Pascal COLLET
?ous lisons ce matin dans le deuxième livre des Rois, au chapitre deux, les 15 premiers versets.
Les chapitres suivants seront pour l’essentiel consacrés à Élisée l’homme de Dieu, sa rude piété, sa proximité avec Dieu, et les miracles accomplis par son intermédiaire. Rappelons-nous que tout a commencés des années auparavant dans un champ ! Le prophète Élie jette son manteau sur Élysée qu’il labourait. Dès lors, celui-ci fut au service d’Elie. On le décrivait comme celui qui versait de l’eau sur les mains d’Elie. Les chercheurs estiment que ce temps a duré de 7 à 10 années, années d’effacement mais aussi d’école de Dieu. Voilà arrivé maintenant le moment du départ d’Elie.
Qui ne souhaiterait entendre cette offre qu’Elie fît à Élisée au verset neuf de notre lecture : « demande ce que tu veux que je fasse pour toi… »? la réponse d’Élisée nous montre qu’il savait précisément quel était son besoin. Il l’avait sans nul doute appris au contact d’Elie et du Dieu d’Elie, comme nous pouvons aussi apprendre au contact d’hommes de Dieu, et envier sainement tel ou tel aspect de leur personnalité spirituelle, au point d’être convaincus de demander à Dieu qu’il fasse en nous ce qu’Il a fait en eux. Savons-nous quels sont nos besoins ? Nos vrais besoins ? Non pas ceux qui sont créés et alimentés par les convoitises du monde et ce courant d’insatisfaction terrible qui nous pousse toujours à désirer, même des choses dont nous pourrions très bien nous passer. Au-delà de çà, nous avons de réels besoins. Paul écrit au Philippiens : « et mon Dieu pourvoira à vos besoins selon Sa richesse, avec gloire, en Jésus-Christ. » Tout vos besoins ! Ils existent, sont divers, et nous pouvons être assurés qu’il y a à leur égard une réponse de Dieu dans Sa bonté et Sa fidélité. Mais plus grand que ces besoins, ne faut-il pas penser à de tout ce qui touche à notre vie spirituelle et donc à la gloire de Dieu ?
Jésus nous a dit que sans Lui nous ne pouvons rien faire. Oh certes, nous pourrions toujours faire nos petits « trucs », ajouter quelques efforts à nos efforts et nous dire que nous ne sommes pas si mauvais. Mais l’ambition de Dieu pour nous est autre, et pour la réaliser nous avons besoin de la plénitude de la vie du cep Jésus dans les sarments que nous sommes. Ne réalisez-vous pas notre grand besoin de la vie divine déployée dans nos coeurs par le Saint Esprit ? À ce titre, la « double portion » demandée par Élisée se réfère à la coutume de l’héritage d’alors ; la double part des biens du père était réservée au fils aîné. Mais ceci est derrière nous, car pour nous chrétiens, la mesure de Dieu est toute autre : Paul écrit aux Ephésiens qu’il prie pour eux afin qu’ils soient remplis jusqu’à toute la plénitude de Dieu. C’est autre chose que la double portion. Nous avons désespérément besoin que cette vie divine nous soit communiquée, qu’elle prenne de l’ampleur dans notre expérience chrétienne, et quelle forme Jésus dans nos coeurs, notre caractère, nos actions.
Non seulement Élisée savait quel était son besoin, mais il s’est trouvé prêt à être comblé. Elie part de Guilgual à 11 km au nord de Bethel. Puis de Bethel, il parcourt 22 km pour arriver à Jéricho. Et de Jéricho le voilà qui se dirige vers le jourdain. C’est un voyage sans promesse de sa part ; il n’y a pas de « carotte » pour Élisée. Qui plus est, à trois reprises Elie exhortera Élisée à rester où il était, donc à ne pas l’accompagner. Et pourtant au moment crucial, il lui dira : « si tu me vois pendant que je serais enlevé d’avec toi, celà t’arrivera… ». Certains crieraient à l’arbitraire, à une humeur incompréhensible, alors que nous avons là comme un test de Dieu dans lequel les dispositions profondes et les priorités d’Élisée vont éclater au grand jour dans une scène presque banale !
Nous avons la part que nous désirons. Nous avons le « niveau » de vie spirituelle qui correspond à notre attachement aux choses de Dieu. Ce niveau reflète nos choix, nos dispositions, nos priorités. Privilégions-nous le niveau de nos loisirs ? Alors il sera peut-être élevé mais le niveau de notre vie spirituelle sera bàs. Donnons nous la priorité à notre train de vie ? Alors le niveau de notre vie spirituelle le reflétera.
Laissez-moi vous lire pour finir un tract rédigé par un athée, et qui a joué un rôle dans la vocation de Charles Studd. » si je croyais fermement, comme des milliers de gens prétendent le faire, que la connaissance et la pratique de la religion pendant cette vie peuvent influencer notre destinée dans une autre existence, la religion signifierait tout pour moi. Je bannirais les amusements de la terre comme autant de balayures, les soucis de la terre comme autant de folie, les pensées et les sentiments de la terre comme autant de vanité. La religion serait ma pensée première au réveil et la dernière préoccupation de mon esprit avant que le sommeil me plonge dans l’inconscience. Je ne travaillerait plus qu’au service de cette unique cause. Je ne me préoccuperais plus de l’avenir que par rapport à l’éternité. J’estimerais qu’une âme gagnée pour le ciel vaut bien une vie de souffrance. La crainte des conséquences humaines ne pourrait retenir mes actes, ni sceller mes lèvres. Je ne laisserais à aucun moment ma pensée s’occuper de la terre, de ses joies et ses chagrins. Je m’efforcerais de ne regarder qu’à l’éternité et aux âmes immortelles qui m’entourent et qui sont destinées à devenir si vite éternellement heureuses ou éternellement malheureuses. Je m’adresserais au monde, je lui prêcherais en temps et hors de temps en prenant pour texte ce verset : que servirait-il à un homme de gagner le monde entier s’il perdait son âme ? »
Quand nous lirons les miracles d’Elysée, souvenons-nous qu’il a su répondre à l’appel de Dieu, qu’il savait où était son besoin et qu’il était prêt à être comblé.