ne pas s’exposer à la tentation.

Pascal COLLET
12 juin 2011

ne pas s’exposer à la tentation.

Nous lisons dans l’Évangile de Matthieu, au chapitre six et le début du verset 13. Cette demande : « ne nous induis pas en tentation » signifierait-elle que Dieu nous conduirait volontairement dans la tentation ? Le témoignage de Jacques est formel : « Que personne, lorsqu’il est tenté, ne dise : c’est Dieu qui me tente. Car Dieu ne peut être tenté par le mal, et Il me tente lui-même personne. » (Jac 1/13).

Dieu nous laisserait-il tomber dans la tentation ? Mais nous avons là  le témoignage de Paul aux Corinthiens : « aucune tentation ne vous est survenue qui n’ait été humaine, et Dieu, qui est fidèle, ne permettra pas que vous soyez tentés au-delà de vos forces ; mais avec la tentation Il préparera aussi le moyen d’en sortir, afin que vous puissiez la supporter. » (1 Cor 10/13).D’autres traductions donnent : « ne permet pas que nous nous exposions à la tentation, où : que nous succombions ». Cette pensée nous paraît être celle du texte, confirmée par la deuxième partie de la phrase («… mais délivre-nous du malin ») qui exprime, selon le procédé hébreu, la même vérité de manière différente. Ainsi donc, cette prière traduit le souci du disciple de Jésus par rapport au mal, et donc d’abord à la tentation. Car, si la tentation n’est pas le péché, (Jésus a été tenté sans jamais pécher), elle peut cependant y mener, et à ce titre il est normal que nous prenions soin de ne pas nous y exposer, dans la mesure bien sûr où cela dépend de nous.Je ne parle pas ici des épreuves (qui sont  les épreuves de la foi), et qui toutes renferment une tentation. Voilà la maladie ; la guérison divine peut tarder : la tentation pourrait être une suggestion pour nous tourner vers des formes de médecine qui ont un arrière-plan occulte. Voilà un problème ; la solution tarde à venir. Comment le résoudre ? Il nous sera suggéré de le résoudre par le mensonge, ou par tout moyen illicite et contraire à la nature et à la volonté de Dieu. Un frère d’origine africaine en situation irrégulière en France me faisait part il y a quelques jours qu’on lui avait conseillé pour obtenir plus rapidement et plus facilement sa régularisation d’avoir recours à des moyens illicites mais communs, et qu’il s’y était refusé par crainte de Dieu, à cause de sa foi. La tentation naissant de l’épreuve peut conduire certains à abandonner la foi, (Mat 13/21), ou bien encore à se réfugier dans une position, qui n’est pas celle de l’abandon formel mais de l’arrangement, motivé par la déception de Dieu, la frustration et l’incompréhension de Dieu ce qui aboutit à donner une part minime au Seigneur.

Revenons à notre propos premier : pour ne pas s’exposer à la tentation, nous devons être attentifs, humbles et sages. Je pense à cette réflexion trop souvent entendue : « y’a pas de mal à ça » ! En sommes-nous aussi sûrs ? L’avons-nous vérifié ? Cette exclamation n’est-elle pas conditionnée par le fait que le mal autour de nous est devenu commun ? Il ne s’agit pas de devenir paranoïaque, mais de savoir que la tentation a des facettes bien différentes, dont quelques-unes nous montrent qu’il est bon de réfléchir à ce que nous voulons faire. Parcourons rapidement quatre exemples dans les textes bibliques.

Le premier nous emmène dans le deuxième livre de Samuel, au chapitre 11, les deux premiers versets. « Y’a pas de mal à ça » ! On pourrait le dire, du fait que David ne soit pas parti à la guerre avec ses troupes comme il l’avait fait jusque-là. Il n’a pas péché ! Et pourtant, la mention de la fin du verset premier, puis l’enchaînement des faits, l’un en amenant un autre qui en amène encore un autre, nous montre que par ce choix, David fut à la mauvaise place au mauvais moment. Alors qu’il n’y avait pas dans son coeur d’intention mauvaise et arrêtée au départ, il fut conduit, « chemin faisant » au péché d’adultère. N’étant pas parti à la guerre, il est resté à Jérusalem ; étant resté à Jérusalem il ne se promena un soir sur le toit de la maison royale ; se promenant, il aperçut une femme qui se baignait ; la regardant, il fit demander qui elle était puis il envoya des gens pour la chercher. Il s’est exposé à la tentation. Même si cela n’est pas mon sujet ce matin, je remarque en passant que l’une des tentations de tous les temps est constituée par ce que nous regardons, et dans notre époque de profusion de multiples écrans, du plus petit au plus grand, cela devrait nous inciter à redoubler de vigilance.

Le deuxième exemple nous entraîne dans la première épître aux Corinthiens, au chapitre sept et au verset cinq. Il est question ici de la vie intime du couple marié. La Bible nous entraîne dans une vie spirituelle profonde sans  jamais négliger la réalité pratique. C’est ainsi que le Saint Esprit par ce texte et les versets qui précèdent, nous enjoint de ne pas nous priver l’un de l’autre sauf pour un temps et d’un commun accord, de peur que Satan ne nous tente. Ne nous exposons pas à la tentation par spiritualité, par égoïsme, ou par négligence.

Allons maintenant dans la première épître à Timothée, au chapitre six et au verset neuf. Ici, la Bible est comme un panneau indicateur posté avant le danger et le signalant pour que le conducteur adapte sa conduite. Nous savons donc de façon certaine que l’amour de l’argent nous exposera à la tentation. Il nous fera tomber et plonger selon les mots du verset !

Enfin allons dans le deuxième livre des Chroniques au chapitre 18 les deux premiers versets. Le roi pieux Josaphat s’est d’abord allié par mariage avec le roi impie Achab. Des années plus tard, notez bien : des années plus tard (il y a des engrenages très très lents mais qui sont pourtant en route), il répond à l’invitation d’Achab et partage avec lui un grand festin et les honneurs qui lui sont rendus. Dans ce contexte là, Achab lui demande de l’accompagner pour reprendre la ville de Ramoth en Galaad. Dans d’autres circonstances, il aurait été aisé pour Josaphat de refuser. Mais dans ces circonstances là, cela a été au-dessus de ses forces bien qu’il ait saisi que ce n’était certainement pas sa place. Il sera à deux doigts d’y laisser la vie, et recevra du prophète Jéhu un reproche cinglant. « Si des pécheurs veulent te séduire, ne te laisse pas gagner ». (Prov 1/10).Les rencontrer est une chose, les fréquenter une autre, et en les fréquentant nous pourrions nous exposer à la tentation.

Notre attitude à l’égard du mal traduit bien ce que nous sommes et ce que nous voulons. Elle annonce en grande partie notre avenir : le flirt avec la tentation mènera quasi immanquablement au péché, sauf repentance envers Dieu ; la prudence, une attention vis-à-vis de la tentation mènera à la sainteté avec la grâce de Dieu.