Incorrigibles, ou corrigeables?

Pascal COLLET
12 janvier 2014

Incorrigibles, ou corrigeables?

Nous lisons dans l’épître aux Galates, au chapitre deux, les versets 11 à 14.

Cette scène se passe sur fond de tensions  alimentées par des chrétiens d’origine juive. C’est un repas qui en est l’occasion : mangeant d’abord avec des non juifs convertis, Pierre change d’attitude à leur égard quand quelques juifs arrivent. Pourquoi ? La fin du verset 12 nous dit que c’était par crainte des circoncis. L’enjeu n’était pas mince : outre qu’il fallait maintenir que l’Évangile était l’Évangile de la grâce, c’était aussi l’unité de l’église qui était en jeu ; des deux, Jésus-Christ voulait n’en faire qu’un, c’est-à-dire des juifs et des non juifs convertis, Jésus-Christ voulait faire une église. (Ep 2/14).

«… Pierre était répréhensible ».  Nous avons là de la part de Paul une juste constatation, dénuée de toute disposition mauvaise. Et nous, ne sommes-nous pas aussi répréhensibles par nature ? La réponse est évidente ! À partir de là, une double question se pose : sommes-nous incorrigibles (qui ne peut être corrigé ; qui persévère dans ses erreurs et ses fautes), ou sommes-nous corrigeables ? Par « correction  » je n’entends pas « punition » même si la punition peut quelquefois faire partie de la correction, mais le fait de supprimer les fautes  et les erreurs pour rendre celui qui les a commises meilleur.

Nous abordons là une partie, à mon avis essentielle, du ministère du Saint Esprit par la Bible. Lisons le texte qui se trouve dans la deuxième épître à Timothée, au chapitre trois, les versets 16 et 17. La Bible inspirée a donc pour mission, entre autres, de corriger qui la lit. Ajoutons cet autre texte, dans le livre de l’Apocalypse, au chapitre trois, le verset 19. Nous avons donc affaire ici à une oeuvre divine, qui participe au perfectionnement des saints, à leur prospérité spirituelle, en les amenant à vivre dès ici-bas le meilleur dans la communion avec Dieu.

L’être humain sans Dieu est faussé dans ses affections, son raisonnement… Il y a donc à redresser, et le disciple qui est en marche a le privilège d’être corrigé par Dieu, ou selon Dieu.

Sommes-nous incorrigibles, ou corrigeables ? L’esprit de dispute (la disposition à disputer) est souvent preuve que nous choisissons d’être  incorrigibles puisque  nous disputons plutôt que d’accepter. Nous pouvons  être impressionnés  par l’attitude du prophète Jonas à cet égard, qui, répondant à Dieu qui lui demandait si il faisait bien de s’irriter à cause du ricin,  disait : «  je fais bien de m’irriter jusqu’à la mort ». (Jonas 4/9).

Allons maintenant dans l’épître de Jacques, au chapitre trois, les versets 14 à 17. A l’opposé de l’esprit de dispute, il y a la sagesse d’en haut qui est décrite comme étant conciliante. Comment comprendre ce mot ? Il signifie : docile, pour décrire celui qui apprend facilement, qui ne demande pas mieux que d’être corrigé. Voilà un trait de la vie d’en haut ! Non seulement, le disciple accepte la correction, mais mieux encore, il la désire. Il la désire parce qu’il sait que la correction, même si elle coûte, vaut toujours mieux que l’erreur, la faute. Qu’il est beau et peut-être hélas  trop rare, le témoignage rendu au Psaume 119 et aux versets 67 et 68. Dieu était bon et bienfaisant parce qu’Il avait permis que le psalmiste cesse de s’égarer, même si cela lui avait coûté une humiliation. Notre désir de la gloire de Dieu devrait être tel que son choix serait le nôtre.  À l’opposé de cette disposition de coeur, j’ai trouvé cette parole dans Jérémie, quand Dieu dit des enfants d’Israël : « ils n’ont pas voulu recevoir de leçon ». (2/30 La Colombe).

Le livre des Proverbes rend un hymne à la correction. Lisons les passages suivants :5/11-13; 6/23; 12/1 (la science est ici la connaissance, c’est-à-dire le vrai savoir qui ne peut s’acquérir qu’au prix de froissements tant l’être humain est faussé par le péché); 15/32.

Notre soif d’apprendre devrait surpasser les demandes et les réactions du « moi ».  Un grand violoniste de renommée internationale, devenu âgé, travaillait encore son violon de six à 8 heures par jour. Quelqu’un lui demanda un jour pourquoi il travaillait encore tant. Sa réponse fut : « parce que je crois que je peux encore progresser ». Puissions-nous croire la même chose au plan spirituel, et agir dans ce sens-là.

Pour corriger Pierre, Dieu a employé Paul. Quelquefois,  nous sommes corrigés par des faits, qui démentent certaines de nos paroles dites souvent dans l’emportement. Quand cela arrive, sachons le reconnaître. Mais en dehors des faits, et en dehors de sa Parole, Dieu emploie aussi quelquefois des êtres humains. Je me souviens de ce cher frère dans la voiture duquel j’étais pour aller à une réunion, et auquel je commençais à parler d’une tierce personne, sans méchanceté, mais sans utilité non plus.  Et ce cher frère de m’interrompre en me disant :  « la suite ne m’intéresse pas, tu peux t’arrêter là ». Grand silence ! Mais ce jour là,  Dieu a employé ce frère pour me corriger. Allons-nous bouder ? Nous irriter ? Garder rancune ? Nous éloigner de la communion fraternelle ? Ou plutôt, remercier le Seigneur de ce qu’Il nous permet de rectifier ce qui a besoin de l’être. Ainsi, nous grandissons. N’oublions pas par ailleurs,  que les blessures d’un ami prouvent sa fidélité, alors que les embrassades d’un ennemi sont trompeuses. Nous pourrions vouer une affection particulière à nos « correcteurs », semblable à celle de Pierre pour Paul, telle qu’elle est mentionnée dans sa deuxième épître, au chapitre trois, et au verset 15.

Je termine en précisant qu’il n’y a pas de ministère de « redresseurs de torts ».  Si Paul a corrigé Pierre, il a aussi accepté la correction. Lisons l’épisode relaté dans le livre des Actes, au chapitre 23, les versets un à cinq.

Sommes-nous incorrigibles ou corrigeables ?