre cinq et aux versets sept à 10. Quelqu’un a donc troublé les chrétiens de Galatie, et avait réussi à rendre leurs âmes mauvaises. Leur histoire avec le Seigneur et avec Paul, après de bons débuts, menaçait de diverger vers quelque chose d’autre, de moins bon. Paul atteste de cette histoire dans ses débuts : elle était belle. Lisons dans le même livre au chapitre quatre et aux versets 14 et 15. Il y avait donc un vrai bonheur, écho du bonheur que l’on trouve quand on rencontre Jésus, que le poids du péché est enlevé, que nous découvrons la valeur de la Parole de Dieu, que nous faisons nos premiers pas dans la foi… Quelqu’un les avait troublés, de telle sorte que Paul leur demandait s’il était devenu leur ennemi en leur disant la vérité ( v16).
Nous avons donc à veiller sur notre âme, ce qui implique aussi de veiller aux personnes à qui nous donnons un certain pouvoir d’influence sur elle. Redisons avec la Parole de Dieu que l’homme qui ne marche pas selon le conseil des méchants, qui ne s’arrête pas sur la voie des pêcheurs, et qui ne s’assied pas en compagnie des moqueurs est heureux, surtout s’il trouve son plaisir dans la Parole de Dieu ( Ps 1/1-2).
La deuxième direction de notre approche nous amène à nous interroger personnellement sur le fait que nous aurions pu rendre l’âme de notre prochain mauvaise. Dieu a dit à Caïn après que celui-ci se soit laissé aller à l’irritation et au meurtre : « Qu’as tu fait? », Sous-entendu : à ton frère. Comment pourrions-nous rendre mauvaise l’âme de notre prochain ? En faisant partie de ceux qui suppriment l’un de ses plus petits commandements, ce qui est déjà une chose mauvaise, mais qui en plus enseignent aux hommes à faire de même. ( Mat5/19). En étant directement un vecteur de tentation pour notre prochain ( Deut 13/6-8). En donnant un mauvais exemple à imiter ( Phil 3/17-18). En laissant notre langue, enflammée par la géhenne transporter ce feu dans une âme qui nous écouterait. Avant de parler, nous devrions faire passer au tamis de la vérité, de la bonté, de l’utilité les paroles que nous pensons prononcer. C’est une bonne méthode pour apprendre à parler moins et mieux. Bien sûr, derrière ces paroles il y a un cœur, dans lequel il peut y avoir un zèle amer et un esprit de dispute. Or nous ne disputons pas seul, mais avec un prochain dont nous rendons l’âme mauvaise par ce moyen. Alors que la Parole de Dieu nous invite à couvrir les fautes qui sont des offenses personnelles que nous avons supportées, pour quelle raison prenons-nous quelquefois du plaisir à les découvrir en les partageant avec notre prochain et en rendant ainsi son âme mauvaise ? ( Prov 10/12; 1 Pi 4/8). Dieu peut nous dire à nous aussi : qu’as tu fait de ton frère ?
Au-delà du choix de ce que nous voulons vivre, et de la vigilance à apporter à la pureté de notre cœur, je ne peux pas conclure ce message sans parler de notre compagnie avec Jésus. Jésus est parfaitement saint, tout en lui est digne, vertueux et honorable. Sauvé par sa grâce, nous sommes appelés à sa communion. Comment imaginer alors qu’Il ne nous influence pas ? Qu’il ne déteigne pas sur nous ? C’est lui que nous retrouvons quotidiennement dans la Bible. C’est à sa présence que nous avons part dans nos rassemblements comme dans notre lieu secret. Or, sa présence c’est lui-même, tel qu’Il est. Notre compagnie avec Jésus ne peut donc que rendre notre âme bonne. Chérissons cette compagnie, et que l’on puisse voir que nous vivons avec Jésus.