Pascal COLLET
Lisons un premier texte dans le livre de Job, au chapitre 33, les versets 14 à 18. Puis un deuxième texte dans le livre du prophète Jérémie, au chapitre 29, le verset huit, dont la fin signifie littéralement : « vos songes dont vous vous faites songez». Et enfin un troisième texte, dont le livre du prophète Ézéchiel, au chapitre 13, le verset trois.
Cet homme se noyait dans une rivière. Au moment fatal, il se retrouve assis sur son lit criant « au secours » ! Ce fut l’occasion pour lui de constater que son nez était complètement bouché et l’empêchait de respirer. Son imagination avait donc créé un scénario désagréable, mais… salvateur ! Le lendemain matin, partageant ce cauchemar avec la bonne, cette dernière fut convaincue qu’il s’agissait là d’un rêve prémonitoire…
Un chrétien était obsédé par le diable ; une nuit, il rêva qu’une main velue était en train de l’étrangler. Ceci provoqua son réveil en sursaut, pensant que c’était le diable qui l’agressait. La réalité était toute autre : son épouse avait affectueusement posé son bras sur son coup pendant son sommeil.
Un couple de chrétiens s’adressent à un pasteur après le culte. L’épouse est tout de blanc vêtue ; elle explique que Christ lui est apparue dans ses rêves pour lui dire qu’elle était celle qu’il avait choisie pour fiancée. Depuis ce jour, elle se refusait à son mari. J’ajoute concernant ce témoignage qu’aucune chrétienne n’est individuellement la fiancée ou l’épouse de Jésus-Christ : c’est l’église fidèle dans son ensemble qui l’est.
Ces trois témoignages sont extraits de l’ouvrage du pasteur Jim Henri de l’île Maurice.Ils représentent bien les dangers inhérents aux rêves. Pour le monde, les rêves ont forcément un sens, ou sont un message d’où la nécessité de savoir les interpréter. Ils sont, selon l’opinion courante, une clé pour l’avenir de la personne. Pour le chrétien, la tentation existe de toujours y voir une intervention surnaturelle : révélation, avertissement…
Or d’abord et avant tout, le rêve est un phénomène naturel, relevant du psychisme de l’être humain. Notre âme comporte ainsi entre autres, la mémoire et l’imagination. La mémoire : toute notre vie y est, avec ses joies, ses peines, ses espoirs, ses peurs, certains visages, certains lieux, certains événements, ses questions etc. L’imagination : c’est ce qui nous amène à nous représenter certaines situations à l’aide d’images mentales. Ces deux phénomènes sont à l’oeuvre dans les rêves, qui sont alimentés par notre existence. Lisons deux textes : le premier se trouve dans le livre du prophète Esaie, au chapitre 29, le verset huit. La situation alimente le rêve. Le deuxième texte se trouve dans le livre de l’Ecclésiaste, au chapitre cinq, et au verset deux. Une transcription donne ceci : « plus on a de souci, plus on risque de faire de mauvais rêves ». Nous avons là l’explication habituelle, normale, première de nos rêves.
Avouons qu’il est possible de les « provoquer ». Les prophètes Jérémie et Ezechiel se font l’écho de ça dans les textes lus il y a quelques instants. Concernant le contexte de Jérémie, il y avait une attente très forte chez les juifs exilés à Babylone d’un retour prochain à Jérusalem. Cette forte attente provoquait les songes dont il est question dans le texte. J’ai connu quelque chose d’un peu semblable avec deux chrétiennes qui ont chacune rêvé à un homme, en déduisant que Dieu leur montrait ainsi que cet homme serait leur mari. Ceci peut très bien s’expliquer naturellement : elles pensent à leur mariage, elles voient quelqu’un qui ne leur déplaît pas, elles commencent même peut-être à éprouver quelque sentiment pour lui, et elles en rêvent. Je dois ajouter que dans ces deux cas, il y avait une impossibilité majeure et incontournable à la réalisation de ces rêves : les deux hommes étaient déjà mariés ! Ce qui apportait aussi la preuve formelle que les rêves n’étaient pas surnaturels, mais naturels.
Revenons maintenant au texte de Job dans lequel Elihu parle. Il est donc possible que, pendant leur sommeil, Dieu parle aux hommes mais pour leur dire quoi ? Les versets 16,17 et 18 méritent notre attention. Nous sommes ici sur un terrain solennel : Dieu cherche à détourner l’être humain du péché, du mal, d’un grave danger. Nous pourrions imaginer quelqu’un auquel Dieu parla ainsi par un songe, se réveillant au matin avec la volonté de se repentir d’un péché, ou de se donner à Dieu. Et dans ce cas de figure là, l’aspect surnaturel du rêve serait affirmé par les fruits qu’il aurait portés. Quand on entend le récit de certains rêves, qui sont de véritables énigmes, ou qui ne semblent pas avoir de sens, ou qui replacent l’être humain dans le b. a.-ba de l’existence, on reste sur sa faim… Je serais tenté de vous dire : « pour qui prenez-vous Dieu » ? Son travail mérite mieux que ces pauvres histoires!
Je note aussi cette mention du verset 16 qui nous dit que Dieu met ainsi le sceau à Ses instructions, ce qui semble affirmer que Dieu confirme par un songe Sa Parole, et que celle-ci n’est jamais remplacée par un songe. Car j’ai souvent remarqué que c’était chez les personnes qui avaient « peu de Bible » qu’il y avait beaucoup de rêveurs ! Par « peu de Bible » j’entends peu de lecture de la Bible, peu de méditation, peu d’obéissance, peu de formation de leurs mentalités.
Les rêves surnaturels sont présents dans l’Ancien Testament, ainsi que dans le début des Évangiles, mais peu présents par la suite. Sauf erreur, il n’y a que deux mentions, dans le livre des Actes des apôtres, au chapitre 16 et au verset neuf, et au chapitre 18, les versets neuf et 10. Il y est question de l’oeuvre de Dieu, et ces songes sont suffisamment clairs pour qu’il n’y est pas besoin de recourir à un « don d’interprétation » pas toujours très inspiré ! Pourquoi cette raréfaction ? Parce que nous sommes entrés dans la dispensation du Saint Esprit. J’ajoute évidemment qu’aujourd’hui, la Bible et complète. En disant cela, nous nous disons rien contre l’antique promesse divine rappelée par l’apôtre Pierre au jour de la Pentecôte à Jérusalem, annonçant que cette dispensation de l’Esprit amènera entre autres, des jeunes gens à avoir des visions et des vieillards à avoir des songes ( Act 2/19). Nous avons besoin de nous replacer dans l’histoire de Dieu avec son peuple, au bon endroit : nous avons maintenant la Bible, et le ministère courant du Saint Esprit qui, après nous avoir engendré à la vie nouvelle, renouvelle notre intelligence. Il me semble qu’en règle générale, cette intelligence est souvent dépréciée par les chrétiens, alors qu’il semble au contraire que lorsqu’elle est renouvelée, elle occupe une place de choix dans les desseins de Dieu. « Le Seigneur te donnera de l’intelligence en toutes choses », telle était la certitude de l’apôtre Paul. Pierre quant à lui, évoque notre saine intelligence. Dieu ne nous place pas sur le terrain de l’immaturité ou des caprices, mais Il nous établit tant les Ecritures, en permettant que nous soyons nourris des paroles de la foi et de la bonne doctrine que nous suivons exactement.( 1 Tim 4/6).
Ceci nous amène à apprendre à distinguer le naturel du surnaturel dans le domaine des rêves, et à être ainsi bien dirigés.