Pascal COLLET
Nous lisons dans le livre des Actes des apôtres, au chapitre sept, les versets deux à cinq. Nous avons ici un homme, Abram, qui reçoit l’appel de Dieu. L’archéologie nous dit que la Mésopotamie de l’époque connaissait un âge d’or. Ur en Chaldée connaissait une civilisation brillante, au sommet de la prospérité quand Abram l’a quitté. Mais cette société était aussi très idolâtre : entre autres,Ur en Chaldée était un centre du culte rendu à la lune.
Lisons maintenant un texte qui se situe dans le livre de Josué, au chapitre 24 et au verset deux. Ils servaient d’autres dieux ! L’appel de Dieu à quitter l’idolâtrie et sa vanité traverse les temps et les cultures. Chaque culture a ses idoles, mais l’appel de Dieu demeure inchangé. Nous en avons une preuve dans la première épître au Thessaloniciens, au chapitre premier, les versets neufs et 10. Ils ont répondu à l’appel de Dieu, et ils ont abandonné leurs idoles. Lorsque Paul écrit aux Galates, il mentionne qu’autrefois, ne connaissant pas Dieu, ils servaient des dieux qui ne le sont pas de leur nature (4/8). C’est donc là la foi mentionnée en Hébreux 11, la foi évangélique qui nous amène à nous « détourner » pour nous tourner vers le Dieu vivant et vrai. Nous avons là une facette de l’idolâtrie ; mais cette dernière n’a pas qu’un visage. La preuve en est donnée avec la suite de l’histoire d’Abraham. Relisons ou lisons les textes suivants :Actes 7/5; Josué 24/3; Genèse 12/7. Une promesse de Dieu était liée à son appel « à quitter », et cette promesse englobait une postérité pour Abraham. Or, en Genèse 16/1, nous trouvons ce constat : « Sarai, femme d’Abram, ne lui avait pas donné d’enfants ». Il est assez facile alors d’imaginer l’impact de la promesse de Dieu quand à sa postérité sur Abraham. Mais voilà, les jours ont passé, les mois ont passé, les années ont passé, et cette postérité selon Dieu n’était toujours pas ! C’est plus de 25 ans après la promesse que Dieu agira pour qu’Abraham et Sarah aient enfin le fils selon Dieu. Pouvons-nous mesurer ce que cette attente signifiait pour Abraham ? Et donc ce que ce don de Dieu signifiait pour lui ? Or, notre coeur a tendance à prendre de bonnes choses et à les transformer en idoles.
Quelle valeur avait Isaac pour Abraham ? Quelle importance avait-il dans son coeur ? A qui appartenait encore le coeur d’Abraham ? Dieu n’était-Il devenu qu’un moyen pour obtenir la promesse ? Souvenons-nous que l’idole, c’est ce qui est plus important que Dieu dans nos coeurs. Il ne s’agit pas bien sûr de ne pas aimer nos enfants, mais de ne pas faire d’un être humain une idole. Dimanche dernier, j’ai relaté l’histoire de cette jeune femme vouant un culte à l’opinion de ses parents ; ce matin, nous avons une autre illustration : une femme célibataire désespérait d’avoir des enfants ; après un certain nombre d’années elle s’est mariée, et, contrairement aux pronostics des médecins, elle a enfanté deux beaux enfants. Mais, obsédée par le désir de leur garantir une vie parfaite, elle les a surprotégés, et ce faisant, a construit l’échec de ses enfants qui ont grandi dans de réels déséquilibres rendant la vie de famille amère. Ainsi donc, la réalisation de son rêve le plus cher fût la pire chose qui lui soit finalement arrivée.
En ce qui concerne Abraham, ajoutons encore qu’à l’époque tous les espoirs d’un homme reposaient sur le fils premier-né. Maintenant, faisons la lecture dans le livre de la Genèse, au chapitre 22, le verset deux. Je passe sur le récit de l’histoire pour que nous allions ensemble maintenant au verset 12. Voilà le sens de cette curieuse demande et de ce curieux voyage d’Abraham et d’Isaac. La crainte mentionnée dans ce verset doit être considérée comme une entière dévotion. C’est un peu comme si l’ange de l’Eternel disait à Abraham : « je sais car je le vois, que tu aimes Dieu plus que tout au monde ». Isaac avait été un merveilleux don, mais il aurait pu devenir un danger s’il avait pris la première place. Et là, il faut souligner la nécessité du choix : c’est lui qui permet de déterminer ce qu’il y a de plus important dans un coeur, et, quand il est favorable à Dieu, qui permet d’établir et de fortifier un caractère et donc une destinée. Ce n’est pas vrai seulement dans le domaine de nos affections , de nos relations sentimentales, mais c’est vrai dans tous les aspects de notre existence. Au « bas de l’échelle » le choix sera pour nous de savoir si nous privilégions un temps pour la Bible et la prière chaque jour plutôt que de passer du temps sur Internet ou pour tout autre occupation, si nous préférons une réunion spirituelle un programme télévisé… Et puis, les premiers choix effectués, Dieu nous conduira plus loin et ce faisant, Il nous permettra peut-être de comprendre les différentes facettes de l’idolâtrie.
Je conclus en lisant le texte qui se trouve dans le deuxième livre des Chroniques, au chapitre trois, et au verset premier. Morija désignait les montagnes et les collines qui entourent Jérusalem. Des siècles après l’épisode d’Abraham et d’Isaac, c’est encore sur l’une de ces collines que jésus est mort. Lisons dans l’épître aux Romains, au chapitre huit, le verset 32. Dieu, qui n’avait pas permis qu’Isaac soit immolé, n’a pas épargné son fils bien-aimé sur l’une des collines de Morija ! Si nous faisons un parallèle avec le texte mentionné précédemment de Genèse 22/12, nous pourrions dire à Dieu la chose suivante : « nous savons combien tu nous aimes car tu ne nous as pas refusé ton fils, ton unique, celui que tu aimes ». Ne mérite-t-il pas la première place dans nos coeurs ? Où irions-nous chercher valablement en dehors de Lui et de son amour puissant le sens de notre vie et la joie pour notre coeur ?