Convaincus de péché. (2)

Pascal COLLET
22 décembre 2013

Convaincus de péché. (2)

Nous lisons dans le livre du prophète Jérémie, au chapitre 25, le verset trois. Rappelons nous l’arrière plan de ce texte, tel qu’évoqué brièvement dimanche dernier au travers de l’interrogation pleine de surprise du peuple au chapitre 16 et au verset 10, et de la réponse de Dieu au chapitre 17, au verset premier. Cet état d’inconscience et bien sûr lié à ce qui est mentionné dans le verset lu ce matin  : entendre une parole de Dieu pendant 23 ans sans que cette parole ait le moindre impact ! Mais nous trouvons dans les Ecritures l’exemple inverse : allons dans le livre thèse d’Esdras, au chapitre neuf et au verset cinq,  puis au chapitre 10, et au verset premier. Cette réunion de prière a été vécue dans une profonde conviction de péché, y compris des enfants, et c’est de cette réunion qu’est sortie la restauration d’Israël.

Revenons-en donc à la conviction de péché. Jésus a annoncé cette partie du ministère du Saint Esprit à l’égard du monde (Jean 16/8), et a agi dans le même sens à l’égard de l’église (Apo 3/19).

Peut-on envisager une vie chrétienne sans conviction de péché ? Bibliquement, non. Pratiquement aujourd’hui, il semblerait que beaucoup soient gagnés par des programmes, des activités, des loisirs, de la musique dans les églises. Nous avons là un cas de figure fondamentalement différent de l’enseignement du nouveau testament. L’épître de Jean nous dit que Jésus a paru pour ôter les péchés ; comment pourrait-Il ôter quelque chose dont l’être humain n’aurait pas conscience ? Jésus est le Sauveur ! Il nous sauve de quoi ? Il est parfaitement révélé comme le Sauveur dans une âme au préalable convaincue de pêché. Et puis, puisque la vie chrétienne est censée être une vie de communion avec Dieu, il y a une logique très simple qui est la suivante : comment cette communion pourrait-elle être possible entre un Dieu qui est très saint et un être humain qui est pécheur ? Il faut bien qu’un moment donné, le contraste saisisse l’être humain pour l’amener à désirer le pardon de ses péchés et la transformation de son coeur.

Cette conviction a de la valeur en elle-même : c’est une oeuvre de Dieu. Qui plus est, sa valeur réside aussi en ce qu’elle fonde autre chose :

– une perception juste, selon Dieu, du mal sous toutes ses formes. C’est précieux dans notre temps où le péché devient normatif.

–  Une aspiration au meilleur : il y a forcément autre chose à vivre d’infiniment meilleur que ce misérable péché dont nous avons été convaincus.

– Un attachement à la grâce de Dieu : celui qui a été convaincu  de son péché apprécie de plus en plus la croix de Jésus et la valeur de son précieux sang, comme aussi l’oeuvre du Saint Esprit qui nous transforme. Oserais-je dire que plus nous sommes convaincus, plus nous aimons la grâce de Dieu?

Il est devenu rare d’entendre de belles confessions en rapport avec la conviction de péché. Ceci doit nous interroger : sommes-nous moins  pécheurs que ceux qui nous ont précédés ? Ceci pourrait expliquer en partie au moins la raréfaction de ces confessions. Mais, nous le savons bien, il n’en est pas ainsi.

Ou alors, nous entendons quelquefois des confessions, « j’ai péché », mécaniques, théoriques, et sans suite. Nous trouvons de semblables confessions dans la Parole de Dieu : Pharaon (Ex 10/16) ; Balaam (Nom 22/34) qui plus tard sera l’instigateur du péché d’immoralité touchant les jeunes gens d’Israël ; Acan (Jos 7/20) mais il fut désigné comme étant le coupable ; Saül (1 Sam 15/24; 30) reconnaissant son péché et désirant malgré tout être honoré par le prophète Samuel ; Judas, dont nous connaissons la fin (Mat 27/4). Dans tous ces cas,  le péché a été reconnu,  mais aucun bon fruit n’a suivi cette confession, ce qui bien sûr, au regard de la Bible, n’est pas satisfaisant. La conviction de pêchée « première » nous amène à découvrir le Christ Sauveur,  à lui confier notre vie, et a commencer à vivre dans l’obéissance de la foi, avec l’engagement du baptême. Les convictions de péchés qui suivront auront pour fruit la sanctification personnelle,  et les progrès dans la piété.

Allons maintenant au Psaume 51, et lisons le verset 19. David a écrit ce qu’il a vécu. Nous avons là le coeur pleinement convaincu de péché. Il n’est pas seulement gêné par les conséquences mauvaises du péché, qui sont inéluctables, mais par l’offense faite à Dieu. Il n’est pas seulement embarrassé par le manque d’assurance que la pratique du péché engendre  quant à l’éternité, mais il est saisi par la nocivité du péché. Quelle portée ont les mots exprimés au verset six, et adressés à Dieu : « j’ai péché contre toi seul, et j’ai fait ce qui est à tes yeux… ».

Nous avons là le coeur touché, sensible, étreint, qui reconnaît la faute sans ambiguïté, et qui demande grâce.

Certainement, Dieu voulait David dans ces dispositions. Et ces dispositions, garantes d’une authentique conviction de péché voient non seulement Dieu pardonner, mais aussi renouveler Sa vie, tel qu’Esaïe le mentionne dans son livre, au chapitre 57, et au verset 15. La ranimation divine est liée au coeur contrit et humilié.

La ranimation, c’est la vie. La vie qui suit le péché  reconnu et confessé. Nous comprenons pourquoi il nous faut veiller attentivement aux dispositions de notre coeur, afin que celui-ci ne devienne jamais insensible. Nous aimons trop la vie de Dieu pour accepter de marcher dans l’inconscience.