Pascal COLLET
Nous lisons dans l’épître aux Galates, au chapitre six, les versets sept à neuf.
Deux choses sont affirmées ici : il y a une moisson pour chacun, et celle-ci est et sera conforme à ce qui a été semé. « Sera conforme » : l’éternité est dans ce texte. Les rendez-vous à venir avec le Seigneur ne feront que manifester ce qui est, et le fixer pour toujours. Cette loi des semences et des moissons appliquée à l’éternité n’a cependant rien à voir avec la théorie de la réincarnation. Selon cette dernière, le salut serait un processus se réalisant à travers des existences successives. Tout cela nous ramène au karma, qui est une sorte de loi de la rétribution déterminant le cycle des renaissances. Un bon karma provoque des bienfaits pour les vies ultérieures ; un mauvais karma engendre une punition future. Ainsi se réaliserait le salut, au travers de nombreuses vies servant à se purifier du mal pour atteindre le nirvana.
Cette théorie est en désaccord avec la Bible sur au moins deux points importants : l’être humain ne peut en aucune façon réaliser lui-même son salut, et c’est pourquoi Dieu nous a donné un Sauveur qui est Jésus. Par ailleurs, la Bible affirme clairement qu’après la mort vient le jugement, et non des renaissances successives ( Héb 9/27).
Ainsi donc, nous pouvons savoir quelle va être notre récolte aussi sûrement que les cultivateurs de la Brie le savent aujourd’hui, puisqu’ils ne connaissent le type de semences qu’ils ont mises en terre. L’issue est déterminée, même si elle peut encore changer. Cette loi physique est donc aussi une loi spirituelle. Elle est présentée sous d’autres aspects dans divers textes des Écritures. Lisons-les ensemble. Tout d’abord dans le livre du prophète Osée, au chapitre huit et au verset sept. C’est comme si Dieu disait à son peuple : ce qui va t’arriver est le fruit de ton choix, ce choix étant à l’époque celui de l’infidélité. Ceci se retrouve partout et très souvent dans notre société. Pensons par exemple aux tempêtes récoltées suite à l’immoralité, que ce soit dans le domaine des consciences ravagées, de la santé, de la vie économique et sociale etc.
Allons maintenant dans le livre des Proverbes, au chapitre 11, le verset 18. Deux récoltes sont évoquées ici au travers des mots « trompeur » et « véritable ». Certaines récoltes sont autres que celle que nous avions imaginée ou qu’on nous avait fait imaginer. Mais semer dans la justice et la vérité apportera toujours une récolte vraie et réelle. D’une manière un peu différente et toujours dans le même livre des Proverbes, allons au chapitre premier pour y lire d’abord le verset 23, puis les versets 29 à 31. L’être humain peut semer dans et par sa volonté propre : la récolte sera de la même nature et elle se transformera en nourriture. Ainsi plusieurs se rassasient de leur propre voie et de leur propre conseil. « Mine de rien » ceci est une vraie calamité : cela signifie que ceux qui vivent ainsi non pas part au pain de Dieu ni au lait spirituel et pur. D’un côté, nous avons ceux qui se tournent vers Dieu pour écouter Ses paroles y compris ses réprimandes, et qui reçoivent de lui Son Esprit, et de l’autre nous avons ceux qui sèment dans leur volonté propre, et qui n’ont comme récolte et nourriture que le fruit de leurs voie. La Parole de Dieu est une révélation qui dérange, stimule, interroge, éclaire, mais qui fait vivre !
Un dernier texte enfin : il se trouve dans l’Évangile selon Matthieu, au chapitre sept et au verset deux. Cette parole n’a pas pour objectif de nous mener dans une introspection morbide du style : « qu’est-ce que j’ai fait de mal pour vivre ce qui m’arrive » ? Elle nous aide non seulement à bien interpréter certains faits (nous disons bien certains faits : pas tous les faits de notre existence), mais aussi à changer au plan personnel. À un moment donné, quelqu’un est confronté à une situation pénible. Alors qu’il se débat avec cela, il se souvient que auparavant (quelquefois longtemps avant), il avait lui-même adopté une position non spirituelle pour une situation identique chez quelqu’un d’autre. Aujourd’hui, c’est à lui que ça arrive. Il le voit, l’apprend, cherche alors la face de Dieu pour lui demander son pardon et sa grâce, et veille dorénavant sur lui-même plus qu’il ne le faisait auparavant.
Je l’illustre d’une autre manière : quelqu’un un jour a lancé vigoureusement un boomerang. Il y a mis toute son énergie. Le temps a passé : deux jours, deux semaines, deux mois, deux ans, 20 ans… et voilà que le boomerang revient par derrière le frapper à la tête. Il est furieux, en colère ! Qui a osé le frapper ainsi ? Il incrimine les circonstances, les gens, le pasteur, Dieu ! Or, la réalité est toute autre : la tête qui a été frappée par le boomerang appartient à la même personne que la main qui l’avait lancé auparavant ! Il y a eu une semence, il y a une moisson. Une mesure a été appliquée au prochain, cette même mesure nous est maintenant appliquée. Comme l’écrivait quelqu’un : tout ce que je critique en vous, Dieu me le fait voir en moi. Ceci est notamment vrai des paroles prononcées. Qui n’a pas eu à souffrir dans ce domaine ? Mais la question la plus importante n’est pas celle que je viens de poser mais la suivante : qui n’a pas fait souffrir dans ce domaine ? Si nous avons fait souffrir, ne nous étonnons pas que le boomerang nous revienne. Souffrant devant des jugements à l’emporte-pièce, j’ai personnellement réalisé que j’avais eu la même attitude à l’égard du prochain. Cette prise de conscience un peu pénible a néanmoins été salutaire puisqu’elle m’a amené à veiller plus intensément sur mon cœur, mes paroles et mes attitudes. Mais voilà : sommes-nous prêts à apprendre ? Certains ne voient pas, ou ne voient plus ce qui est pourtant évident. Ou plus exactement, et pour reprendre les paroles de Jésus suivant le texte que nous vous avons lu, ils ne voient plus que les pailles dans l’œil du prochain et semblent incapables de voir les poutres dans les leurs.
Terminons cette prédication par deux textes dont le premier se trouve dans l’Évangile selon Marc, au chapitre 15 et au verset 32, et le second dans l’Évangile de Luc,, au chapitre 23 et au verset 41. Dans un premier temps, les deux brigands crucifiés en même temps que Jésus et à ses côtés ont laissé libre cours à leur hargne : ils étaient en colère contre tous y compris contre Jésus. C’était le temps de l’incrimination du prochain par colère. Et puis, l’un des deux a délaissé cette disposition de cœur pour en arriver à un aveu juste : nous recevons ce qu’on mérité nos crimes, ou si nous le disons différemment : nous récoltons ce que nous avons semé. Cette prise de conscience est juste, et elle est aussi salutaire car, sortant cet homme de sa hargne et de son amertume, elle l’ amène à se confier au crucifié d’à côté : Jésus. C’est aussi vrai pour nous si nous le voulons : Jésus n’est-il pas la personne dont nous avons besoin pour échapper à ce cercle vicieux charnel qui consiste à incriminer les circonstances, la société, les personnes sans voir quelle part de responsabilité nous avons dans certains faits qui nous arrivent ? Ce changement de dispositions et donc de paroles non seulement l’amène vers Jésus le Sauveur des perdus, de ceux qui se sont trompés, de ceux qui ont semé des mauvaises semences et qui les récoltent, mais il ouvre la porte à la grâce de Dieu, et en ce qui concerne ce brigand, quelle grâce!
il ne s’agit donc pas de ployer sous le fardeau de l’introspection, mais dans la loyauté du cœur d’avoir recours à Jésus qui nous sauve toujours de nous-mêmes, comme il nous sauve du péché. Si nous récoltons ce que nous avons semé, Jésus est là ce matin pour agir en notre faveur.