Pascal COLLET
Nous lisons dans l’épître aux Hébreux, au chapitre 11, les versets 32 à 34.
Dans ce chapitre 11, nous avons la foi sous ses différents aspects. L’un d’entre eux retient ce matin notre attention : par la foi, des hommes furent vaillants à la guerre.
La vaillance doit être comprise comme de l’ardeur, du courage. Un proverbe français dit : « à coeur vaillant, rien d’impossible ». Il semble que la vaillance du coeur surmonte en effet bien des obstacles. On s’attend à ce qu’elle marque la vie chrétienne. Dieu n’est-il pas très grand ? Et Sa personne comme Ses oeuvres nous laisseraient-elles insensibles? Sa grâce, Son amour sont évidemment la source du courage et de l’ardeur dans Ses voies. Et puis, ce coeur, le notre, qu’Il visite, renouvelle, habite par le Saint Esprit qui lui n’est jamais affaibli… Ainsi donc, l’indécision, la nonchalance, la mollesse ne convienne pas aux voix de Dieu. Il faut savoir ce que l’on veut : par exemple, avec qui il voulons nous passer l’éternité ? Comme le transmet le mot « aspirer » dans la première épître aux Corinthiens, il doit y avoir du zéle dans cette volonté. Nous devrions pouvoir dire ce que Paul avait constaté et qu’il écrivait comme faisant partie des fruits de la repentance : « quel ardent désir ! Quel zéle ! » (2 Cor 7/11).
Or, notre temps favorise l’irrésolution. C’est ainsi qu’un certain nombre se contenterait volontiers d’une « petite » place au ciel ; d’autres semblent avoir comme ambition de mener ici-bas la vie la plus tranquille qui soit ; d’autres semblent satisfaits du « juste ce qu’il faut ». « J’aimerais bien… » prier, témoigner, servir… Ils le disaient il y a 10 ans, ils le diront encore pendant 10 ans, à moins de prendre vraiment au sérieux la Parole de Dieu. L’irrésolution est présentée comme une souillure dont il faut purifier notre coeur (Jac 4/8), et comme un obstacle à recevoir les biens spirituels précieux, ce qui engendrera évidemment une vie chrétienne restreinte (Jac 1/7-8).
Vaillants à la guerre !
Effectivement, nous sommes appelés à combattre le diable, le péché, le monde, la chair. Menons ce combat de façon équilibrée : comment comprendre qu’on puisse être obnubilé par le diable et ses démons, proclamant maintes fois notre victoire sur eux, mais vivant toutefois dans le péché ou dans les oeuvres de la chair de façon manifeste ? C’est ce qu’on retrouve même dans certaines assemblées se réclamant du christianisme.
L’une des évidences d’une bonne santé spirituelle, c’est que nous affrontons nos ennemis. Nous ne les contournons pas, nous ne nous trompons pas de combat, nous n’essayons pas de les amadouer : nous les affrontons en Jésus-Christ. Reportons-nous maintenant à un épisode biblique qui va nous replacer dans un combat qui a eu lieu il y a longtemps, et essayons d’en tirer profit pour chacun de nous. Allons donc dans le livre des Juges, au chapitre quatre, les versets trois et quatre. Je veux juste rappeler avant d’en revenir à notre thème, qu’il n’y a pas d’équivalence entre le juge en Israël en ce temps-là et les ministères dons d’Ephésiens 4. Ni pour les hommes, ni pour Debora.
Quelle a été la situation alors ? Allons dans le même livre, au chapitre cinq et au verset neuf. Certains se sont donc montrés prêts à combattre. Qui sont-ils ? Même chapitre, verset 18. Au coeur du conflit, Zabulon et Nephtali ont affronté la mort. Quelle vaillance au combat ! Au début du verset 15 : Issacar était du combat.
Par contre, Ruben n’en fut pas : deuxième partie du verset 15 et verset 16. Éloignés géographiquement du conflit, ses frères lui importaient peu. Oh certes, il y a bien pensé : grandes furent les délibérations du coeur ! Elles continuaient peut-être alors que le conflit était achevé ! Mais le bêlement des troupeaux et le charme de la vie champêtre étaient plus plaisants que le cliquetis des armes sur le champ de bataille.
Lisons maintenant le verset 17 : Galaad, Dan, Aser ne sont pas venus.
La situation était donc contrastée : ceci m’amène à vous poser la question : êtes-vous concernés par l’oeuvre de Dieu ? Nous pouvons déplorer qu’un certain nombre de chrétiens ne donne pas les preuves de cet engagement vaillant dans l’oeuvre. Lorsque Paul, après avoir cité quelques-uns de ses compagnons d’oeuvre, ajoute qu’ils ont été les seuls qui ont travaillé avec lui pour le royaume de Dieu, et qui ont été pour lui une consolation (Col4/11), nous comprenons qu’il les a fortement appréciés, mais aussi qu’il a regretté qu’ils aient été « les seuls ». Nous pouvons être embarrassés avec ce que Paul appelle les affaires de la vie ( 2 Tim 2/4). Certes, nous ne sommes pas hors de l’existence, mais si les priorités ne sont pas clairement établies dans notre coeur, nous courons le risque que celui-ci ne devienne pesant et que, le jour ne vienne sur nous à l’improviste (Luc 21/34). N’y a-t-il pas un lien direct entre eux la vaillance maintenant, et le fait de finir le pèlerinage terrestre en vainqueur au retour de Jésus ? Par quelle opération mystérieuse un chrétien nonchalant et mou pourrait-il se transformer en vainqueur au moment de l’avènement de Jésus ?
Pour rendre complet le tableau du conflit contre Jabin, roi de Canaan, il faut encore lire le verset huit du chapitre cinq : quel triste état quand on ne voit ni bouclier ni lance chez 40 milliers en Israël ! Qu’il s’agisse de l’absence d’armes, ou de l’absence de guerriers pour les utiliser, quelle faiblesse !
L’infidélité est due dans cet épisode à des préoccupations égoïstes. C’est pourquoi la réponse à cette absence de vaillance sera constituée par la consécration à Dieu. Or, là aussi, dans les églises, l’air du temps est davantage à la détente, à la fête, aux moments conviviaux, au culte festif, qu’à l’évangélisation, à la prière soutenue et persévérante qui réclame de la discipline d’âme. Voilà déjà un combat contre la chair !
Pour conclure, je veux encore lire avec vous le verset 20. Combien il est réjouissant : des cieux on combattit…
La suite du récit nous montre Dieu comme régnant sur la nature, qui semble employer un orage déversant des trombes d’eau. Le torrent de Kison déborde, inonde la plaine, emporte certains chars, embourbe les autres… Le fort (Sisera et ses chars de fer) devient faible ; le faible (les quelques tribus d’Israël) devient fort ! Et alors, un reste du peuple triompha des puissants (verset 13).
La version « la colombe » traduit ainsi le Psaume 108 au verset 14 : « avec Dieu, nous agirons vaillamment. C’est lui qui écrasera nos adversaires ».
Vivons ce genre de foi qui nous rend vaillant à la guerre.