Pascal COLLET
Nous lisons dans le livre du prophète Esaie, au chapitre 57, les versets 15 à 20.
Le dernier verset lu incite à poser la question suivante : qu’y a-t-il au fond ? La vase et le limon, c’est ce qui se dépose au fond. Ils ne sont pas visibles, mais ils sont là. Et ils deviennent visible en cas de remous, d’agitation de l’eau, pour rappeler à quoi on a affaire: une mare nauséabonde, ce n’est pas la même chose qu’un torrent d’eau claire jaillissante.
Le fond, c’est ce qui intéresse Dieu. Comment pourrions-nous croire que, étant au bénéfice d’une personne, Jésus, qui a su mettre en évidence ce qu’il y avait dans le coeur de l’être humain et qui sait le transformer, étant au bénéfice de l’oeuvre de la croix et de la résurrection/ élévation de Jésus, étant au bénéfice de l’Esprit Saint dont la puissance ne sert pas qu’à « couvrir », étant au bénéfice d’une Parole qualifiée de vivante, efficace, tranchante, pénétrante ( Héb 4/12), la vie chrétienne ne serait qu’une affaire de surface ? Le salut en Jésus-Christ, une affaire de façade rénovée ?
C’est un constat d’échec que Jésus fait du deuxième terrain de la parabole du semeur ( Mat 13/5-6) ; la semence n’a pas trouvé ici un sol profond. À l’opposé, jésus enseigne que l’homme qui vient à lui, entend ses paroles, et les met en pratique ressemble à un homme qui batissant une maison, a creusé, creusé profondément ( Luc 6/47-48).
La profondeur n’est pas à confondre avec la bizarrerie, pas davantage avec la complication car l’Évangile est simple et nous ne sommes pas invités à nous détourner de la simplicité à l’égard de Christ ( 2 Cor 11/3), et encore moins avec le mysticisme. Ceci posé, répétons que le fond, c’est ce qui intéresse Dieu. Ceci est en accord avec sa personne et sa nature : lisons deux textes, dont le premier se trouve dans la première épître aux Thessaloniciens, au chapitre deux, le verset quatre, et le second se trouve dans le livre de l’Apocalypse, au chapitre deux, le verset 23. Sonder, c’est aller au-delà de la surface pour explorer le fond. Dieu sonde les coeurs. Ce trait divin,, David l’avait intégré : lisons au Psaume 139, le verset premier puis le verset 23. Pourquoi David après avoir affirmé que Dieu sondait son coeur lui demande-t-il de le faire ? Parce qu’il a appris à se défier de lui-même, de ses sensations, de ses pensées et qu’il sait qu’ une vraie sécurité ne peut venir que de l’avis du Dieu qui connait toute chose jusqu’au fond.
Qu’y a-t-il au fond ? Outre le fait que Dieu nous sonde et nous révéle par les Ecritures ce qu’il en est, il faut dire que les circonstances de l’existence sont là pour nous montrer ce qu’il y a au fond de notre coeur.
Revenons à la parabole du semeur évoquée il y a quelques instants. Le sol est donc peu profond, la semence y croît rapidement, mais quand le soleil paraît elle sèche. Dans son explication,, Jésus montre que le soleil représente une tribulation ou une persécution à cause de la parole ( Mat 13/21). Ainsi donc, ce sont des circonstances d’opposition qui vont démontrer la superficialité de la démarche de foi. Telle nouvelle pourrait être pour notre coeur comme les remous sont pour l’eau, et faire remonter à la surface nos doutes, notre incrédulité, notre crainte. Or, ce que Dieu souhaite établir dans nos coeurs est décrit par exemple au Psaume 112, au verset sept. Nous avons évoqué mardi les déceptions légitimes et ce qu’elles engendrent : elles peuvent aussi montrer ce qu’il y a au fond notre coeur. Les différents en disent aussi beaucoup : telle âme est réellement peinée du différend qui existe avec le prochain ; telle autre ne cherche qu’à mordre et dévorer : le fond n’est pas le même ! Les contrariétés représentent les remous qui peuvent aussi faire remonter du fond la vase et le limon. Puis-je suggérer de vous souvenir de la dernière contrariété ? Qu’a-t-elle mis en évidence : la chair ou l’Esprit ?
Évidemment, quand tout va bien, quand tout le monde est gentil avec nous, nous sommes bien ! Mais un peu d’agitation peu montrer la présence de la vase et du limon. Dans sa première épître, Jean évoque des situations qui doivent être manifestées, où des personnes qui doivent l’être ( 1 Jean 3/19). Il faut effectivement en passer par là ! Quelqu’un pourrait penser que le pasteur que je suis rechercherai les difficultés, les épreuves etc. N’en croyez rien ! Je préfère la tranquillité mais je sais aussi qu’une apparence peux être trompeuse. La surface de la mer peut être calme à un moment, mais si le moment d’après la vase et le limon sont brassés, alors cette surface calme est une tromperie dont nous ne voulons pas. Il faut que ce que nous sommes réellement, « au fond » soit manifesté. D’abord pour éviter tout de déconvenues au moment du grand rendez-vous à venir avec le Seigneur ; ensuite pour marcher dans la lumière et la vérité, avec de la saveur spirituelle ; enfin pour permettre à Dieu d’établir son oeuvre, au fond de notre personne.
Le mot qui nous dérange dans la lecture d’introduction, c’est le mot « méchants ». Nous nous formons une image de la méchanceté, et forcément, nous nous excluons de cette image la. Mais dans le texte, les méchants se définissent en opposition aux autres dont il est question dans les versets qui précèdent. Ainsi, ce sont d’abord ceux qui n’ont jamais été contrits et humiliés devant Dieu. À la Pentecôte à Jérusalem, après le discours de Pierre, les auditeurs ont eu le coeur vivement touché. Une traduction dit : le coeur transpercé. Transpercé par la parole prêchée. Qu’ils sont heureux ces coeurs transpercés, pour être sauvés et relevés. Le méchant, c’est aussi celui qui suit le chemin de son coeur : l’expression est bien parlante. Ce qui motive ses choix, ce sont ses appréciations, son opinion, ses sentiments personnels. Suivant le chemin de son coeur, il ne peut pas être guéri par Dieu ni guidé par lui, ni consolé par lui. Voilà pourquoi les eaux soulèvent la vase et le limon.
Le fonds, c’est ce qui intéresse Dieu, qui sonde les coeurs et les reins. Puisse t-Il y établir son oeuvre.