Pascal COLLET
Lisons plusieurs textes, et allons tout d’abord dans le livre de Josué, au chapitre premier, les versets sept et huit; allons maintenant dans le deuxième livre des Chroniques, au chapitre 14, les six premiers versets ; puis au chapitre 31, les versets 20 et 21. À ces textes j’ajoute la mention concernant Joseph lorsqu’il était en prison et à propos duquel il est écrit que l’Eternel donnait de la réussite à ce qu’il faisait (Gen 39/23).Un dernier texte qui pose le principe, sans s’attarder aux personnes se trouve au Psaume premier, les trois premiers versets.
Réussir ! Nous pouvons déjà remarquer que les causes évoquées dans la réussite des hommes signalés dans les textes ne sont pas en rapport avec leur capacité, la chance, où l’effort (même si il en a fallu) mais avec la communion avec Dieu. C’est là un éclairage précieux et une direction.
La réussite évoquée dans ces textes est de même type que la communion avec Dieu. Par exemple, il est dit d’Ezéchias qu’il a fait ce qui est bien, ce qui est droit, ce qui est vrai devant Dieu. On peut réussir par le mensonge, l’intrigue, la méchanceté. Le monde est devenu tel qu’il encourage ceux qui le veulent à utiliser tous les moyens pour réussir. C’est bien du méchant que le psalmiste écrit que ses voies réussissent (Ps 10/5). Au Psaume 73, Asaph s’est débattu avec le problème du bonheur des méchants. Mais la réussite sans Dieu ou contre Dieu n’est que pour un temps, nous y reviendrons.
Joseph, Josué, Asa, Ezéchias et tant d’autres avaient un point commun que l’on peut résumer de la façon suivante : la crainte de Dieu, dont la Bible nous précise qu’elle est à la fois la haine du mal, et le commencement de la sagesse. De telle sorte qu’on doit être certain que même quand l’iniquité est à son comble, il est sage de s’en éloigner après s’être donné à Dieu, et que dans cette optique Dieu saura nous donner aussi de la réussite, dans Ses voies.
La réussite, mais selon quels critères ? « Quand on n’a pas une Rolex à 50 ans, on a raté sa vie ». Ainsi parlait il y a quelques temps un célèbre publicitaire. Quels critères retenir pour définir la réussite ? L’argent ? Les biens matériels ? Les relations ? Le pouvoir ? Le niveau d’études ? Le fait de susciter la crainte, ou l’envie ? Un bon nombre de choses que je viens d’évoquer appartienne sans aucun doute à ce que l’apôtre Jean appellera dans son épître « l’orgueil de la vie ». C’est à un homme en pleine réussite, et une réussite acquise légitimement, sans péché (dans le texte), que Dieu dit pourtant : « insensé » ! Dieu n’est pas contre la réflexion, les projets légitimes, mais ce qui est souligné dans cette parabole, c’est qu’une grande réussite selon certains critères peut-être un magistral échec selon les critères divins (Luc 12/20). Jésus a aussi dit : « que servirait-il un homme de gagner tout le monde, s’il perdait son âme » ? Il n’est pas nécessaire de gagner le monde pour perdre son âme, on peut avoir des objectifs plus humbles et perdre malgré tout son âme !
Il nous faut donc tirer au clair la question des critères de la réussite, et, dans la droite ligne des textes cités, je vous invite à en lire un autre qui se trouve dans la première épître aux Corinthiens, au chapitre quatre et au verset cinq. « Jusqu’à ce que vienne le Seigneur ». La vraie réussite devra franchir positivement les rendez-vous divins. Ces rendez-vous sont de deux sortes : l’enlèvement soudain de l’église, où la mort physique en Jésus-Christ, et le tribunal de Christ.
L’apôtre parle d’une ruine éternelle, et il la définit comme étant le fait d’être loin de la présence de Jésus lors de son retour (2 Thes 1/9). Or que vaudrait la réussite précédant le retour de Jésus, si la fin de l’être humain c’est la perdition ? Le riche dont Jésus parle menait une vie brillante, mais après sa mort il dit qu’il souffre cruellement dans cette flamme (Luc 16/19-24).
Quant au tribunal de Christ, la Bible nous dit que le feu éprouvera ce qu’est l’oeuvre de chacun, c’est-à-dire que Dieu appliquera Ses critères à ce que nous aurons fait de la vie chrétienne. Le salut ne sera pas en cause, mais les récompenses. Paul écrit aux corinthiens à propos du rendez-vous divin : « alors… ». À ce moment-là ; dans l’exactitude des critères divins. Ce petit mot « alors » est aussi employé par Jésus en rapport avec des ouvriers d’iniquité qui auront connu un certain succès (Mat 7/23) !
Nos critères ne peuvent donc pas être ceux du monde.
Enfin, la réussite ne doit pas s’opérer au détriment de la vie spirituelle. Nous parlons bien de la vie spirituelle, de la communion avec Dieu, et non pas du fait que Dieu ne puisse nous bénir, ou du fait que nous allions à un culte même évangélique le dimanche matin. Ces choses ne sont pas égales à la communion avec Dieu. Celle-ci est la conséquence de notre conversion à Dieu. La croix de Jésus n’a pas été donnée pour la réussite aux examens.
Moïse décrit l’évolution du peuple d’Israël, et il dit : « Israël est devenu gras, et il a regimbé ». (Deut 32/15). Ce peuple a donc été réellement béni par Dieu, et il s’en est éloigné. Comme quoi il y a aussi une réussite dangereuse pour la piété ou la foi. Dieu n’est pas contre les promotions au travail, mais certaines promotions ont conduit des chrétiens dans la mort spirituelle : ils ont eu des ouvertures, des sollicitations, et ils ont commencé à ne plus avoir de temps pour Dieu, pour la Bible, pour la prière, pour l’oeuvre de Dieu.
Quelle belle image et quelle image parlante que celle donnée dans le Psaume premier ! Un arbre, pas un chardon du désert, pas un buisson d’épines, un arbre, un bel arbre, solide, planté près d’un courant d’eau, profondément enraciné, capable de résister à toutes les tempêtes. C’est la communion avec Dieu qui est ainsi imagée, avec la réussite donnée par Dieu, et une réussite qui, à la lumière du nouveau testament englobe aussi les rendez-vous divins à venir. Vivons une telle réussite !