Pascal COLLET
Nous lisons dans le livre du prophète osée, au chapitre quatre, les versets 15 à 17.
Éphraïm était la plus importante tribu du royaume du Nord (Israël) de sorte que son nom sert quelquefois à représenter toutes les tribus de ce royaume comme c’est le cas ici. Dieu établit dans ce texte un contraste entre Juda et Éphraïm. Pour cette dernière partie du peuple, Sa parole peut surprendre : le peuple est attaché aux idoles, laisse le !
L’idolâtrie est pourtant une attitude grave. Lisons dans le livre de l’Apocalypse, au chapitre 22, le verser 15. L’idolâtre court un grand danger : celui de se retrouver en dehors du royaume de Dieu. Alors, cette expression « laisse le » nous surprend. Elle vient après que Dieu ait envoyé ses prophètes « dès le matin », c’est-à-dire très tôt dans la vie du peuple et notamment dans ses déviations. Nous savons l’accueil général qui leur fut réservé… Donc, Dieu n’est ni insensible, ni indifférent, ni impotent, ni faible, ni muet… autant de raisons qui auraient pu expliquer l’expression « laisse le ». J’ajoute que Dieu, époux trompé par l’épouse Israël avait projeté de fermer le chemin de celle-ci avec des épines, d’y élever un mur afin qu’elle ne puisse plus trouver ses amants ( Osée 2/8) ; il avait aussi prévu de l’attirer et de la conduire au désert afin de parler à son cœur, comme pour reconquérir son épouse infidèle ( Osée 2/16).
« Laisse le » est donc l’indication qu’il y a un moment connu de Dieu qui, Lui seul, sonde les cœurs, où il laisse Israël allait à sa propre volonté. Auparavant, il a vu son entêtement, il a vérifié la persistance de son peuple dans des voies aimées bien que mauvaises, et le moment arrive où Dieu en prend acte. Nous pouvons mettre cette expression en relation avec d’autres faits bibliques. Allons pour cela dans le livre des Nombres, au chapitre 22, au verset huit puis au verset 12. Le devin prophète Balaam est sollicité par le roi de Moab pour maudire Israël. Il consulte Dieu qui donne une réponse claire. Cette réponse aurait dû suffire à tout cœur droit, mais le roi de Moab revient à la charge avec des promesses d’or et d’argent. Lisons maintenant le verset 19. Même la prière ne doit pas tromper : ici, elle n’est qu’un tranquillisant que l’être humain peut prendre pour se donner bonne conscience (« j’ai prié ») avant de n’en faire qu’à sa tête. Or, Dieu qui est invariable dans Ses voies et qui ne change pas, permet au devin prophète de partir avec les émissaires de Balaam ( v 20). C’est comme si Il disait : Balaam veut y aller contre rémunération : laisse le !
Souvenons-nous également de ce qui s’est passé lors de la demande faite au prophète Samuel d’un roi pour Israël comme les autres nations en avaient un. Lisons dans le premier livre de Samuel, au chapitre huit, les versets six et sept, puis le verset neuf. Dieu était parfaitement conscient du sens profond de cette demande : elle signifiait que son peuple ne voulait plus qu’Il règne lui. Il enjoint donc au prophète de les prévenir de ce que sera le droit du roi sur eux, puis d’écouter leur demande. Israël ne veut plus que je règne sur eux, laisse le !
Il y a deux sortes de personnes : celles qui disent à Dieu : que ta volonté soit faite, et celles à qui Dieu dit : fais ce que tu veux. Faut-il se réjouir de ce que Dieu puisse nous dire : fais ce que tu veux ? Lisons ensemble une parole étonnante qui se trouve dans le livre de l’Apocalypse, au chapitre 22, et au verset 11. Le début du verset est étonnant : Dieu encouragerait-Il au péché ? Évidemment non. Alors ? Il y a des moments connus de Dieu lui seul où Il nous laisse aller à ce que nous aimons.
Ajoutons encore une autre lecture dans l’Évangile selon Matthieu, au chapitre 15, les versets 12 à 14. Ici, Jésus s’adresse, ne l’oublions pas, à des croyants en Dieu. Celui qui est la lumière du monde, venu ici-bas pour éclairer les êtres humains afin qu’ils aient la lumière de la vie, dit donc à propos de croyants que ce sont des aveugles qui conduisent d’autres aveugles, et qu’il faut les laisser.
Lisons encore au Psaume 81, le verset neuf, qui nous précise l’attente et le désir de Dieu : être écouté notamment par Son peuple, ce qui est plus que d’être entendu. Puis allons aux versets 12 et 13. Dieu voit la persistance d’Israël dans la désobéissance, alors Il le laisse aller à ce qu’il aime. Il livre ce peuple aux penchants de son cœur et à ses propres conseils. Nous comprenons donc bien que Dieu n’envoie pas le mal : il ne retient plus Israël, il ne conteste plus avec lui, et donc ce peuple va à ce qu’il aime : ses propres conseils, les penchants de son cœur… avec toutes les conséquences qui ne manqueront pas d’intervenir. Dieu signe donc aussi le choix délibéré de l’être humain. Si Dieu nous empêchait, nous crions à l’injustice, à l’abus de pouvoir.
C’est donc bien un châtiment pour Israël que de pouvoir faire sa volonté propre, et c’est pourquoi nous ne devrions pas être contents que Dieu nous le permette. Je crois que nous sommes arrivés dans le temps annoncé par Paul à Timothée ( 2 Tim 4/3-4), ou ce qui va diriger les gens y compris les chrétiens sera « leurs propres désirs », opposés dans ce texte à la saine doctrine. Et je crois que comme pour Éphraïm, à un moment donné connu de Lui seul, Dieu dit ou dira : laisse le.
Tel était donc le message adressé par Dieu à Éphraïm. Mais pour Juda, c’était différent: n’allez pas à Guilgal, ne montez pas à Beth-Aven. Là, Dieu donne encore des directives car Il est espère qu’elles seront suivies. La question que nous pose ce contraste entre Éphraïm et Juda est donc la suivante : sommes-nous encore enseignables ? Malléables ? Réformables ? Corrigeables ? Avons-nous cette part de sagesse d’en haut qui est décrite comme conciliante, c’est-à-dire facile à persuader, docile ? Que faisons-nous de la Parole de Dieu que nous lisons ou entendons ?
Rappelez-vous : il y a deux sortes de personnes : celles qui disent à Dieu : que ta volonté soit faite, et celles à qui Dieu dit : fais ce que tu veux. Où nous plaçons-nous ce matin ?