Pascal COLLET
Nous lisons au Psaume 107, les versets 33 à 35.
Dieu fait une œuvre, et l’œuvre inverse. Il change les fleuves en désert, les sources d’eau en terre desséchée, le pays fertile en pays salé, et Il change aussi le désert en étang, et la terre aride en source d’eau. Son œuvre préférentielle est bien la seconde : d’autres textes des Écritures nous le montrent, nous en lirons certains, et puis nous remarquons que la première œuvre de Dieu dans ce texte est causée par le péché des êtres humains. Mais ce texte qui nous présente deux œuvres de Dieu possibles nous pose finalement la question : quelle œuvre voulons-nous que Dieu fasse pour nous et en nous ? Car, il y a une application spirituelle autorisée par la Bible elle-même à ses textes : lisons dans le livre du prophète Esaïe, au chapitre 44, le verset trois.
Il est donc question pour nous du dessèchement spirituel, et de la fraîcheur spirituelle dans notre vécu avec Dieu maintenant, et dans notre destinée ! Lisons la parole de Jésus dans l’Évangile selon Jean, au chapitre 15 et au verset six. Il sèche, il est ramassé et brûlé…
Ajoutons deux autres lectures, toutes deux dans le livre du prophète Osée. D’abord au chapitre six, le verset trois, puis au chapitre 14, le verset cinq. Dieu lui-même se présente comme le Dieu vivifiant, sous la forme d’une rosée ou d’une pluie, que celle-ci soit par ailleurs celle de la première ou de l’arrière-saison. Dans les deux textes, cette action vivifiante est consécutive à un retour du peuple à Lui. Évoquons aussi le texte du livre des Proverbes, au chapitre 25 et au verset 25. Comment ne pas penser avec ce texte à la bonne nouvelle de la Parole de Dieu, et plus particulièrement à l’effet qu’elle peut avoir dans un cœur ? Nous rejoignons ici les paroles dites par Moïse : « que mes instructions se répandent comme la pluie, que ma parole tombe comme la rosée, comme des ondées sur la verdure, comme des gouttes d’eau sur l’herbe. » ( Deut 32/2).
Qu’évoque la fraîcheur spirituelle ?
Cet « allant » pour les choses de Dieu ; cette bonne et franche volonté ; cette joie à servir, à prier, à témoigner, à répondre à la Parole de Dieu ; cette disposition à obéir de bon cœur ; cet attrait pour la vie spirituelle. Mais aussi, cette clarté de pensée : le cœur est simple (dans le bon sens du terme), ce genre de cœur qui est gardé indemne des faux raisonnements, des stratagèmes, des ruses, des ressentiments. Et encore : cette communication du Saint Esprit, autant repérable dans le chant, la prière, l’attitude même, avant, pendant, après les réunions, et plus généralement dans la conduite.
Quelles sont les causes du dessèchement ?
Toute conduite « inadaptée ». L’expression est large, à dessein. Mettons-y : le refus d’obéir à la Parole de Dieu ; le mauvais caractère ; les paroles mauvaises ; les décisions prises sous le coup de la colère et sur lesquelles nous ne voulons pas revenir ; les griefs accumulés. L’emprise de la chair est aussi une cause du dessèchement : lisons dans le livre du prophète Jérémie, au chapitre 17, les versets cinq et six. Ici, la chair nous ramène à la confiance en nous-mêmes. Dans d’autres textes, elle est présentée sous d’autres facettes. Le refus de la repentance est une cause du dessèchement spirituel : David l’exprime de façon inspirée mieux que personne au Psaume 32. Il relate son état durant le temps où il a voulu cacher sa faute, et il reconnaît que dans ce temps-là, la main de Dieu était pesante sur lui, de telle sorte que sa vigueur n’était plus que sécheresse ( v4). Mais quel contraste avec la fin du Psaume ou David renouvellé et restauré invite tous ceux qui sont droits de cœur à le rejoindre dans une sorte de jubilation spirituelle ( v11).
En passant en revue des causes du dessèchement, j’ai été tenté d’ajouter : l’épreuve, la dureté de l’existence. C’est un fait réel que l’existence est dure pour plusieurs. Mais ce fait est-il une cause de dessèchement ? Revenons dans le livre de Jérémie, de nouveau au chapitre 17 mais au verset huit. Nous sommes maintenant avec l’homme qui place sa confiance en Dieu. Il n’est pas décrit comme un arbrisseau misérable dans le désert, mais comme un arbre planté près des eaux. Mais la suite est intéressante : la chaleur vient, son feuillage reste vert. La sécheresse s’installe, et il ne cesse de porter du fruit. Il semble donc bien que les circonstances pénibles soit comme dépassées par une bonne réalité spirituelle. Laissez-moi maintenant vous lire un extrait d’un Psaume : » ô Dieu ! Tu es mon Dieu, je te cherche ; mon âme a soif de toi, mon corps soupire après toi… je te contemple dans le sanctuaire, pour voir ta puissance et ta gloire. Car ta bonté vaut mieux que la vie, mes lèvres célèbrent tes louanges… Avec des cris de joie sur les lèvres, ma bouche te célébrera. Lorsque je pense à toi sur ma couche, je médite sur toi pendant les veilles de la nuit, car tu es mon secours, et je suis dans l’allégresse à l’ombre de tes ailes ». À écouter les paroles de ce Psaume écrit par David, nous pourrions penser qu’il a été composé après une victoire militaire, ou après la réunification du royaume sous sa houlette, ou dans le cadre du culte de l’ancienne alliance rendue autour du tabernacle. Or il n’en est rien : ce Psaume traduit l’expérience de David lorsqu’il était dans le désert de Juda. C’est le Psaume 63. Nous voyons donc que l’aridité des circonstances n’empêche pas la fraîcheur de l’être intérieur. Nous pourrions même dire ceci : la dureté de l’existence rend plus nécessaire encore le fait est que nous soyons puissamment fortifiés par le Saint Esprit dans l’homme intérieur ( Eph 3/16). Nous avons davantage à craindre l’absence de ce renouvellement, que la dureté de l’existence. Et pour connaître ce renouvellement, nous avons besoin de mettre à part du temps pour Dieu chaque jour, dans une rencontre bénie avec lui.
Il importe d’agir sur les causes du dessèchement spirituel pour ne pas le connaître, ou pour en sortir. N’allons pas trouver un homme providentiel qui nous donnerait son onction ; pas davantage fabriquer une ambiance à coup de décibels et de jeux de lumière. Si nous agissons sur les causes, il y aura d’heureuses conséquences. Il me semble que c’est l’esprit du jeûne tel qu’il est indiqué au chapitre 58 du livre du prophète Esaïe. Et après avoir jeûné pour agir sur les causes de ce qui n’allait pas, la promesse de Dieu se fait jour: elle est exposée entre autres au verset 11 dont j’extrais le passage suivant : » tu seras comme un jardin arrosé, comme une source dont les eaux ne tarissent pas ».
Du temps du prophète Amos, Dieu disait : » un champ a reçu la pluie, et un autre qui ne l’a pas reçu s’est desséché. » ( 4/7). Souvenons-nous du texte d’introduction : Dieu peut faire deux œuvres totalement inverses ; laquelle voulons-nous qu’il fasse pour nous ?