Pascal COLLET
Nous allons ce matin dans le livre du Lévitique, au chapitre 16. Ce chapitre décrit le grand jour des expiations, jour ordonné par Dieu pour couvrir les péchés du peuple. Nous ne verrons pas ce chapitre dans le détail, mais nous nous arrêterons sur quelques traits qui nous présentent Jésus en tant que notre souverain sacrificateur. On ne peut pas comprendre l’épître aux Hébreux, si l’on n’a pas en arrière-plan ce genre d’écrits. Cette épître nous dit entre autre : « il nous convenait d’avoir un souverain sacrificateur comme Jésus… le point capital de ce qui vient d’être dit, c’est que nous avons un tel souverain sacrificateur… Christ est venu comme souverain sacrificateur des biens à venir… »
Lisons tout d’abord au verset quatre. Nous avons là un une préfiguration de Jésus dans son humiliation. En ce grand jour des expiations, il n’était pas de mise pour le grand prêtre juif de se revêtir de la tunique brodée, de l’éphod et de la ceinture, du pectoral et de la tiare, choses artistement travaillées avec de l’or, des étoffes teintes en bleu, pourpre et cramoisi.Il était devant le peuple et devant Dieu dans l’aspect d’un serviteur, avec ses habits de lin. Comment dire l’abaissement du Fils éternel de Dieu ? «… Il s’est dépouillé Lui-même… », quelle affirmation mystérieuse ! C’est bien en voilant Sa gloire qu’Il est venu sur cette terre. C’est bien à cause de sa faiblesse qu’Il a été crucifié. Quel contraste avec Son retour en tant que Roi des rois et Seigneur des seigneurs ! C’est par le seul souffle de Sa bouche que Jésus détruira l’impie, et par le seul éclat de Son avènement qu’il l’écrasera. Ce sera vraiment une manifestation avec puissance et une grande gloire. Mais quand il s’agit d’expier les péchés du peuple, c’est Son humiliation qui ressort.
Parlons maintenant de Son oeuvre suffisante. Lisons aux versets 5,8,9 et 10. Il y a là quelque chose d’insolite : deux boucs étaient nécessaires pour cette occasion. Nous pouvons y voir le double aspect de l’oeuvre de Christ comme souverain sacrificateur (et aussi et en même temps comme victime). L’un des boucs est donné à Dieu, l’autre est le bouc émissaire pour les péchés du peuple ; ainsi, Christ, par Son sacrifice répond aux exigences de Dieu, et aux besoins du pécheur.
Le choix du premier bouc reposait donc sur : « Un sort pour l’Eternel ». Dieu a une part spéciale dans la mort de Christ. Sa vérité a été dédaignée, Son autorité méprisée, Sa majesté méconnue, Sa loi transgressée, Son caractère défiguré. Et voilà la croix, comme un rendez-vous de Dieu ! C’est la mort de Christ comme expiation pour le péché qui a satisfait à toutes les exigences de la nature sainte de Dieu. Elle a fourni un remède divin au péché ; elle a réhabilité la majesté, la vérité, le caractère de Dieu. Elle est donc le fondement de Son action en grâce. N’avez-vous jamais trouvé curieuse la parole de Jésus après que Judas fut sorti pour le trahir : «… maintenant, le fils de l’homme a été glorifié, et Dieu a été glorifié en lui. » Dieu est glorifié dans la croix.
Revenons-en au deuxième bouc, appelé le bouc pour Azazel, et lisons les versets 21 et 22. Nous nous imaginons facilement la scène : le grand prêtre posait ses mains sur le bouc, puis confessait tous les péchés et toutes les iniquités des enfants d’Israël. Dans ce geste symbolique il y avait comme une translation du péché des Israélites sur la personne du bouc. Ensuite celui-ci était chassé dans le désert, d’autres traductions disent dans une terre inhabitée. Quelle partie des péchés ce bouc emportait-il ? Tous ! Où les emmenait-il? Dans une terre désolée et inhabitée, là où personne ne pourrait jamais les trouver. Ceci évoque clairement le pardon que Dieu accorde aux pécheurs. Bibliquement, le pardon est la séparation d’avec nos péchés. David le reconnaissait lorsqu’il louait Dieu en disant : « autant l’orient est éloigné de l’Occident, autant Dieu éloigne de nous nos transgressions. » Cette action symbolique établit le fait de la substitution, maintes fois affirmé dans le Nouveau Testament, notamment par l’apôtre Pierre qui a écrit que Jésus a porté lui-même nos péchés en Son corps sur le bois.
Et par rapport à Dieu, et par rapport à l’être humain, cette oeuvre était donc suffisante.
Lisons maintenant les versets 12 à 14. Nous avons eu ici l’acceptation du grand prêtre et de son oeuvre devant Dieu. Le grand prêtre franchissait une fois l’an le voile, et entrait dans le lieu très saint avec le sang du sacrifice et le parfum odoriférant. Christ, il est vrai, n’est pas entré dans un sanctuaire fait de main d’homme, mais il est entré dans le ciel même, afin de comparaître maintenant pour nous devant la face de Dieu (Héb 9/24). C’est Son oeuvre unique, et elle est en notre faveur.
Concluons en lisant les versets 29 et 31. Deux choses caractérisaient l’attitude des Israélites en ce grand jour des expiation : l’humiliation et le repos. Humiliation à cause du péché, de son coût, de son jugement, de sa réalité. Le repos aussi : seul le grand prêtre agissait ce jour-là : c’est lui qui faisait l’expiation. Le peuple n’avait rien à faire ce jour là. Humiliation et repos sont aussi liés dans nos vies, à la croix de Jésus et à Son office de grand prêtre pour nous. Le chrétien qui ne connaît pas l’humiliation due à son péché, à ses fautes, à ses carences ne connaîtra pas non un plein repos. Quelquefois, nous tergiversons avec le péché ; nous le justifions, le dissimulons, l’enfouissons. Ou alors, nous en faisons une question de personnes, de compétition, de concurrence, de querelles d’ego et pendant tout ce temps, au lieu d’humilier nos âmes dans la vérité pour trouver la paix du coeur par le bénéfice de l’oeuvre accomplie par Jésus, notre conscience se charge et nous perdons la fraîcheur de la communion avec Dieu. Il faut une franche humiliation pour un plein repos, retenons aussi cela en rapport avec le grand jour des expiations