De l’amertume à la grâce

Pascal COLLET
5 juillet 2009

De l’amertume à la grâce

nous lisons ce matin dans le livre de Ruth, tout le chapitre premier. Nous sommes donc au temps des Juges : en ce temps-là, Dieu n’était plus le roi. Il survint donc une famine. Hasard ? La lecture de Lévitique 26 versets 18 à 20 et 26 nous permet de penser que cette famine avait une origine spirituelle, et donc, un sens.

Elimélec, Naomi et leurs deux fils partent donc au pays de Moab. Ressituons Moab pour mieux comprendre que cette décision fut une fausse direction. La Bible ne dit-elle pas que telle voie paraît droite à un homme, mais son issue, c’est la voie de la mort? Le livre de la Genèse en son chapitre 19 nous précise qui fut Moab : il fut le fils de la fille aînée de Lot, fille qui comme sa cadette, totalement conditionnées par l’atmosphère de Sodome, trouvera normal de coucher avec son père. Ce fils deviendra un peuple : les Moabites, peuple ennemi du peuple de Dieu. Qu’il nous suffise ici de rappeler que Balak, roi de Moab acheta le devin Balaam pour maudire Israël ; puis, ce sont les filles de Moab qui « entrèrent dans la danse » et entraînèrent les garçons d’Israël dans l’impudicité. Alors, partir à Moab???

Pourquoi prendre des décisions qui nous éloignent encore davantage de Dieu, alors que la solution est d’accepter d’écouter Dieu ? Quelles que soient les circonstances, rien ne vaut la paix du coeur, le sentiment profond d’approbation du seigneur, le témoignage de sa présence vivante en nous.

Revenons à la lecture de Ruth, et arrêtons-nous au verset 20. Naomi, qui signifie beauté, douceur, demande qu’on l’appelle dorénavant mara qui signifie amère. Là aussi, les faits sont là : cette épouse a perdu son mari, et cette mère a perdu ses deux fils, quel drame ! Sa joie a laissé place à la tristesse, sa douceur à l’aigreur, sa tendresse à la rudesse, son contentement au ressentiment.

Au risque de choquer, il faut dire maintenant que l’amertume n’est pas dans les circonstances. Certes, des circonstances difficiles peuvent représenter un réel fardeau, un poids certain, et pourtant la Bible qui éclaire si bien le tréfonds du coeur humain et la puissance de la grâce, nous permet de ne pas nous arrêter aux arguments tout faits mais d’aller plus loin. Observons une scène parmi d’autres des Ecritures, lorsque les apôtres sont battus avec des bâtons et qu’on leur défend de parler au nom de Jésus. La Bible nous dit que les apôtres se retirèrent de devant le sanhédrin joyeux d’avoir était jugé digne de subir des outrages pour le nom de Jésus.Vous avez bien lu : joyeux ! Comment expliquer ceci ? Les apôtres vivaient en Christ,dans la communion de Ses souffrances et dans la puissance de Sa résurrection. Remplis du Saint Esprit, ils étaient amenés à surpasser et à surmonter les lourdes épreuves qu’ils rencontraient. Comprenons bien : notre force est là. Il me semble que c’est à cela que fait référence le texte de l’épître aux Hébreux en son chapitre 12 et au verset 15 quand il nous dit de veiller à ce que personne ne se prive de la grâce de Dieu. Quelle est cette grâce de Dieu ? On pourrait toujours dire qu’il peut s’agir de la grâce de la guérison, ou du secours divin, mais je crois qu’il s’agit premièrement de la grâce de la communion avec Dieu et de tout ce que cette communion nous apporte. La suite du verset nous dit que nous devons aussi veiller à ce qu’aucune racine d’amertume, poussant des rejetons, ne produise du trouble, et que plusieurs n’en soient infectés. Naomi, installé en Moab a perdu la communion avec Dieu et les délices éternelles qui vont avec celle-ci, l’insatisfaction spirituelle a pris le dessus, l’amertume a alors gagné son coeur.

Que se passe-t-il alors ? La plupart du temps se met en marche ce que j’appelle la tactique du bouc émissaire. C’est une vieille tactique puisqu’elle date du jardin d’Éden, quand l’homme répondit à Dieu : « la femme que tu as mise auprès de moi m’as donné de l’arbre et j’en ai mangé », et quand la femme, pas en reste, répondra quant à elle : « le serpent m’a séduite, et j’en ai mangé ». Dans l’amertume, nous trouvons le bouc émissaire. Le premier est souvent le Seigneur et pour cause : étant Esprit, Il ne peut argumenter avec nous et se défendre. C’est bien pratique pour nous! Nous chargeons ce bouc émissaire de la responsabilité de nos déboires. Nous ne voyons plus que lui. Nous nous enfermons dans ce raisonnement là et nous n’y voyons plus clair.

La solution n’est ni Moab, ni l’amertume mais elle consiste à rétablir la communion avec Dieu sur les bases de Dieu, en d’autres termes, à faire le chemin inverse de Naomi et a passer de l’amertume à la grâce.

Qu’allez-vous faire ce matin ? Dieu attend d’abord que vous renonciez au bouc émissaire. Décidez-le maintenant. Puis, reconnaissez votre part : telle décision, telle réaction, telle orientation qui au lieu de simplifier le problème, là accentué. Et alors, revenez à Dieu simplement, sans détour, sans frayeur, et il agira.