Pascal COLLET
Nous lisons dans l’Évangile selon Matthieu, au chapitre six, les versets 19 à 24, et ce sont les versets 22 et 23 qui retiennent plus particulièrement notre attention.
Jésus fait ici une comparaison : le corps qui en lui-même est considéré comme une masse obscure, est éclairé par l’oeil, organe de la vue. À ce titre, l’oeil est la lampe du corps. Mais si cet oeil est en mauvais état, lui le « point d’entrée » de la lumière, le corps sera dans les ténèbres. Comme l’oeil physique reçoit la lumière du jour et du soleil, le coeur est destiné à recevoir la lumière d’en haut, celle de Dieu par la vérité. Dans le contexte, l’oeil en bon état est celui qui donne un avantage au ciel et à ses biens.
« En bon état » : littéralement, simple, non partagé (le contraire de double pour faire allusion aux 2 maîtres du verset 24).
« En mauvais état » : littéralement, méchant, mauvais.
Bien sûr les deux significations nous ramènent à l’état du coeur. Arrêtons-nous quelques instants sur la deuxième : un oeil méchant. Nous nous souvenons peut-être du texte de l’épître aux Hébreux, au chapitre trois et au verset 12, qui bien que s’adressant à des frères évoque la possibilité de se détourner du Dieu vivant. Comment ? Par « un méchant coeur d’incrédulité « . L’incrédulité est donc plus qu’une infirmité, soit dit en passant. Y aurait-il une forme de méchanceté à l’égard de Dieu ? Et cette méchanceté aurait à voir avec l’incrédulité. Souvenons-nous effectivement de la répétition des murmures des enfants d’Israël : n’avons-nous pas là une démonstration de ce que produit un méchant coeur d’incrédulité ? De textes insistent sur la nécessité de purifier le coeur pour qu’il puisse recevoir la révélation de la lumière divine : le premier se trouve dans l’épître de Jacques, au chapitre premier et au verset 21. Rejeter pour recevoir, rejeter la méchanceté et recevoir avec douceur. Le second se trouve dans la première épître de Pierre, au chapitre deux et aux versets premier et deux. Rejeter pour désirer. Nous pourrions dire en faisant référence au texte de départ, que nous devons soigner l’oeil méchant pour qu’il devienne un oeil simple. Car quelle différence entre les deux ! Jésus annonce quelque chose de redoutable sous la forme d’une grande obscurité qui serait la conséquence de l’oeil méchant. Je n’ai jamais connu quelqu’un qui envierait un aveugle !
Allons maintenant dans l’Évangile de Jean au chapitre neuf, et tout d’abord aux versets 39 à 41. « Jugement », ce mot étonne ! Il est vrai que la première venue de Jésus ne fut pas une venue en jugement mais pour le salut. Il n’empêche que Jésus vient pour un jugement ; il s’agit ici de la crise intérieure qui se produit à l’écoute de la vérité. Cet épisode en est une illustration majeure. Lisons maintenant les versets 35 à 38. Dans ces paroles, Jésus se sert donc des deux sens de la vue : physique et spirituelle. L’aveugle a récupéré les deux. Après avoir retrouvé par un miracle divin la vue de ses yeux, il a trouvé la lumière spirituelle : « je crois Seigneur et il adora ». Mais à l’opposé de cet aveugle qui recouvre la vue, nous avons des croyants de l’époque qui sont certains de voir (v 41 : nous voyons), et ne se rendent pas compte qu’ils sont aveuglés. Ils mettent en avant leur situation, leur CV religieux, leurs références religieuses… et pourtant, alors que jésus est là, aussi proche d’eux que de l’ex aveugle, ils ne lLadore pas eux ! Est-ce voir clair ?
Il y a là, sous couvert de foi, un aveuglement volontaire qui est de même nature pour nous, quand nos pensées, conceptionsopinions l’emportent sur la lumière divine, ou pour reprendre les mots du prophète Ézéchiel, quand nous suivons notre propre esprit et que nous ne voyons rien. Or, Jésus est présenté par Jean comme la véritable lumière, qui en venons dans le monde, éclaire tout homme. Quel éclairage un oeil simple doit-il recevoir de cette véritable lumière ?
Il est éclairé tout d’abord sur le péché, tout péché, car déjà là, nous pouvons être très sélectifs : nous ne jugeons pas de la même façon le péché du prochain et le nôtre ; nous n’estimons pas justement certain péchés, et je pense notamment aux péchés de la langue, auxquels il est si facile hélas de s’habituer.Et que dire de « l’air du temps », rendant le péché si facile? Cet éclairage produit la conviction de péché que jésus a annoncé en rapport avec le ministère du Saint Esprit. La première conviction de péché, celle qui est fondatrice de notre démarche pour le salut, mais qui se poursuit toute la vie chrétienne durant, pour former en nous une conscience éveillée et réactive au mal.
Il est aussi éclairé sur le salut et particulièrement sur la personne du Sauveur. Il apprend de la Bible que le nom du Seigneur Jésus-Christ lave, sanctifie, justifie l’ être humain. Il reconnaît avec reconnaissance que Jésus-Christ a été fait pour nous sagesse, justice, sanctification et rédemption. Cet éclairage lui donne une absolue certitude que tout est en Christ : pardon, justice, rédemption, perfectionnement, croissance, force, éducation…
Cet éclairage divin reçu par l’oeil simple est en rapport avec le sommeil spirituel et la mort spirituelle :Eph 5/14.
Veillons à avoir cet oeil simple.