Pascal COLLET
Nous continuons notre série sur les soins pour les yeux, en nous arrêtant sur trois textes ce matin. Le premier se trouve dans le livre de l’Exode, au chapitre 23, le verset huit. Nous comprenons qu’il ne s’agit pas là d’une exhortation à refuser absolument tout cadeau ; Jésus n’a-t-il pas, dans des circonstances certes particulières, accepter l’éponge trempée dans le vinaigre qu’on lui a présenté sur la croix pour répondre à Sa soif ? Paul était reconnaissant de l’aide qui pouvait lui être apportée lorsqu’il en avait besoin. Le sens de ce texte, c’est de nous mettre en garde contre une perversion qui est celle de la justice, telle qu’indiquée dans plusieurs textes dont : Prov 17/23; Es 5/23. En général, l’être humain est sensibles aux présents qu’on lui fait ; il est « amadoué », et à ce moment-là, il peut être enclin à fermer les yeux sur un péché, un péril, une attitude mauvaise. Alors, les présents aveuglent ceux qui ont les yeux ouverts. Cela me fait penser à la situation relatée dans le deuxième livre des Chroniques, au chapitre 18. Le roi Josaphat rencontre Achab à Samarie. Celui-ci a fait les choses en grand pour accueillir son hôte, puisqu’il a tué pour lui et ses accompagnateurs un grand nombre de brebis et de boeufs, préparant sans aucun doute un succulent banquet, et dressant une table bien garnie. Les cadeaux d’abord, la demande ensuite, car ces présents avaient une raison d’être dépassant la règle de l’hospitalité : Achab était intéressé par une alliance militaire avec Josaphat. Josaphat n’était pas un homme corrompu, mais il est devenu un homme piégé. Il sait que quelque chose ne va pas dans cette situation, mais pris au piège de cette rencontre et des présents qu’il a reçu, il n’a pas la force morale de s’en défaire.
Le texte du livre de l’Exode peut aussi nous amener à penser que nous avons là une tactique préférentielle du dieu de ce monde, qui offre à qui les veut ses présents, sa valorisation, ses avantages, son amitié, dans le but d’asseoir son pouvoir qui est toujours mauvais sur les humains.
Lisons maintenant un deuxième texte, qui se trouve dans la première épître de Jean, au chapitre deux, les versets neuf et 11. Le ressentiment nous aveugle. Imaginons quelques instants cette personne dans la haine. Il est très possible qu’elle se rendre malade elle-même : nous savons en effet que certaines maladies (pas toutes) sont provoquées par les ressentiments. Il y a un lien plus étroit que nous ne le pensons peut-être entre notre santé et l’état de notre âme. Se livrant au ressentiment, cette personne se rend donc malade. Elle crée une maladie. Ensuite, il n’est pas surprenant qu’elle cherche à « exporter » ses états d’âme dans le coeur du prochain, au travers de paroles prononcées. Ce n’est pas peu de choses que de souiller une âme, de la troubler, de l’infecter. Mais le mal ne s’arrête pas là : cette personne livrée au ressentiment vivra presque forcément ce zéle amer et cet esprit de dispute dont Jacques parle dans son épître ; il ajoute que cette forme de sagesse est terrestre, charnelle, diabolique. Oui, nous lisons bien : diabolique. Il n’est pas question ici d’une possession, mais de remonter à la source première, afin de réaliser que nous pouvons inconsciemment donner une main d’associations au diable au travers des ressentiments. Enfin, cette personne va prendre des décisions dans ces ressentiments, et l’on peut affirmer que toute décision prise dans ses dispositions est nous non inspirée de Dieu, car inspirée par la colère, la haine. Ce qui signifie que la vie de cette personne n’est plus dirigée par Dieu, même si elle continue par ailleurs à demander dans ses prières que Dieu la bénisse ! Eh bien, pour chacun de ces faits notés, nous comprenons le constat indiqué par Jean dans son épître : cette personne marche dans les ténèbres, elle ne sait où elle va, parce que les ténèbres ont aveuglé ses yeux.
Enfin, lisons un dernier texte qui se trouve dans l’Évangile selon Jean, au chapitre quatre, le verset 35. Jésus nous encourage ici avoir un oeil qui voit clair concernant le salut des âmes. Les disciples disaient : « quatre mois » ; Jésus dit : « déjà ». Bien sûr, la moisson en question n’est pas la même : effectivement, le constat des disciples était juste ; toutefois ce constat ne devait pas les empêcher de voir et peut-être de participer à l’action de Dieu maintenant : la femme Samaritaine d’abord, puis plusieurs samaritains ont en effet constitué la moisson de ce moment-là. Cette moisson était étonnante ! Tant de choses militaient pour qu’il ne se passe rien : cette femme rencontrée par Jésus était une Samaritaine, et nous savons les relations conflictuelles entretenues entre les samaritains et les juifs ; elle avait sa religion qu’elle a de suite mise en avant, et nous savons que souvent cette réaction empêche l’être humain qui s’y livre de découvrir la puissance de l’Évangile ; elle vient puiser l’eau à une heure bizarre, comme si elle avait un problème ; effectivement elle a un réel problème, puisqu’elle a eu 5 maris et que l’homme avec lequel elle vit maintenant n’est pas son mari. Et pourtant ! Une moisson commence par cette femme. Ne faut-il pas lever les yeux et regarder ? Nous faisons tous le même constat sur l’état et l’évolution du monde, et le rapport de cet état avec l’accueil de l’Évangile. Mais ne pouvons-nous pas nous aussi lever les yeux et regarder ? Malgré l’évolution que l’on peut déplorer, des âmes vont encore être sauvées, des vies vont être rachetées par ce merveilleux sauveur qu’est Jésus. Levons les yeux, et voyons le !
Que chacun maintenant prenne le collyre dont il a besoin afin de voir.